Le Hollandais Volant

Est-ce que le nucléaire tue ou sauve des vies ?

Un personnage en légo avec le logo radioactif.
En vue de la politique française qui est plutôt dans le sens de fermer des centrales nucléaires et les remplacer par des énergies fossiles, tout ça pour plaire au public qui semble avoir « peur » du nucléaire, j’ai écrit un article (sur mon blog scientifique) pour expliquer le fonctionnement d’une centrale nucléaire. Juste le fonctionnement.

Je pense que beaucoup de gens ont peur du nucléaire, car on l’associe à Fukushima, Tchernobyl, aux bombes… au lieu de l’associer à une énergie décarbonée, puissante, peu chère et parmi les plus sécurisées du monde.

Mon article sur le fonctionnement est là : Comment fonctionne une centrale nucléaire ?

Hier par contre, je découvre que l’excellente chaîne YouTube « KurtzGesagt » a sortie une vidéo avec comme thème « How Many People Did Nuclear Energy Kill? Nuclear Death Toll », autrement dit « combien de personnes sont mortes à cause de l’énergie nucléaire ? ».

Vous regardez la vidéo si ça vous dit (comme d’hab sur cette chaîne, y a les sources et il n’y a pas de point de vu initial d’imposé). Je résume ici.

Une chose à garder en tête : dans la vidéo et concernant le comparatif final, ils ont plus les chiffres les plus pessimistes possibles concernant le nucléaire. Ces chiffres sont généralement avancés par les soi-disant « écologistes » et sont très nettement exagérés, d’un facteur x15 par rapport aux chiffres officiels, dans le cas de Tchernobyl par exemple.

Ainsi, pour Tchernobyl seul, les chiffres officiels parlent de 4 000 morts directs ou indirects (31 personnes sont morts directement à Tchernobyl, essentiellement des pompiers). Les chiffres les plus pessimistes, de la part du groupe Les Verts (en Europe) parlent de 60 000 « morts prématurées d’ici 2075 » à cause de l’accident.

Pour Fukushima, au moment de l’accident, personne n’est mort directement à cause de l’exposition aux radiations (comme le furent les pompiers à Tchernobyl). Les morts dus à l’accident le sont à cause du chaos relatif à l’évacuation. Là également, le chiffre le plus pessimiste est plus grand : ils parlent de 1 000 morts prématurés potentielles. Une personne est morte à ce jour d’une cause directement imputable aux radiations.

Parallèlement, la vidéo mentionne un autre accident dû à la production d’énergie : la rupture du barrage hydroélectrique de Banqiao en Chine en 1975, dont la cause est — comme pour Fukushima — une cause naturelle (un typhon ; alors que c’était un séisme suivi d’un raz-de-marée pour Fukushima).
Ici, on parle d’un nombre de morts directes entre 85 000 et 240 000, à cause du barrage cédé et de la vague d’eau qui en suivit. Même les chiffres les plus optimistes écrasent donc les chiffres les plus pessimistes pour Tchernobyl… tout ça avec un barrage, donc une énergie propre et sans risque… non ?

Quant aux énergies fossiles, vous regardez la vidéo pour les détails, mais l’OMS — les mêmes qui donnent « seulement » 4 000 morts pour Tchernobyl — parle de 4 000 000 de morts liés aux énergies fossiles… chaque année.
Et on estime à 100 000 000 (cent millions) de morts prématurées au cours des 50 dernières années.

Suffit de faire le calcul maintenant : même si tous les réacteurs nucléaires du monde explosaient avec les conséquences de Tchernobyl — et chaque centrale comporte plusieurs réacteurs —, le nombre de morts dues à la pollution conséquente des énergies fossiles serait toujours 4 fois plus importante.

Donc juste « lol ».

On comprend donc très bien pourquoi certains vont jusqu’à dire que le nucléaire a sauvé beaucoup de vie qui seraient autrement mortes à cause des énergies fossiles. Pour exemple, la politique antinucléaire et pro-charbon de l’Allemagne aurait ainsi provoqué 1100 morts supplémentaires… annuelles depuis 2011.

Et ne venez pas me dire « c’est normal, car le charbon produit une plus grande part d’énergie dans le monde que le nucléaire ». Ceci est vrai, mais l’argument ne tient pas. En terme de morts par TWh d’énergie produite, le nucléaire s’en sort d’autant mieux. Là aussi, ils en parlent très bien dans la vidéo.

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Le nucléaire n’est pas parfait, mais comme la Démocratie est le pire de tous les régimes à l’exception de toutes les autres, JE pense, que le nucléaire est le pire de toutes les sources d’énergie à l’exception de toutes les autres pour adresser les problèmes actuels ; tous facteurs confondus : production électrique continue et non-intermitente, quantité de combustible, déchets stockable… Je le redis : rien n’est parfait, mais pour le moment je pense que c’est la meilleure option que l’on a pour sortir du fossile (sur toute la chaine).

Quand (Covid à part, dont j’espère qu’on se sera débarrassé dans quelques années), le plus gros problème auquel l’Humanité fait face actuellement, ce n’est pas un tas de déchets nucléaires, mais un problème de une montagne de 50 000 000 000 de tonnes de CO2 pompées dans l’atmosphère chaque année (sans compter les autres polluants liés aux énergies fossiles) que nous devons régler, et rapidement.

~

Pour info, la vidéo n’en parle pas, mais le charbon (qui compense toutes les centrales nucléaires fermées depuis 10 ans en Europe) libère également des radiations dans l’air. Sous la forme de radon, principalement (comme si le CO2 et les particules fines cancérigènes ne suffisaient pas). Et les émissions de rayonnement dues au charbon sont environ 10 fois plus importante que celles de l’industrie du nucléaire. Excusez du peu, là aussi. Mais le charbon c’est ancestral et moins dangereux, hein ?

image d’en-tête de awee_19

Macron, nucléaire, renouvelable et stockage de l’électricité

Photo d’une centrale électrique nucléaire.
Voir :

Merde, je vais être obligé de plussoyer Macron. C’est grave docteur ?

Actuellement, d’énormes investissements sont faits dans le renouvelable, mais ça ne suffit juste pas à compenser à la fois la hausse de la consommation, et les centrales nucléaires qui sont fermées.

En fait, il le dit très bien : le mix doit se diversifier, et les parts d’énergies renouvelables doit augmenter, mais le nucléaire ne doit pas s’éteindre pour autant.

Pour voir pourquoi ça serait absurde, il faut revenir au début : pourquoi fait-on du renouvelable, au juste ?

Réponse : pour endiguer les émissions de CO2.

Maintenant, est-ce que le nucléaire émet du CO2 ? Non.
La France est l’une des championnes du monde de l’électricité décarbonée grâce à la forte proportion d’énergie nucléaire dans son mix électrique.

Si on ferme les centrales nucléaires pour les remplacer par du charbon et du gaz, car l’éolien et le solaire sont intermittents, ben autant ne pas faire de renouvelable.
En termes de CO2, il vaut mieux avoir 100 % de nucléaire que 80 % de renouvelable et 20 % de fossile pour compenser les intermittences.

Il en parle aussi : le stockage d’électricité. C’est un autre problème.

Ça ne sert à rien de recouvrir la France entière de panneaux solaires et 20 fois notre consommation chaque jour si c’est pour se retrouver dans le noir durant la nuit, lorsque ces panneaux produisent que dalle.

Des moyens de stockage, ça existe.

Il y a des batteries, bien-sûr.

Pas forcément au lithium : le lithium, c’est actuellement la forme la plus dense d’électricité que l’on ait. Elle doit (selon moi) être réservée aux applications qui ont besoin de ça (voitures, ordis, téléphones, appareils nomades).

Quand une importante densité d’énergie n’est pas nécessaire, on peut utiliser d’autres technologies : remplir des fondations d’une maison ou d’un immeuble de batteries énormes me parait une solution totalement viable : on s’en fout d’avoir des batteries compactes et légères si la place n’est pas un problème et si elles ne vont pas bouger.

Mais y a pas que les batteries ! Y a d’autres solutions, et beaucoup d’autres :

  • le pompage hydraulique : le surplus d’énergie à un instant T sert à pomper de l’eau dans les barrages, pour une utilisation ultérieure. C’est déjà largement utilisé en France, durant les périodes creuses. Un barrage permet de stocker de l’énergie de façon très simple. Il suffit d’avoir de l’eau en hauteur. En utilisant le surplus d’électricité pour faire remonter de l’eau de la vallée dans les barrages, on stocke de l’énergie ;
  • le stockage par énergie potentielle gravitationnelle : même principe que pour les barrages (qui font partie de cette méthode), sauf qu’ici, le surplus d’énergie tire une énorme masse solide vers le haut, par exemple un wagon lesté au béton tiré vers le haut sur une colline. Quand on a besoin de l’énergie, on laisse le wagon redescendre en tirant sur un câble qui fait tourner un alternateur (voir là, avec la startup américaine ARES) ;
  • la production d’hydrogène : le surplus (généralement produit localement, de surcroît) sert à produire de l’hydrogène, qu’on peut utiliser dans une pile à combustible ultérieurement. On a juste besoin d’eau, et ça ne rejette que de l’eau également. Produite par une énergie propre, l’hydrogène est l’énergie idéale ;
  • le stockage sous forme de chaleur : en chauffant d’énormes quantités d’eau en journée, on peut chauffer toute une ville durant la nuit (je n’ai pas d’exemples où ça se fait, mais à l’échelle d’une maison, je vois tout à fait un chauffe-eau solaire pomper des MW dans un bidon d’eau enterré dans le sol, pour un usage l’hiver avec des pompes à chaleur : l’eau a une capacité thermique exceptionnelle, de très loin plus élevée que l’acier, la brique, l’or…) ;
  • le stockage mécanique : le surplus d’électricité fait tourner des volants à inertie de plusieurs dizaines de tonnes. Quand la production s’estompe, les roues en rotation rapide ont une énergie considérable qui peut être utilisée pour produire du courant (voir le Gyrobus : un bus qui utilisait ça pour avancer) ;
  • les fermes de super-condensateurs : plutôt que d’utiliser des batteries où l’énergie est stockée sous forme chimique, on utilise des condensateurs (charge rapide, forte tension, mais faible capacité), et des super-condensateurs (charge lente, faible tension mais très forte capacité) ;
  • le stockage sous forme de chaleur latente : la chaleur fait fondre du plomb, de l’étain, du gallium… Et la chaleur latente est récupérée en cas de besoin. C’est le principe derrière les chaufferettes de poche ;
  • le stockage d’énergie magnétique par supraconducteurs : le surplus d’énergie est stocké dans un courant traversant un supraconducteur. Le supraconducteur n’étant pas résistif, le courant circule indéfiniment avec une intensité aussi forte que l’on peut imaginer. Pour le récupérer, il suffit de placer une bobine à côté du supraconducteur et le courant sera peu à peu transférée dans la bobine. La bobine peut alors être branchée où l’on souhaite et alimenter ce qu’on veut. Là aussi [ça existe déjà[/?id=20200907165047] et ça s’appelle des SMES (superconducting magnetic energy storage) et c’est utilisé dans les centres de recherche pour ne pas dissiper l’immense énergie magnétique d’un électroaimant quand on l’éteint ;
  • le stockage par air comprimé : le surplus d’énergie alimente un compresseur qui stocke de l’air comprimé. En cas de besoin, l’air comprimé peut alimenter une turbine. Cette méthode a un rendement pourri si on utilise un ventilateur, mais si on utilise des turbines de Tesla (le scientifique, pas la marque), le rendement avoisine les 80 % en conditions réelles dans la mise en rotation de la turbine. C’est déjà utilisé dans certaines centrales thermiques, où l’air sous pression (la vapeur sous pression en fait) provient de la combustion du combustible. À plus petite échelle, Peugeot-Citroën testait ça avec leur système « Hybrid Air » dans certaines voitures, mais le système semble avoir été abandonné ;
  • probablement des tas d’autres méthodes, déjà existantes ou à imaginer

Les méthodes ne manquent clairement pas. Et le « mix énergétique » ne se limite pas au renouvelable, le nucléaire, le fossile.

Ce n’est que mon avis, mais je pense que l’ère des grandes centrales et d’un vaste réseau doit être repensé. Si chaque toit de maison avait son panneau solaire thermique ou photovoltaïque, chaque jardin avait son ballon d’eau chaude thermiquement isolé, si chaque espace perdu dans les immeubles, les murs, les montagnes pouvaient accepter des batteries chimiques, mécaniques, hydrogène… on pourrait stocker l’énergie où l’on veut et au plus prêt du consommateur, limitant les ~30 % de pertes d’énergie lié au transport, et captant le moindre MW d’énergie que le soleil, le vent ou la pluie nous apporte en permanence.

Aussi, je ne vois pas trop l’intérêt de transformer de la chaleur en électricité dans les centrales si c’est pour la retransformer en chaleur chez le consommateur. Il y a beaucoup de pertes à chaque transformation et chaque transport. Autant directement brûler le combustible chez le client. Et utilisez des pompes à chaleur : c’est beaucoup plus efficace et moins cher et moins polluant que le gaz ou l’électricité pour chauffer.

image d’en-tête de Nicolas HIPPERT

Non, respirer n’émet pas plus de CO2 dans l’atmosphère

Une pompe à pétrole.
Je tombe ce matin sur ce tweet :

En pédalant ils effectuent un plus grand effort physique qu’en marchant soit un dégagement de CO2 expiré plus important.
L’idéal, pour le bilan carbone, serait que tout le monde soit obligé de marcher pour aller travailler ou se déplacer pour les loisirs

Ceci est faux, et pour plusieurs raisons.

Respirer n’augmente pas le CO2 dans l’atmosphère

Déjà, respirer n’est pas responsable de l’effet de serre. Même si on était 500 milliards sur cette planète, tout ce monde qui respire ne provoquera pas la montée du taux de CO2 atmosphérique.

Quand on respire, on inspire de l’oxygène. Cet oxygène est utilisé par nos cellules. Nos cellules utilisent également ce qu’on mange, à savoir des sucres, qui sont en réalité une source de carbone pour notre corps. Les cellules « brûlent » ces sucres avec l’oxygène pour nous réchauffer et entretenir notre métabolisme.

Le carbone du sucre avec l’oxygène de l’air est ensuite rejeté lors de l’expiration sous la forme de CO2.

Oui, respirer émet donc du CO2. Aucun doute sur ça.

Par contre, le carbone ne provient pas de nulle part : comme j’ai dit, il provient de notre nourriture. Et notre nourriture, dans le cas des fruits et des légumes, correspond à des végétaux. Ces végétaux ont poussé en absorbant le CO2 de l’atmosphère.

Le CO2 qu’on expire est donc du CO2 que la plante qu’on a mangé a puisé dans l’air. Il s’agit d’un cycle : le cycle du carbone, justement.

Notez que si l’on mange de la viande, ça revient à la même chose : le carbone dans la viande provient du carbone de l’herbe mangé par l’animal. Il y a juste une étape en plus.
Que l’on soit végan ou non, la chaîne alimentaire dans son ensemble est 100 % neutre en carbone. Bien-sûr, je parle ici seulement de la chaîne alimentaire (pas du transport de la nourriture avec des camions roulant au pétrole, ni des autres émissions de gaz à effet de serre comme le méthane par l’élevage animal, ou du carbone émis par les plantations de tomates sous serre éclairées à grâce à une centrale au charbon).

Si l’on respire davantage en faisant du vélo, oui, on émettra plus de CO2 en expirant plus. Mais ça n’est voir qu’une partie du cycle : si on fait du sport, on se dépense plus et on aura plus faim : on mangera plus pour refaire le stock de sucres et on aura besoin de planter davantage de plantes pour nous nourrir… ce qui va donc également absorber plus de CO2 dans l’air. Je l’ai dit : le cycle est neutre.

Donc non : respirer plus en faisant du vélo n’est pas responsable de la hausse du taux de CO2 dans l’air.

Faire du vélo réduit même la respiration

Ensuite, que l’on marche ou qu’on pédale, on respire toujours plus vite que si l’on reste assis. Normal, car on est actif : on transforme des glucides en chaleur en produisant un travail « utile ».
Maintenant, d’un point de vue purement énergétique, le déplacement à vélo est environ 4 fois plus efficace que la marche.

Que ce soit sur le plat ou non (en considérant le dénivelé global comme neutre, par exemple en revenant au point de départ après avoir fait un tour), faire du vélo vous fatigue environ 4 fois moins pour une distance parcourue identique. On brûle donc également moins de calories en vélo qu’à pied.

À pied, l’effort de marcher est moins intense, mais il est également bien plus long : on se déplace moins vite à pied qu’à vélo. Peut-être que faire 1 heure de vélo nous fatigue plus que 1 heure de marche, mais on aura parcouru bien plus de distance.
S’il s’agit juste d’aller au travail à pied ou en vélo, vous aurez respiré nettement plus durant les 40 minutes de marche que durant les 10 minutes de vélo (y compris en incluant les 30 minutes de repos après les 10 minute de vélo).

Si parcourir une certaine distance est le but recherché, il faut voir le nombre de calories consommées au kilomètre. Il sera bien plus faible en vélo qu’à pied.
Si vous souhaitez brûler des graisses pour maigrir, il faut alors compter en calories par heure. Et là ce sera plus élevé avec un vélo en pédalant comme un dingue que marcher, simplement parce que l’effort n’est plus le même, et ce n’est donc pas dans le cadre exprimé dans le tweet ci-dessus, qui parle explicitement du vélo comme un moyen de transport, pas comme un exercice physique destinée à brûler des calories.

D’où vient la hausse du CO2 dans l’air alors ?

La respiration, que ce soit celle de 1 milliard de gens ou de 100 milliards n’a pas d’effet sur le CO2 dans l’air. Le carbone expiré provient déjà de l’atmosphère par l’intermédiaire des plantes que l’on mange (ou de l’animal qu’on mange et qui lui avait mangé la plante).

Ce qui provoque une élévation du taux de CO2 dans l’air, c’est le fait d’ajouter du CO2 dans l’air dont la source initiale n’est pas l’air : par exemple le pétrole, le charbon ou le gaz.
Les énergies fossiles (pétrole, charbon, gaz) sont du carbone piégé dans le sol depuis des millions d’années. Quand on le brûle, on le libère dans l’air.

Même chose quand on fait du ciment : le ciment est fait à partir de carbonate de calcium que l’on mine dans le sol. Les cimenteries font réagir le carbonate de calcium en transforment ça en chaux vive et en rejetant du CO2 (le « carbonate » de « carbonate de calcium »).
Là aussi, le CO2 était dans le sol avant d’être jeté dans l’air.

Même remarque pour les volcans : bien que la contribution en CO2 des volcans soit risible à côté de la combustion d’énergie fossile et les cimenteries, il faut le mentionner ici pour être complet. Les gaz émis par les volcans proviennent des profondeurs de la terre et donc non initialement de l’air. Tout CO2 émis par l’activité volcanique contribue donc à son échelle au taux de CO2 dans l’air.

Mais ce charbon/calcaire/pétrole d’où vient-il ?

Le charbon, pétrole, gaz, provient de dépôts organiques d’il y a des millions d’années, d’une ère appelée à ce titre le carbonifère.

L’atmosphère était trente fois plus riche en CO2 qu’aujourd’hui. Les plantes poussaient beaucoup plus rapidement. Un jour, les plantes ont commencé à produire du bois. Il a fallu attendre des millions d’années avant que les micro-organismes puissent décomposer ce bois. Le bois s’est donc accumulé massivement et a fini par se retrouver enfouie sous les autres sédiments. Le charbon, le pétrole, sont le résultat de processus comme celui-ci, où des matières organiques se sont accumulés plus rapidement qu’ils n’ont pu être dégradés.

Sous la pression exercée par les couches géologiques, les matières organiques se sont transformées en roche (charbon) ou en pétrole/gaz.

Les plantes ont donc utilisé du CO2 atmosphérique et l’ont transformé en bois qui est donc sorti du cycle du carbone durant des dizaines voire des centaines de millions d’années. En surface, la vie s’est adaptée à des niveaux de CO2 plus faible et des températures moins hautes. L’être humain fait partie de cette vie-là : celle qui est adaptée à un taux de CO2 faible.

Et la conséquence du trop plein de CO2 ?

Si maintenant on commence à rejeter dans l’air tout le CO2 piégé depuis longtemps, on recrée en quelque sorte des conditions de vie d’il y a des centaines de millions d’années. Des conditions de vie pour lesquelles notre organisme n’est pas fait. Des conditions pour lesquelles notre société, notre civilisation n’est pas faite non plus.

Plus de CO2 signifie surtout un climat beaucoup plus chaud, type tropical avec ce qui va avec : cyclones, saisons humides, etc. Une très grande partie de notre civilisation n’est pas prête pour ça, ne serait-ce que pour les maisons européennes, qui ne sont pas prévues pour résister à un cyclone. Il en va donc bien au-delà de juste la température de l’air car tout le monde sera affecté.

Ça signifie aussi des océans plus chauds, et donc une montée de leur niveau. Sachant que 70 % des êtres humains vivent sur les littoraux, ça signifie qu’il faut délocaliser 5 milliards d’habitants (alors que c’est déjà une crise nationale quand il faut en déplacer 5 000 réfugiés et les accepter sur « notre » « territoire »).

Des océans plus chauds, signifie aussi des océans plus acides : l’eau chaude dissout nettement plus de CO2 que l’eau froide, et le CO2 dissout rend l’eau acide. La vie marine n’est pas adaptée à ça (les coraux ça parle à quelqu’un ?). Or c’est bien la vie végétale marine qui produit 70 % de l’oxygène qu’on respire.

Et puis, pas seulement la vie sera affectée : si les températures des océans change de trop, et en particulier si elle s’homogénéise et qu’il n’y a plus de pôles pour les refroidir et entretenir des différences de salinité, alors les courants marins vont changer voire s’arrêter et le climat européen si doux va devenir aussi froid que celui au Canada (qui est à la même latitude, je le rappelle, juste bien plus froid car non réchauffé par les océans).

L’eau en profondeur ne sera plus oxygénée : la vie anaérobique (sans oxygène) va se développer, et son produit de rejet à elle étant du H2S (au lieu du CO2), le taux de H2S va exploser. Ce gaz H2S, le sulfure d’hydrogène est juste mortel pour tous les êtres vivants qui ont besoin d’oxygène.

Tout ceci est déjà arrivé par le passé. On a appelé ça l’extinction permien-trias, qui a supprimé 95 % des espèces marines et 70 % des espèces terrestres.

Bien-sûr, la planète est toujours là et la vie s’en est remise. Mais les espèces individuelles, elles, ont pour la très grande majorité disparues. Éteintes. L’être humain est en train de s’infliger ça actuellement. Et rien n’indique que ça change, ni que ça va changer.

Et je ne suis pas ici en train de dire ce qu’il faut faire. Je dis simplement ce qui va arriver si on ne change rien.

image d’en-tête de Zbynek Burival

Les OGM ne tuent pas. L’écologie bête et aveugle, si.

Du riz.
Voir : Block on GM rice ‘has cost millions of lives and led to child blindness’

Si un poison vous tue si vous en mangez, les « vitamines » sont des substances dont c’est l’absence de consommation qui vous tue. Ce sont aussi des substances que le corps humain ne produit pas lui-même et qu’il doit donc trouver dans sa nourriture.

La vitamine A, par exemple, est présente dans les carottes, l’oseille, la patate douce et dans de nombreux poissons ou viandes. Sa carence provoque la cécité voire la mort.

Dans certains pays comme le Bangladesh, les carences en vitamine A sont responsables de 2 000 morts par jour et de la perte de la vue chez des millions de personnes, généralement des enfants.
L’aliment de base au Bangladesh, comme dans beaucoup de pays, c’est le riz. La science a donc mis au point un riz qui produit de la vitamine A : le riz jaune, destiné à ces populations pour réduire ces morts et ces maladies.

Sauf que… les autorités et les groupes « écologistes » sont partis en croisade contre les OGM et ont donc banni ce riz jaune.

Résultat : des millions de personnes continuent de mourir et autant d’enfants vivent sans voir le monde.

La science, la recherche, sauve des vies.
Refuser de voir ça et se cramponner à ses convictions occidentales qui n’ont pas ce problème, ça en revanche, ça tue.
Pire, après t’as les groupes écolos qui viennent dire que c’est la recherche et la science qui est responsable de tout ça.

En fait, j’imagine que ça se passe un peu comme ça :

– La médecine : « Les enfants des pays pauvres sont carencés en vitamine-A. »
– La biologie : « On est sur le coup. Voici du riz OGM, jaune, qui contient de la vitamine-A. »
– La médecine : « Super, voilà qui devrait sauver de la cécité des millions d’enf… »

– Les soi-disant écolos : « Nope, n’en veut pas. »
– Les hipsters : « Nope, nous non plus. »
– Les politiques : « Pareil, c’est non, autrement on perd des voix. »

– Les enfants : « On est aveugle ! »
– Les écolos, hipsters et politiques : « C’est la faute aux OGM. »

Mème avec Poutine.

J’ai déjà parlé plusieurs fois des OGM et sur pourquoi j’ai fini par changer d’avis sur ça. Et je ne suis pas le seul.
Je pense que quand certaines croyances et convictions profondes sont erronées et qu’elles tuent ou rendent d’autres gens malade, il faut arrêter et surtout les combattre.

Oui, je pense que les OGM (tout comme le nucléaire, les normes d’hygiène, la recherche scientifique et spatiale, le minage d’astéroïde…) sont (ou seront, pour le dernier) une avancée majeure dans l’avancement de notre espèce et notre civilisation.

Vous n’êtes pas obligés de penser comme moi, mais vous avez, comme moi, la responsabilité et le devoir en tant qu’être humain de reconnaître que ces technologies sauvent des vies, préviennent des morts et peuvent nous sauver de l’obscurantisme soi-disant écologique qui est en train de pousser toute la biosphère de cette planète droit dans le mur.

Image d’en-tête de Simone Bosotti

Amarsir ou atterrir sur Mars ?

Rover Martien.
Avec la sonde InSight qui va arriver sur Mars, la question se pose si on doit « marsifier » tous les mots ? Par exemple, parle-t-on de « amarsir » ou de « atterrissage sur mars » ?

D’une façon générale, on décline le mots en fonction des planètes quand le mot lui-même réfère déjà à une planète, généralement la Terre.

Sauf que… dans « atterrit », la notion de « terre » réfère à la terre ferme, c’est à dire le sol ; pas la planète Terre !

Or, sur Mars, il y a de la terre, même si ce n’est pas la Terre (notez la majuscule). Par conséquent, qu’on se pose sur Mars, la Lune ou la Terre, on dit toujours « atterrir ».

En revanche, les mots comme « géologie » ou « périgée », où le préfixe « géo- » et le suffixe « -gée » réfèrent à la Terre en tant que planète, on doit décliner le mot en fonction de la planète dont on parle.

« Géo » provient du grec. Pour Mars, on utilise donc la racine grecque, soit Arès.

Au lieu de géologie martienne ou géographie martienne, on préférera dire aréologie et aréographie.

Ces mots existent.
De même, pour la Lune on parle de sélénologie et de sélénographie.

Concernant les périastres et apoastres (les points d’une orbite les plus proches et les plus éloignes dudit astre), on les décline également : au lieu de périgée ou apogée, on dira périarée et apoarée pour Mars.

Pour Jupiter, Saturne et Neptune, on parlera de périzène/apozène (en référence à Zeus), de périkrone/apokrone (Kronos), et périposéide/apoposéide (Poséidon).

En pratique, beaucoup de ces termes ne sont que peu utilisés, mais ont le mérite d’exister et en tout de suivent une logique étymologique commune, au contraire des mots alunir et amarsir…

image de la Nasa

L’unité « la taupe »

C’est beau la presse. Ils sont au moins 50 000 dans le secteurs, mais aucun n’est concurrent d’un seul autre :

recopiage d’articles
Oui, tous les médias ont encore une fois recopié un article du même endroit.
Et après ça vient pleurer parce que le méchant google se fait du fric en copiant leur titre et parce qu’ils veulent une taxe Google pour arrêter ça.

Mais ce n’est pas tout : non content d’avoir des rédacteurs dignes de ce nom, ils n’ont pas non plus de traducteurs. En effet, à l’origine tous les articles parlaient des unités « Kilogramme, kelvin, ampère et la taupe ».
La taupe ? Oui, c’est la traduction de « la mole », qui est le nom anglais de la 4e unité révisée par la CGPM cette semaine.

Ces cons ont simplement copié le communiqué officiel du BIPM dans Google Traduction, qui a traduit « mole » par « taupe ».

À part ça, les rédacteurs ça sert à rien, les traducteurs ça sert à rien et la relecture c’est pour les chiens, vu que désormais on a les IA, n’est-ce pas ?

Mais on aura appris au moins une chose : pour toucher 5 milliards d’euros de subvention par an, il suffit de coder un lecteur RSS, coller les news de l’AFP et autres dedans, et publier sur divers blog-pour-milliardaires du style « Ouest-France », « Le Point » ou « RTBF », en faisait traduire ça mot à mot par un robot quand c’est en anglais.

L’erreur a maintenant été corrigé un peu partout, mais certains ont fait des captures d’écrans et pris des notes.

Mais une autre erreur, bien plus subtile, est toujours là. Elle concerne la notation du nombre d’Avogadro (Na) n’a été corrigé nulle part. Effectivement : le « NA » n’est pas le symbole du nombre d’Avogadro : c’est celui que newton-ampère, qui est utilisé nulle part en fait. Le nombre d’Avogadro, c’est un grand « N » et un petit « a » en indice (et pas « Na » non plus, sinon on a le symbole chimique du sodium).

Oui la science est précise.

Et la métrologie, qui est précisément le thème de cette news et celui du BIPM, est un peu le domaine dédié à la précision et à la rigueur parmi tous les domaines de la science.

La moindre des choses, quand on veut en parler, c’est de faire honneur à ça, pas lui faire honte.

ÉDIT : Les journaux français ne sont pas les seuls à avoir fait l’erreur. Ce site allemand a fait la même chose, on traduisant "mole" par "Maulwurf" (taupe également)…
(Merci Yves pour avoir noté ça)

La politique retarde l’horloge de nos fours

En fait, tous les fours/horloges/réveils en Europe sont retardés de quelques minutes depuis quelques semaines. La cause est un conflit politico-énergétique en Europe de l’Est.

La raison est que les horloges de ces appareils n’utilisent pas un cristal de quartz (comme les montres) ou le GPS (comme les téléphones) pour rester à l’heure, mais la précision de la fréquence 50 Hz du secteur : ils comptent une seconde qui passe pour chaque cinquante oscillation de la tension.

Or, quand la demande en énergie sur le réseau électrique augmente, la fréquence a une tendance à très légèrement baisser, et comme tout le réseau en Europe est interrelié, une surcharge en Espagne, par exemple, a des répercutions sur la fréquence du signal au Danemark ou en Turquie, et donc une incidence visible sur l’horloge de votre four.

C’est exactement le phénomène qui se produit ici : en l’occurrence, les tensions politiques entre la Serbie et le Kosovo font que le premier qui achète de l’énergie au second s’est vu refuser une partie de son courant.
Du coup, les besoins en énergie de la Serbie ont été « pompées » sur tout le reste du réseau européen, déséquilibrant ainsi tout le circuit et réduisant alors légèrement la fréquence, passant ainsi à 49,9 Hz, par exemple.

Pour ceux que ça amuse : ce lien de SwissGrid montre la fréquence du réseau électrique en Suisse en temps réel, ainsi que le retard (en secondes) que le réseau a accumulé (à cet instant, il est à 49,982 Hz et le retard est de 342 secondes). Il serait marrant de regarde en plein été (quand la demande d’électricité sera moins forte) et voir le si le retard a été rattrapé, voire compensé.


Ceci est un cas très intéressant sur les causes de certains phénomènes et les conséquences des conflits politiques.

On dit qu’il faut toujours différentier la causalité de la corrélation, et c’est vrai : certains phénomènes peuvent être liés, mais ça ne veut pas dire que l’un est la cause de l’autre.
Ici, le phénomène de causalité est assez improbable : je suis en admiration sur le fait qu’un conflit politique entre le Kosovo et la Serbie arrivent à retarder des horloges au Danemark…

Un autre exemple (personnel) qui me vient en tête sur ce genre de causalité improbable, c’est quand j’ai eu un gros pic de visites sur mon article « Pourquoi se déshydrate-t-on en buvant de l’eau de mer ».
En fait, suite à un épisode d’un sorte de "Koh-Lanta" où des participants s’étaient déshydratés alors même qu’ils avaient de l’eau de mer à disposition, les téléspectateurs avaient recherché en masse pourquoi il ne fallait pas boire l’eau salée sur les moteurs de recherche et un grand nombre de personnes étaient arrivés sur mon blog.

Un mystérieux objet…

Trouvé ce matin dans mon flux Twitter, et comme ça m’intrigue et que c’est frustrant de ne pas trouver, je partage ce casse tête :

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Le fil Twitter est ici.

Ce site en parle aussi (tout aussi récemment) : lune.space. Mais son explication ne marche que pour un seul nombre, pas tous les autres.

On y trouve que les chiffres sont comme ça :

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Sur Twitter, Tom a résumé ce qu’on sait pour l’instant :

  • 4 faces, 40 nombres
  • somme totale 860 (233+ 239+197+191)
  • nombres de 1 à 49 sauf : 31;32;34;35;38;39;43;44;45;47;48
  • répétition des nombres 30 et 41

Pour ma part, j’ai noté ça (je quote mes différents tweets) :

Il y a certaines régularités quand on additionne ou soustrait les nombres, mais pas de façon systématique. Tous les chiffres n'y sont pas, ça va jusqu'à 49.
Vous dites qu'elle est en plâtre. C'est étonnant car les chiffres semblent poinçonnés dessus, ce qui n'est pas possible sur le plâtre. Aussi la dorure me semble étrange sur cette matière. Pour moi le truc en laiton, au moins en surface (minimum 2~3 mm, donx ca exclu l'or).
Si c'est un objet de calcul, il ne peut être antique (à cause des chiffres) ni très récent (ça serait gravé autrement). Peut-être est-ce une clé pour décoder des messages cryptés durant la 2e Guerre M. Si c'est ça, nul besoin de chercher des calculs : c'est aléatoire.
Ça serait trop facile de dire ça, oui, mais d'un côté Google est relativement silencieux à propos de l'objet, donc ça montre une certaine rareté de l'objet.
Peut-être aussi c'est un objet personnel pour décoder des messages entre deux amis. Ça explique le côté rare, aléatoire, et la conception rustique.
Les nombres ne sont pas non plus alignés proches des bords. Vu que c'est systématiquement, il y a une raison : soit pour son fonctionnement, soit à cause de sa fabrication, mais c'est un point intriguant.
Il n'y a pas non plus de zéro. Ça me permet d'exclure une table pour retrouver les cosinus, sinus, des angles ou les décimales de pi/phi/e/... Car certaines suites de chiffres sont alors impossibles (comme la suite "6-0")

Autrement :

  • j’exclue une table de multiplication ou autre : il manque des nombres.
  • ça ne semble pas lié au tableau périodique non plus.
  • ce n’est pas lié au calendrier occidental non plus (ça monte à 49, et là encore, il manque des nombres, et d’autres sont en double)
  • ce n’est pas si ancien que ça : comme j’ai dit, ça ne peut pas être lié à l’Égypte antique (nos nombres n’existaient pas) et vu que ça a été poinçonné avec des caractères contemporains, je dirais que ça n’est pas plus vieux que 2 ou 3 siècles.

Ça peut, selon moi, être :

  • comme j’ai dit, un outil pour décoder un message chiffré : les chiffres permettent, selon un certain ordre (éventuellement celui que la pyramide), de retrouver des chiffres, lettres.
  • une abaque pour quelque chose : certains parlent d’un outil de charpentier, peut-être aussi pour trouver un diamètre de perçage en fonction d’un autre paramètre, ou peut-être une résistance électrique…
  • une carte qui mène à un trésor (bon ok, c’est hautement improbable, il faudrait demander à Indiana Jones ou à Benjamin Gates, mais ça ne peut pas être exclu pour l’instant)
  • un hoax : un objet soi-disant mystérieux qui en fait n’est là pour rien.

Je continue de chercher…

ÉDIT :

  • ils en parlent également ici, sur un forum de math, également très récemment, mais le fil de discussions se concentre sur l’orthographe plutôt que sur le vrai problème.
  • et sur Reddit aussi.

Recharger sa voiture électrique en quelques secondes ?

Une batterie, c’est une façon comme une autre de stocker de l’énergie pour une utilisation ultérieure.
Le problème des batteries actuelle (au Lithium), c’est à la fois leur capacité (quantité d’énergie stockée) et leur temps de recharge (le temps nécessaire pour placer toute l’énergie à l’intérieur).

Dans les deux cas, on est d’accord qu’il y a largement la place pour de l’amélioration.
De là à dire qu’on peut recharger une voiture en quelques secondes, pardonnez-moi de vous remettre les pieds sur terre, mais non, ce n’est pas possible. Et ça ne le sera probablement pas avant très longtemps. Et voilà pourquoi.

Prenons l’exemple de la Tesla modèle S : il y a plusieurs configurations possibles, mais la plus petite batterie fait 75 kWh. Ce nombre correspond à la quantité d’énergie que la batterie peut stocker.
75 kWh d’énergie, c’est une façon de dire que la batterie peut stocker assez d'énergie pour ensuite délivrer une puissance continue de 75 kW durant 1 h. Ou bien 150 kW durant 30 minutes. Ou encore 7,5 kW durant 10 heures.

Lors de la recharge (supposée sans pertes), c’est l’inverse : pour recharger une telle batterie en 1 h, il faut l’alimenter avec 75 kW de puissance. Pour la recharger en 15 minutes, il faut un chargeur de 300 kW.

L’article dit « quelques secondes ».
« Quelques » c’est assez vague, mais plaçons nous dans le cas où l’on parle de « 10 secondes ».

Pour recharger la batterie de 75 kWh en 10 secondes, il faut un chargeur capable de délivrer une puissance de… 27 000 kW. Soit vingt-sept mégawatt.

Pour vos donner une idée, le type d’installation la plus répandue en France est celle qui propose 6 kW à une maison toute entière (en réalité on parle de 6 kVA, mais pour simplifier un peu, on va dire que c’est la même chose, l’erreur n’est pas très importante et de toute façon pas énorme).

Afin de recharger en 10 secondes notre Tesla S, il faudrait donc une puissance électrique équivalente à 4 500 ménages, soit la puissance électrique délivrée par EDF à une ville de 10 000 habitants environ.

Le problème n’est pas la quantité d’électricité nécessaire, mais la vitesse à laquelle on l’injecte dans notre batterie : pour transporter 75 kWh d’énergie en 10 secondes de votre prise à la batterie, il faut non seulement une source d’énergie colossale, mais aussi une prise énorme ainsi que des câbles démesurément gros.

Si on reste sur du 230 V, le câble serait traversé par 117 000 ampères. N’importe quel câble fondrait instantanément avec une telle intensité. Avec la gaine du câble, la prise, le mur, le compteur, le transformateur électrique et même toute l’installation EDF jusqu’à la sortie de la centrale. C’est juste infaisable.

Pour vous donner une autre idée, même recharger un téléphone portable en 5 secondes n’est pas possible : il faudrait faire passer du 16 A sous 230 V dans votre téléphone. C’est à peu près le câble utilisé pour un chauffage électrique de 3 000 W : ces câbles sont gros et ce n’est pas pour rien : à cette puissance, le cordon d’alimentation risque de fondre si il était moins gros, tellement ça chauffe.

Tout ça pour dire qu’on ne verra sûrement jamais une voiture électrique recharger en « quelques secondes ». Au moins, quelques dizaines de minutes, au pire, une heure ou deux (et encore, pas avec n’importe quelle prise), mais jamais quelques secondes. En réalité, même un smartphone ne sera jamais rechargé en quelques secondes.

Et il n’est ici pas question du type de batterie : un super condensateur à nanotubes de carbone sera sûrement plus efficace pour stocker l’électricité ainsi qu’une plus grande quantité d’électricié, mais il ne se rechargera pas infiniment rapidement pour autant. Ce sont deux choses et deux problèmes bien différents.

Pourquoi les disques SSD ont une durée de vie limitée ?

Contrairement aux disques durs classiques, à plateaux rotatifs, les disques SSD et les autres formes de mémoire « flash » (clé USB, carte mémoire…) n’ont pas de partie mobile et ne subissent pas de contraintes mécaniques.

Si l’on comprend donc qu’un disque dur classique peut s’user avec le temps (vibrations, usure, etc.), l’on accepte moins le fait qu’un disque SSD est annoncé avec un nombre de cycles d’écriture limité (généralement à ~100 000 cycles).

Le fonctionnement des SSD

J’avais déjà parlé sur mon autre blog du fonctionnement de la mémoire flash d’un lecteur SSD, je vais donc juste résumer ici.
Pour faire court, la fonction mémoire réalisée à l’aide de transistors est obtenue en piégeant des électrons sur un bout de métal isolé du reste du circuit (appelé grille flottante, ou floating gate). Les opérations de lecture utilisent le champ électrique émanant de ces électrons et l’écriture se fait en forçant les électrons à franchir l’isolant entre la grille flottant et le circuit — forçage obtenu par la phénomène quantique appelé « effet tunnel » ou celui appelé « électrons chauds » ; ceci permettant alors de charger ou décharger la grille de ses électrons, et donc d’écrire soit un 0, soit un 1 dans la mémoire.

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Schéma d’un transistor à grille flottante, capable de la fonction mémoire (plus d’infos sur cet article)

Dans un disque SSD, c’est la phase d’écriture qui use la fonction mémoire de votre SSD. Mais pourquoi ?

Une usure « électrique »

Modifier un bit dans la mémoire se fait en utilisant soit l’effet tunnel, soit des électrons « chauds ». Dans les deux cas, le résultat est identique : un électron franchit une barrière isolante pour se retrouver dans la cellule mémoire. Réussir à pousser un électron à travers un isolant, ça demande de l’énergie, ou ici, l’application d’un fort potentiel électrique.

Or, quand les composants sont miniaturisés au point de ne mesurer qu’une petite dizaines d’atomes d’épaisseur, un potentiel électrique élevé (ou tout autre contrainte électro-magnétique) risque de détruire le composant.

La méthode par effet tunnel (pour simplifier beaucoup) consiste à appliquer une tension électrique sur le transistor, réduisant virtuellement l’épaisseur de l’isolant et permettant à l’électron de se transporter quantiquement de l’autre côté, sur la grille flottante. L’ensemble de l’opération, à cause de l’application des tensions électriques, n’est pas sans conséquences sur la structure atomique de la matière (liaisons cristallines fragilisées, par exemple).

La technologie utilisant les électrons chauds consiste, quant à elle, ni plus ni moins à bombarder la cellule mémoire avec des électrons hautement énergétique accélérés (dits « chauds »), qui traversent donc l’isolant comme un couteau traverse du beurre. Après quelques dizaines de milliers de cycles, la couche d’isolant finit fatalement par être détruite et la cellule mémoire à cet endroit devient inopérante.

On voit donc que même si un disque SSD ne possède pas de plateaux rotatifs ni de parties mécaniques, il y a une usure quand même, purement électrique et au sein même de la matière.
Cette usure dépend de la technologie utilisée, qui reste très éprouvante pour les composants de base des disques SSD que sont les transistors (directement gravés dans la matière).

Doit-on craindre pour ses fichiers ?

Normalement les disques eux-mêmes et le système d’exploitation prévoient le cas où certaines cellules sont mortes. Le logiciel sait donc ne plus les utiliser, mais le disque dur finit donc petit à petit par perdre en capacité et surtout risque de corrompre des fichiers, voire de ne plus fonctionner du tout.
En pratique, ceci n’arrive qu’après plusieurs dizaines d’années d’utilisation normale, et généralement le disque en tant que « disque dur » dans votre ordinateur sera obsolète ou sera tombé en panne bien avant une usure propre aux SSD.
Il faut néanmoins savoir en tenir compte, savoir que le problème existe et qu’il sera plus prononcé si vous prévoyez d’utiliser un disque SSD sur un système destiné à écrire des données en grandes quantités et en permanence.

Aussi, sur un disque dur classique à plateaux, les données ne sont jamais détruites si le moteur électrique du disque tombe en panne. Il « suffit » de changer le moteur et on retrouve ses données.
Dans un disque SSD, si toutes les cellules sont mortes, les données n’existent plus du tout : tous les fichiers sont volatilisés et une tentative de récupération n’est plus possible (dans la pratique cependant, la mort d’une cellule, ou même d’une puce complète, ne gêne pas la lecture des autres cellules ou puces mémoire du disque, seule une partie des fichiers risque d’être perdues).

Dans tous les cas, et ceci est vrai tout le temps, pour tout le monde, SSD ou non, il est toujours recommandé de faire des sauvegardes de ses fichiers (photos, vidéos, documents, lettres, emails, paramètres, programmes…). Un disque dur peut toujours tomber en panne, perdre 10 ans de photos a un « coût émotionnel » probablement bien plus élevé que le coût de l’investissement dans un support de stockage de secours. Il est recommandé d’avoir au minimum toujours deux copies de ses fichiers.

Votez pour la recherche et la science : ça sauve des vies

Je suis en train de rédiger un article sur fonctionnement de l’imagerie médicale (IRM). Pour faire simple, l’IRM fonctionne en analysant la réponse des atomes d’hydrogène de notre corps à un intense champ magnétique. L’image obtenue rend compte de la distribution de cet hydrogène dans le corps et permet donc de repérer les organes et des tissus. Si l’image montre une région qui ne devrait pas être là, il peut s’agit d’une tumeur qu’il faut aller enlever.

Cette méthode a été mise au point pour analyser de la lumière traversant un nuage d’hydrogène excité par des champs magnétique. Ce besoin très spécifique a été rencontré dans un domaine bien précis : l’astronomie.
Les nuages d’hydrogène interstellaires sont parfois soumis à des champs magnétiques (stellaires par exemple) et la lumière, qui traverse ou qui est émise par ces nuages, nous parvient en présentant des distorsions bien particulières qu’il est possible d’interpréter.

Comme pour tant d’autres choses, donc, si vous êtes sauvés aujourd’hui grâce à la découverte d’une tumeur au moyen d’un appareil à IRM, vous pouvez remercier les investissements publics faits il y 50 ans dans l’astronomie, l’exploration spatiale et la recherche scientifique.

Parce que chercher à interpréter des raies spectrales de lumière émise par de l’hydrogène interstellaire situé à 500 années-lumières de nous permet aujourd’hui de sauver des vies en détectant des cancers.

Oui, ceci est un message qui rejoint ces deux autres articles :

Qui êtes vous pour dire que la recherche faite au CERN ou sur l’ITER (et sur tant d’autres projets, y compris sur Mars et dans l’espace) constitue de l’argent perdu et un investissement à supprimer ? Vous venez du futur ?

Pointeur laser et pile rechargeable

Parfois la connaissance d’un peu de physique de base permet de comprendre des choses.

Aujourd’hui par exemple : j’ai reçu deux pointeurs laser vert (532 nm). Voulant les essayer, je met deux piles dedans. Ça ne marche pas.

C’est étrange, mais j’essaye deux autres piles : même résultat.
Manifestement quelque chose ne va pas avec ce pointeur laser. J’essaye dans le second : idem. Peut être que ça vient des piles ? J’utilise depuis des années des piles rechargeables, et ces piles sont censées être chargées, toutes.

Je remarque cependant que le pointeur laser (qui doit émettre un faisceau vert) émet plutôt un très faible faisceau rouge. Ceci n’est pas une surprise : le fonctionnement de ces pointeurs est tel que c’est une diode rouge qui excite un semi-conducteur, qui va à son tour émettre un faisceau infra-rouge de 1064 nm ; faisceau qui va finalement passer à travers un filtre KTP qui va diviser la longueur d’onde par deux, et on retombe bien sur nos 532 nm de lumière verte.
Bref, ici donc, il n’y a pas de production de la dite lumière verte. Cette lumière rouge n’est visible par ailleurs que quand les piles sont vides, ce qui n’est pas bien logique : comme j’ai dis, elles sont chargées…

Il se trouve que j’ai également un pointeur laser bleu (405 nm).
Après tests, mes piles fonctionnement parfaitement dedans, elles sont donc bien chargées.

C’est là que je me suis souvenu : les piles rechargeables habituelles (Ni-MH) ont une tension de sortie de 1,2 V. Deux piles totalisent donc une tension de 2,4 V. Les piles non-rechargeables (alcalines) ont une tension nominale de 1,5 V, et donc deux piles fournissent 3,0 V.
En général, que ce soit dans un Game-Boy, une lampe torche, ou une manette de XBox, ceci n’a aucune importance.

Dans un laser, la différence a une grande importance.

Pour qu’un pointeur laser (ou toute source laser d’ailleurs) fonctionne, il faut que les électrons dans la source laser soient excités. Plus précisément, la population d’électrons excités doit être plus importante que la population d’électrons désexcités.
Ces électrons excités vont se désexciter et émettre un photon qui va lui-même engendrer d’autres photons en passant à côté des autres électrons : c’est ce qu’on appelle l’émission stimulée (le « S » dans « LASER »). Si les électrons se désexcitent avant que les autres soient excités, alors l’émission stimulée ne fonctionne pas. Et c’est ce qui se passe ici : la trop faible tension des piles rechargeables ne suffit pas à provoquer l’émission stimulée et donc à produire un faisceau laser : tout ce qu’on voit c’est une très faible lueur rouge…

La raison à cela est la nature d’une diode (lumineuse ou non) : les diodes ont une tension de seuil, en dessous de laquelle elles ne laissent pas passer le courant, ou alors très peu (voire trop peu) comme dans le cas présent. C’est la raison qui fait que la diode rouge ne produit pas assez de photons et qui empêche l’émission laser.

Pour parvenir à cette conclusion, j’ai légèrement réchauffé les piles rechargeables : ne les frottant dans les mains ou en les posant une minute ou deux contre un radiateur. Et là… miracle : le pointeur laser fonctionne ! Faiblement, certes, mais ça fonctionne. Le fait de réchauffer les piles a pour effet d’augmenter légèrement la tension de sortie, et cette augmentation a dû suffire pour dépasser la tension de seuil de la diode.

Je suis ensuite allé chercher des piles alcalines au coin de la rue : sans surprises, le pointeur laser fonctionne parfaitement avec des piles alcalines.
Ce qui est un peu normal au fond : le pointeur laser est prévu pour fonctionner sous 3 V de tension, et ici, une tension plus basse ne pardonne pas…

Au passage, si mes piles rechargeables à 1,2 V permettent à mon pointeur laser bleu de fonctionner, c’est simplement que le circuit électronique de ce pointeur utiliser une source laser différente, avec probablement une autre diode, dont la tension de seuil est plus basse, et donc atteinte même avec 2,4 V.

Bref, aujourd’hui la science a permis à deux piles rechargeables de ne pas finir à la benne :D

#PlutoFlyby

Ca ne marche qu'en Anglais, cette blague, mais je me devais de la faire. Here is Pluto :

pluto le chien
Plus sérieusement, après 9 ans 1/2 de voyage pour faire quelques 4 828 000 000 kilomètres (voyageant quand même à 14 km par secondes), la sonde New Horizons a permis de passer d'une image floue (prise par Hubble, le puissant télescope en orbite de la Terre) à quelque chose de net prise par la sonde New Horizons :


Les photos qui sont prises en grand nombre en ce moment vont être beaucoup plus nettes, d'une résolution de 100 mètres par pixels.

Après, il faudra néanmoins attendre un peu pour que toutes ces images soient envoyées jusqu'à la Terre : le débit de transfert se fait à 125 octets par seconde, ce qui est très faible, mais il est impossible de faire autrement vu l'éloignement de la sonde à la Terre et la taille de la sonde (équivalent à celle d'un piano à queue). Il faudra donc attendre environ 9 mois pour tout recevoir.

Durant ce temps, New Horizons continuera de s'éloigner de nous, du Soleil et même de Pluton, en direction d'autres astres, comme 1110113Y, qu'elle devrait survoler en 2019.

Non, non, non, une pompe à chaleur n’a pas un rendement sur-unitaire.

danger high tension logo
Combien de fois faudra t-il le dire : les machines à énergie surnuméraire c’est du charlatanisme (et les charlatans qui les présentent le savent très bien).

Le truc inévitable dans les débats après ça, c’est qu’il vient toujours la question des pompes à chaleur. En effet, on présente les pompes à chaleur comme une machine avec un rendement de 4 ; 5 voire de 10.
Cela est bien-sûr totalement faux. En physique, le rendement n’est jamais supérieur à l’unité. Il l’est sur la carte-bleu peut-être, mais pas en physique.

La grandeur que vous regardez là et qui est plus grand que 1, c’est le coefficient de performance de la pompe à chaleur. Ce nombre correspond à la réduction de la facture d’électricité.

La pompe à chaleur utilise un système de pompes et de compresseurs pour faire circuler un fluide qui absorbe la chaleur de votre jardin dans votre salon. Pour qu’une pompe à chaleur fonctionne, il faut l’alimenter en électricité.

Le coefficient de performance, c’est le rapport entre l’énergie correspondant à la chaleur libérée dans votre maison et l’énergie électrique qu’il a fallu lui alimenter.

Si le coefficient de performance est plus grand que 1, ça signifie juste qu’il est plus rentable d’un point de vu économique d’utiliser une pompe à chaleur que d’utiliser un radiateur électrique. C’est tout.

Il n’est pas question de production énergie, mais de transport de chaleur. La pompe à chaleur va chercher des calories (de la chaleur) dans le sol (il y en a toujours, même en hiver) et les déplacer dans votre maison au moyen d’un fluide que l’on va forcer à capter et libérer cette chaleur quand on veut.
On ne produit pas d’énergie, on ne revend pas d’énergie à EDF, on ne gagne pas d’argent : on en dépense juste beaucoup moins car on prend la chaleur du sol (que personne n’utilise) pour l’utiliser dans la maison, et ce transport coûte moins cher qu’utiliser un chauffage électrique ou à gaz.

L’utilisation d’une pompe à chaleur ne vous permettra pas de vous passer d’une facture d’électricité (ou alors vous devez pédaler…). Elle réduit juste la dite facture.

Image de Paulina Clemente