Le Hollandais Volant

Mon avis sur ChatGPT et les autres IA génératives

Photo d’un robot, symbole indirecte de l’IA.
Pas qu’on me l’a demandé, mais je suis en train d’explorer le sujet et donc j’en vois des avantages comme des inconvénients. Attention, mon avis va comporter des points positifs et négatifs et n’est pas tranché.

J’avais commencé à tester ChatGPT quand je faisais certains de mes outils en ligne. Ne serait-ce, au début, que pour essayer de solutionner des problèmes compliqués ou pour expliciter ou convertir d’un langage à un autre du code trouvé ailleurs.

Désormais, je peux demander « fais-moi un outil qui fait ça » et il me pond tout ça en 10 secondes alors que ça m’aurait pris une heure de code et 4 jours de documentation.
C’est le cas de cet outil par exemple, qui est un lecteur hexadécimal d’un fichier quelconque.

Hormis le design et un poil le CSS pour s’adapter à mon template perso, tout le reste a été fait par Claude.ia (version gratuite). Y a pas beaucoup de code, mais c’est assez spécifique, et le résultat est là : ça marche d’entrée de jeu. La requête que j’ai faite c’est ça :

Can you create a page where I can explore files as an hexeditor? The page should have a file selector. The display should be done line by line with the index on the left, hex data in the midle and ascii on the right

Si je traduis :
« Peux-tu me faire une page web où je peux explorer un fichier tel un éditeur hexadécimal ? La page doit avoir un sélecteur de fichier. L’affichage se fait ligne par ligne avec l’index sur le côté gauche, les données au centre et la correspondance Ascii sur le côté droit. »

Et bim ça me pond un truc complet. Il fait lui-même les lignes flexibles et le fait qu’on ne doive pas sélectionner l’index sur la gauche.

Alors oui, je sais que ce code est probablement pompé d’un autre outil ailleurs, ou une lib quelque part sur GitHub et dont le readme.md correspond plus ou moins à ce que je demande. Mais tout de même : il a confectionné la page, indenté tout ça à sa façon et ajouté des styles plutôt sympa qui étaient totalement en phase avec les différents outils/pages/codes que j’avais demandés plus tôt.
Ce que je veux dire, c’est que ça n’a pas non plus recraché bit pour bit ce qu’il a trouvé.

Maintenant, cet outil était parfait et j’ai jeté ça dans une page à moi, retouché quelques trucs mineurs, et mis ça en ligne.
Cette expérience correspond cependant à l’exception. Des outils créés par ChatGPT ou par Claude.AI qui marchent du premier coup, ça reste rare.

La version limitée de ClaudeAI permet seulement 4 ou 5 itérations d’une même requête, et donc un nombre restreint d’améliorations ou corrections d’un truc qu’il a fait. La version payante n’est pas réellement plus puissante, mais elle permet davantage d’itérations d’un même projet (qui finit généralement par s’embourber à force de modifier des trucs déjà retouchés, et qui fait qu’il faut s’adapter à sa façon de fonctionner). Ça reste donc limité, mais ça permet de découvrir des astuces qu’une IA peut trouver ou découvrir, alors que nous, à moins de connaître toute la doc d’un langage par cœur, on se serait contenté de passer par une lib externe (regardez le code de l’outil : c’est du JS natif très léger).

Maintenant quoi dire de plus ? Sayé, je suis un gros défenseur du code pondu par IA ?

Non.

Un gain de temps certain, mais une qualité qui reste à désirer

J’en suis — actuellement — à reconnaître pleinement les gains de temps que cela procure pour les routines simples et les codes que je pourrais écrire moi-même avec beaucoup plus de temps. Lui le fait en 15 secondes et moi en plusieurs heures.
Généralement la seule chose qui reste à faire avec le code produit, c’est quelques tweaks algorithmiques, des inversions de boucles, ou ajouter un cas précis qu’il aurait oublié. Des trucs mineurs.

Par contre, dès que le projet devient un peu complexe, là l’IA, que ce soit Claude ou ChatGPT, se chient dessus complètement. Le code ne compile même pas, il utilise plusieurs fois le même nom de variable, ou alors utilise un const au lieu d’un let… bref, de petites choses que même un commercial ne ferait pas. Il manque des choses, des routines de vérification qui n’ont rien avoir avec le principe d’un LLM, mais des trucs spécifiques à la programmation qui demandent de l’intelligence véritable et pas juste des stats de langage.

L’on voit qu’il ne fait que concaténer des bouts de code qu’il trouve à droite et à gauche et les rendre cohérents (noms de variables tout ça). Il subsiste tout de même une phase de débogage manuelle sur le code final.

Est-ce que cette phase va finir par sauter ?
Je pense que oui, quand il pourra exécuter son code et analyser les erreurs du compilateur, pour ensuite les corriger.
Est-ce que ça va remplacer un programmeur humain ?
Non, je pense pas.

… Et est-ce que ça va permettre à une entreprise de diviser par 10 le nombre de programmeurs ?
Ça je pense que oui. Par contre, il faudra les remplacer par autant d’experts qui savent parler à l’IA et formuler les requêtes qui vont bien (tout en sachant programmer). On restera donc bien loin d’un entrepreneur qui va produire de gros logiciels très importants avec juste une armée d’IA.

… Ah et il faudra probablement aussi une armée d’avocats car l’IA aura craché du code copyrighté et que les huissiers vont commencer à toquer à la porte, mais ça c’est autre chose.
… et sans parler des ressources nécessaires pour entraîner l’IA, là ça sera la planète qui va gueuler car aujourd’hui ce n’est absolument pas viable (voir le dernier chapitre de cet article).

Quoi qu’il en soit, d’un point de vue de la qualité du code produit, j’en suis à ce stade. Il est possible que ce soit moi qui ne suis pas très doué pour formuler les bonnes requêtes pour obtenir un résultat satisfaisant du premier coup, mais je donne mon avis, mon retour et ma perception, pas la vérité sur la question. Get over it.

Pour le moment donc, le truc fait gagner du temps, mais ne fait pas encore le café.
Je le vois donc un peu comme un robot de cuisine (style Thermomix) : c’est utile et procure un gain de temps pour les choses triviales et chiantes, mais il faut apprendre à s’en servir, et il faut tout de même le nettoyer à la fin.
Et dans tous les cas, le gâteau arrivera seulement plus rapidement : il n’en sera ni forcément meilleur, ni plus sain non plus.

Le risque de prendre la parole d’IA comme vérité absolue

Concernant les IA qui sont plus généralistes, style ChatGPT (pas réellement orienté niveau programmation comme Claude.AI), il faut bien voir que ce sont essentiellement des moteurs de recherche qui trient un peu mieux que les autres et qui nous recrachent des réponses, pas seulement une liste de pages web.

Maintenant, si les données qu’on donne à manger à l’IA sont bonnes, la réponse à une requête sera bonne. Sinon, ça sera de la merde. Et comme il ne sait pas faire le tri entre le vrai du faux, de la merde, il en bouffe à la pelle avec tout le reste.

Et le pire — le pire — c’est qu’autant un moteur de recherche comme Bing ou Google nous dit quand il n’y a pas de résultats disponibles, autant ChatGPT s’il n’a pas la réponse, il va en inventer une. La réponse paraîtra plausible, mais sera sortie d’un chapeau sans aucune preuve de véracité.

C’est comme si vous me demandez de parler en suédois.
Voyez ce texte par exemple :

Steja padora vente ta prådager pro bönök oätt fön in a la sköng. I väks rahi promkre misek up paringst restöter by tsökar er. Toninahl år skroffa i mantska sallartöd.
Alla människor är födda fria och har lika värde och rättigheter. De är utrustade med förnuft och samvete och bör handla gentemot varandra i en anda av broderskap.

Ici, l’un des deux est du vrai suédois (c’est l’article premier de la DUDH en suédois). L’autre est du charabia suédoïde produit par mon générateur de noms de meubles Ikea qui utilise l’analyse de fréquence des lettres et des sons dans une langue donnée.

Un Suédois n’aura pas de mal à discerner les deux, mais n’importe qui d’autre n’y verra que du feu..

Eh bien ChatGPT, et même toutes les autres IA actuellement c’est exactement ce qu’ils font, constamment, avec le fond d’un contenu. C’est juste un peu plus précis, mais cela reste de la génération basée sur des probabilités quand-même.

Et dans les rares cas où une requête est tellement technique ou tellement hors sol qu’il n’a aucune source à laquelle se rattacher, eh bien il va sortir des mots au hasard et pondre un texte syntaxiquement et grammaticalement correct, possibilité plausible pour quelqu’un qui ne connaître rien au sujet, mais complètement à la ramasse sur la véracité du fond. Et à mes yeux, c’est ça qui est dangereux.

Hélas, je vois de plus en plus de gens prendre pour argent comptant ce que leur sort ChatGPT.

Je trouve ça très inquiétant quant à l’avenir de notre société : où va-t-on — sérieusement — si l’on remet dans les lois du hasard et des probabilités les réponses à nos questions ? Surtout si ces réponses vont dicter notre conduite, notre façon de diriger le monde, de gérer notre argent, de gérer une entreprise ou juste « enrichir » nos connaissances personnelles (de choses potentiellement fausses, donc) ?

On peut très bien se moquer de ceux qui brandissent la Bible ou le Coran pour dire que ceci ou cela est autorisé, interdit ou existe, ou s’est produit et quand ; mais si c’est pour brandir ChatGPT ou une IA à la place qui est tout aussi éclatée, ça n’en vaut pas le coup.

Il n’y a pas une once d’intelligence dans ces machines. Et comme la plupart du temps les questions que l’on pose à ChatGPT sont des questions auquel l’on n’a pas la réponse, comment on fait pour savoir si ce qu’il répond est juste ou faux ?

On ne peut pas.

Dans le doute, il faudrait considérer ça comme faux. Dans les faits, c’est le contraire qui se produit. Seul quelqu’un d’expert dans le domaine peut alors détecter l’erreur.
Mais maintenant, qui est l’expert devant le ChatGPT tout puissant dont la réponse a fait le tour du monde et est devenue une vérité générale en moins de temps qu’il n’en faut pour l’expert en question d’écrire un papier pour dire que c’est faux ?

C’est à ça qu’il faut faire attention.

L’IA n’est pas prête pour nous, car il reste des imperfections, mais nous ne sommes pas prêts non plus pour l’IA par manque de prudence, d’intelligence, de sagesse.

Des exemples assez drôles de ChatGPT-Fails sont visibles par exemple dans cet article ou celui-ci.

Donc on arrête les IA ?

Est-ce que dans l’ensemble ces trucs-là doivent être arrêtés et jetés par la fenêtre ? Non.

Côté technique et pertinence des résultats, on n’est qu’au début et ça sera amélioré et corrigé, comme tout. Ce n’est qu’une question de temps pour obtenir des choses précises et fonctionnelles du premier coup (pour du code par exemple).

Il subsiste par contre un problème de taille : l’énergie et les ressources requises pour les faire tourner. Là je n’ai pas de solution, et je ne sais pas comment ça va finir non plus. Et comme je ne suis pas une IA, je ne vais pas vous en inventer une. On peut en revanche faire des suppositions éclairées, des extrapolations de ce que l’on sait.

Le problème de notre civilisation actuellement c’est l’énergie. On utilise essentiellement de l’énergie fossile (que ce soit directement ou pour produire de quoi produire de l’énergie renouvelable, ce qui est en soi une aberration mais passons) qui pose un problème majeure à notre civilisation. Réellement : nous somme sur la trajectoire d’une destruction, et tout indique que nous continuons d’accélérer en direction de ce mur.

Pourquoi ? Dans les années 1950, on pensait à un avenir où l’énergie serait illimitée : d’où l’idée des voitures volantes partout et l’insouciance quant à la consommation et l’efficience des appareils. Sauf que cette révolution énergétique n’a jamais eu lieu. À la place, on a une la révolution de l’information : c’est l’information est qui est illimitée, accessible partout, et traité d’une façon qu’on n’avait pas anticipée d’aucune manière.

Ça a ses avantages, mais nos ressources énergétiques sont toujours limitées et c’est bien ça qui fait tourner tout l’ensemble. C’est ça qui est source de conflits, de guerres, de tensions et du problème climatique.

Je pense que notre civilisation est foutue et qu’on va droit dans le mur. Néanmoins ça ne m’empêche pas de sortir la carte du futurisme : l’étude du futur, au sens de 10 000 ou 100 000 ans dans le futur, voire plus. On va dans la science-fiction, mais avec davantage de science que de fiction.

Dans ce cadre-là, et si l’on parvient à éviter le mur climatique qui se profile, je la vois notre révolution énergétique : des sphères ou des essaims de Dyson capter l’énergie d’une étoile entière, et l’utiliser comme on veut.
Dans ce cadre-là, l’énergie n’est plus un problème, et les ressources non plus : si on est capable de faire ça, on est capable de miner tous les astéroïdes pour en faire des calculateurs. L’univers est virtuellement illimitée à notre échelle actuelle.

Nos travaux de recherches sur l’IA actuellement sont largement en avance par rapport à ce que l’on peut se permettre au vu de nos ressources disponibles. Mais placé 10 000 ans dans le futur, tout ça sera normal et possible sans « détruire » l’environnement (on peut très bien exploiter sans détruire).
Dans ce cas, oui, des machines qui produisent le logiciel et même d’autres machines pour subvenir à n’importe quel de nos besoins techniques et technologiques, ce sera notre quotidien.

Tous les efforts mis sur l’IA actuellement ne sont donc pas perdus. Ils sont juste… anachroniques. On a la théorie pour étendre ça à des échelles monstrueuses, c’est juste qu’on n’a pas — encore — les ressources pour.
Il n’y aurait pas de problèmes de consacrer des ressources pharaoniques à n’importe quel projet, si ces ressources sont illimitées.

Nos travaux sur les systèmes d’IA actuellement nécessitent une quantité importante d’énergie que nous peinons à produire, et que nous produisons en détruisant notre climat aujourd’hui.
Hélas, nos travaux sur l’énergie propre et illimitée sont largement moins financés que ce qu’ils devraient, là où les IA sont subventionnées à la pelle.

Les ressources seraient bien mieux allouées, selon moi, si l’on faisait les choses dans l’ordre.

Une suffisance énergétique solutionnerait plus de problèmes qu’une IA, pour notre civilisation dans son ensemble. Malheureusement, ce n’est pas le bien être de la société (ou de la planète) qui gouverne les allocations de ressources, mais l’économie et la stabilité financière, même si l’on parle de bulles et de secteurs non rentables à l’heure actuelle.

Deux choses qui ne sont pas du tout en train d’être conciliables actuellement.

image d’en-tête de UN Geneva

Quel est le jour Julien ?

Photo d’un éclipse en timelapse avec de multiples poses.

— Quel est le jour, Julien ?
— Non, quel est le jour Julien, Julien !

Pardon pour la blagounette.
Je réfère en vrai à mon nouvel outil : Quel est le jour Julien ?

Notre calendrier Grégorien, comme le calendrier Julien (celui de César, sur lequel le Grégorien s’inspire), font état de nombreuses complications : années bissextiles, années séculaires parfois bissextiles et parfois non, le fait qu’il n’y a aucune date entre le 4 et le 15 octobre 1582, que l’année 0 n’existe pas, etc.

Les calculs d’écarts entre plusieurs dates devient vite compliqué.

Il est donc utilisé la date Julienne (qui n’a rien avoir avec le calendrier Julien #simplification on a dit !). Cette date est simplement un nombre qui s’incrémente à chaque fois que le Soleil passe par le midi solaire.

Le début du comptage est fixé au 1ᵉʳ janvier de l’an 4713 avant J.-C. à 12 heures temps universel.
Et depuis on incrémente les jours qui passent.

Avant de crier au WTF, notons que le geek, enfin un qui se respecte, compte les secondes qui passent depuis le 1ᵉʳ janvier de l’an 1970 après J.-C., qui plus est sur des bit, ce qui n’est pas tellement moins arbitraire).

En tout cas, cela simplifie largement les calculs, et la date julienne est utilisée en astronomie, notamment.

Pourquoi cet outil ? Car j’en avais besoin pour recréer un calendrier Révolutionnaire Français. Ce calendrier-là utilise comme début l’équinoxe d’automne. Équinoxe, qui, incidemment, s’est produit dimanche dernier ! Il y a deux jours donc, on passait à une nouvelle année révolutionnaire dans l’indifférence générale… pfff… et ça ose s’appeler anti-système ? C’est nul.

… Or le calcul de l’équinoxe est un calcul astronomique, et ça implique donc des calculs en dates juliennes !

C’est marrant : le simple fait de faire un petit outil sur un calendrier franco-français depuis longtemps tombé en désuétude (et dans l’oubli même dans les circuits du LCR [vous l’avez ? LCR, circuit, non ?]) me fait faire un outil comme ça.

Ah et tant qu’à faire, le calcul de l’équinoxe implique aussi des calculs sur la position du Soleil dans le ciel et la compréhension de l’Équation du Temps. Donc ça me fera là aussi des outils supplémentaires (et des articles sur CS.eu, car c’est assez fun).

La position du Soleil peut être utile pour un tracker solaire, par exemple pour les panneaux photovoltaïques qui suivent le Soleil.

… ou bien utile dans une page web qui afficherait moult astres sur un fond de ciel nocturne… Voire qui pourrait suivre l’orientation du téléphone en utilisant l’accéléromètre intégré. Je dis ça je dis rien. En tout cas, je projette de faire ça en JS (non pas la blouse, s’il vous plaît…) :-D

Depuis quelques jours, donc, je suis sur des calculs à propos de l’excentricité orbitale de la Terre, la déclinaison et l’azimuthe du Soleil en fonction d’une date-heure donnée, et des différences de durées dans plusieurs calendriers différents, et bien-sûr tout ça avec les bugs du JavaScript qui vont avec (genre les mois qui vont de 0 à 11, mais les jours qui vont de 1 à 31, #logiqueTaMère).

C’est amusant.
On s’amuse comme on peut.
Mais on apprend plein de choses.

image d’en-tête de Jimnista

Comment inspirer à faire de la science ?

Chimioluminescence dans un becher.
Je viens de tomber sur la vidéo de Mentour Pilot, (une chaîne Youtube sur l’aviation civile), dans laquelle il dit qu’il fait une pause dans son métier de pilote et d’instructeur et formateur de vol, pour se consacrer officiellement à temps plein sur ses vidéos.

Aujourd’hui il raconte qu’il se rend compte que cette méthode est celle qui touche le plus de monde dans sa démarche de rendre l’aviation civile plus sûre. Encore plus sûre qu’elle ne l’est déjà, l’avion étant le moyen de transport le plus sûr au monde.

Maintenant autre chose.

J’ai déjà lu ou entendu des gens dire des choses comme :

  • « Brainiac, ou Mythbusters ne sont pas de la vraie science » ;
  • « Neil Tyson, même avec son PhD en astrophysique, est un inconnu dans le monde académique » ;
  • « C’est pas Sorcier n’est pas de la science : Fred et Jamy ne sont même pas des scientifiques » ;
  • « Les Bogdanov sont des escrocs, ils n’ont rien fait pour la science ! » ;
  • Et la même chose sur toutes les émissions scientifiques (TV ou Youtube ou autre) : que ça ne serait pas de la vraie science car pas fait avec la rigueur ou la méthode académique.

Avec ça je ne suis pas d’accord.

Je pense que ces entités là ont fait autant sinon plus que le seul monde académique pour la science dans son ensemble.

Oui les profs et l’école forment des gens. Mais ceux qui les « recrutent » ou les envoient sur le chemin de la science, ce ne sont pas les profs (qui font plus souvent involontaire l’inverse, je dirais) : ce sont ceux qui inspirent à faire de la science, c’est à dire tous les Mythbusters, Brainiac, ou autres Fred et Jamy ! Leur rôle est important aussi.

De plus, hormis quelques cas particuliers, comme Mythbusters dont certaines émissions ont attisé la curiosité du monde scientifique pour de vrai, qu’importe si ces supports de médiation scientifiques informels ne font pas de la science comme il faudrait dans un environnement contrôlé et rigoureux. Ce n’est pas grave.

Ils ne prétendent pas du tout faire tout ça pour la rigueur ou pour la science, à la base. Ils le font pour le divertissement. Ça n’est pas pour ça que cela n’est pas important : la médiation, la vulgarisation, la sensibilisation, c’est ça qui suscite l’intérêt et l’inspiration lorsqu’on est jeune. Il n’en faut pas beaucoup pour créer cette étincelle qui va allumer la passion de toute une vie. Cette étincelle a la capacité de provenir de n’importe où, mais elle doit bien provenir de quelque part.

Et vu comme ça, je pense que Mythbusters, Brainiac, Neil Tyson avec tout ce qu’il fait, ou C’est Pas Sorcier et d’autres ont fait autant sinon plus que le seul monde académique pour la science dans son ensemble :

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Évidemment il y a un XKCD pour ça

Il faut plus de choses comme ça. Beaucoup plus. Et ça fonctionne dans tous les domaines.

Je suis sûr qu’il y a un paquet de monde en France qui est allé en sciences grâce à C’est Pas Sorcier. Il doit y avoir aussi beaucoup de monde qui est allé dans la police grâces aux séries policières, ou sont devenus vétérinaire grâce aux émissions sur les animaux. Des personnes qui sont devenus pilotes d’avion grâce à Top Gun, ou détectives grâce à Sherlock Holmes.

C’est la culture qui envoie les gens sur leurs voies respectives. Et si l’on veut une grande diversité de compétences, il faut une culture variée partout dès l’enfance : dans les jouets, les émissions TV, les livres, les jeux vidéos…

Et pour boucler la boucle : il faut aussi des spécialistes volontaires de partager tout ça pour créer cette culture en retour et recommencer tout le cycle. Sans ça, on tue l’intérêt des gens dans un domaine, et ce domaine disparaît dans l’oubli. Ça pourrait être positif pour certaines choses (religions, armes, chasse…), beaucoup moins pour d’autres (sciences fondamentale, santé, justice…).

Donc, oui, je comprends et plussoie ce que le Mentour Pilot fait ici. Si son but c’est de sensibiliser beaucoup de monde à la sécurité aéronautique, oui, cela fonctionnera, et c’est un bon choix, surtout que ça semble réellement lui plaire.


Un corollaire à tout ceci est qu’il n’est pas nécessaire chercheur en physique nucléaire pour faire de la science et aider à la promouvoir !

Moi-même, mon niveau académique est loin d’être élevé. Pourtant, à de nombreuses reprises, on m’a dit que je devrais faire prof, car mes explications sont plus claires que celles des livres de cours. Mais non, je n’ai pas envie de faire prof (en tout cas pas ici en France, pas avec ce que ce métier est devenu à cause d’une administration de merde). À la place je préfère continuer d’écrire un blog.

Et ça marche.
Quand il s’agit de partager des choses, on touche plus de monde avec un simple blog que debout devant une classe (et une chaîne YouTube avec 2M d’abonnés, je n’en parle même pas). Pas de la même façon, et probablement pas avec le même impact, mais plus de monde quand-même.

Donc ceci est aussi un appel : si un sujet vous intéresse, que vous commencez à acquérir une certaine expertise : n’hésitez pas à en parler ! Même si ce n’est pas formel, même si ce n’est pas de la recherche, même si ce n’est pas dans votre domaine de formation ni votre métier de base… Sur un blog, une chaîne Youtube, sur Twitter, Instagram, Tiktok, ou même dans ces conférences ou ailleurs… peu importe : il n’est jamais impossible que ça inspire quelqu’un qui passe par là, et ça sera sûrement toujours intéressant.

Sur la confiance lors des achats en ligne

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Je vois que Le Bon Coin a mis en place un système où ils prennent l’argent de l’acheteur, et ne le donne au vendeur qu’une fois le colis reçu et approuvé.

Je ne sais pas depuis combien de temps c’est en place (j’y vais très rarement), mais c’est une bonne chose. Paypal fait ça aussi. Amazon également. Vinted sûrement aussi (mais j’ai jamais utilisé Vinted, ni Facebook Market Place).

Dans le cas de Paypal, c’est simple : un site qui permet de payer par Paypal est un gage de confiance pour moi.
Car je sais que si j’ai un problème quelconque avec mon achat, j’ai une voie de recours, pas juste un vendeur qui fait le sourd (chose qui arrive souvent).

Je me doute bien que les vendeurs ont aussi leurs lots d’acheteurs chiants, voire véreux, mais je ne pense pas me tromper en disant que le vendeur peut plus facilement exiger un paiement avant d’avoir envoyé le colis, que l’acheteur peut demander à recevoir le colis avant d’envoyer le paiement. Cela fait pencher la balance en leur faveur : le client doit faire confiance au vendeur sans que l’inverse ne soit nécessaire.
Un système intermédiaire permet de remettre la balance à l’horizontale : les deux parties font confiance à la troisième qui est (en principe) neutre.

Pourtant, sur Le Bon Coin en particulier, il arrive encore qu’un vendeur exige de contourner le système de LBC et de percevoir l’argent uniquement par virement bancaire ou par chèque, soi-disant pour ne pas que ça apparaisse aux yeux du fisc (qui, oui, met désormais ses yeux dans les ventes entre particuliers).

Alors que ce soit pour s’exempter de l’impôt pour 30 €, soit, ce n’est pas mon problème (mais le sien et celui du fisc), mais ce contournement me pose tout de même un problème.

De mon point de vue d’acheteur, je vois quelqu’un qui veut outrepasser le système de confiance mis en place par le site de vente. Car après tout pour l’acheteur, c’est la seule chose qui va changer : en payant par LBC, je suis protégé. En payant par transfert IBAN, je perds toute protection.

Ce genre de requête de la part d’un vendeur constitue un redflag immédiat.

Comment en être sûr ? Retournez la situation : il exige un paiement impossible à contester et notre confiance qu’il postera le colis ? Bah demandez-lui de poster le colis et sa confiance qu’on effectuera le paiement une fois le colis reçu, vérifié et approuvé.

S’il refuse, c’est qu’il exige votre confiance sans donner la sienne : ça confirme le red-flag. Et ça mérite un signalement, car sa manœuvre est a priori uniquement destinée à prendre l’argent et à filer (les ventes entre particuliers ne sont pas imposés s’il n’y a pas de plus-values).

La confiance ça marche dans les deux sens. Ne pas le reconnaître est un premier red-flag. Et vouloir contourner un système de confiance en est un second. Dans l’ensemble, cela doit vous alerter. En ce qui me concerne, dans ces cas là, je refuse d’acheter. Tant pis pour le vendeur. Tant pis pour moi : j’aurais pas l’objet, mais au moins je suis sûr de ne pas perdre mon argent.

image d’en-tête de Quazie

Mettez votre ceinture

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Voir :

(via Maitre Eolas)

C’est un article triste.

Mais il est à faire lire à ceux qui veulent pas mettre leur ceinture car ils « sont majeurs ».

Qu’on soit clair : les accidents ça arrive : au détour d’un virage en pleine descente à 50 km/h, on s’écarte un peu trop pour une voiture qui arrive en face, mais sur les graviers dans le bas-côté ça glisse, on freine. Grave erreur : on fait un 1/4 de tour, car freine du gauche et pas sur les cailloux, toujours en descente, on culbute et on finit la tête en bas dans le fossé après avoir fait un tonneau avec sa Kangoo…

Une erreur de jugement alors qu’on fait ce trajet tous les jours. Un concours de circonstances (virage, gravier), une erreur de manœuvre (coup de frein sur les graviers…). Ça arrive, même sans avoir bu, même sans être sur le portable.

Ça m’est arrivé.

Je me souviens de la chanson qui passait sur l’autoradio.
Je me souviens du « bang » des airbags
Je me souviens du nuage de talc qui vole. Du bruit des vitres qui éclatent. Du black-out qui s’ensuit.

… et du réveil dix secondes après, suspendu dans le vide par la ceinture avec du verre partout. Heureusement je n’ai rien, je peux me hisser hors de la voiture, placer le triangle qui se trouve à côté du siège passage alors qu’on l’avait mis dans le coffre.

Je serais probablement mort ce vendredi 13 il y a environ 5 ans si j’avais pas mis ma ceinture.
Je le sais, j’en suis conscient : la ceinture de sécurité m’a sauvé la vie.

Elle a aussi évité un deuil à mes proches.

Ça on s’en rend compte seulement après.

Mais bon, tout ça, ça arrive. C’est bien arrivé pour moi. Au moins, de ses erreurs, on apprend.
Ça peut arriver de nouveau, même en faisant très attention : on n’est pas à l’abri d’un imprévu, comme d’un animal qui surgit, d’un pneu qui éclate, une flaque d’huile… suivi d’une perte de contrôle.

Ce qui ne devrait jamais arriver, par contre, c’est partir sans mettre sa ceinture.

Démarrer en se disant « je ne la mets pas, je suis majeur », ça, ça n’arrive pas tout seul. C’est un choix délibéré.
Un choix qu’il faut assumer, ainsi que ses conséquences, parfois tragiques, comme dans le lien.

Maintenant, on ne change pas le passé. Mais on peut changer l’avenir. Le sien, mais aussi celui des autres.

Mettez votre ceinture. Mettez celle des autres. Ne démarrez pas si c’est pas fait. La ceinture sauve des vies. Ne pas la mettre peut vous tuer, ou tuer quelqu’un d’autre.

C’est tout ce que je peux dire. Pensez à vos parents, vos enfants, votre famille. Vous n’avez pas envie de les voir supporter un deuil qui soit le résultat d’un choix idiot de votre part.

Et les accidents peuvent être le fait d’autrui ou d’autre chose aussi : animaux, météo, défaillance, quelqu’un d’autre… Des choses qu’on ne contrôle pas. Mais pour tout le reste, on peut agir. On doit agir : faire tout ce que l’on peut et avant de se mettre en route.

Oui, il faut parfois s’élever contre ses amis « qui sont majeurs ». Mais retenez une chose : passer pour un relou c’est toujours mieux que passer à travers le pare-brise.
Ces mots sont durs à dire. Ils sont sûrement aussi dur à entendre de la part de quelqu’un d’autre. Je pense que ça doit être dit malgré tout. Tant pis si ça offusque, tant pis si ça choque : il vaut mieux ça que mourir.

Donc oui : vous êtes majeurs, mais ne soyez pas idiot. Mettez votre ceinture. Tout le temps.

image d’en-tête

Un mot ou deux sur l’alcool qui fait polémique

Des bouteilles de boissons alcoolisées.
Ça avait déjà fait jaser en janvier pour le « #dryJanuary », jusqu’aux ministères de la santé-mais-pas-trop, voilà que ça revient à cause d’un truc à la télé d’où il ressortirait selon la rédaction que ne pas boire c’est être chiant.

Les réseaux sociaux débordent depuis lors de témoignages de gens qui ne boivent pas d’alcool et de qui l’on se moque, qui se voient proposer de l’alcool avec insistance… bref, subir un non-respect de leur choix.

Pas que ma parole vaut quoi que ce soit, mais j’aimerais juste dire à ces gens : tenez bon, restez vous-mêmes. Vous faites ce que vous voulez. Ce n’est pas vous qui êtes chiants, ce sont ceux qui insistent et ceux qui ne vous respectent pas.

Là, c’est tout ce que j’avais à leur dire.

Mais ce n’est pas tout ce que j’ai à dire. Je suis moi-même quelqu’un qui boit très peu d’alcool. Pas zéro, mais très peu quand-même.

Honnêtement je me fiche de ce qu’on peut penser de moi : collez-moi l’étiquette du mec chiant si ça vous amuse de taguer les gens. Je sais que certains ne vivent que par ça. À la limite, je préfère : au moins je sais à qui j’ai à faire.
Par contre, si mon propre témoignage peut en aider ne serait-ce qu’un autre à pas se sentir seul, exclu, différent… ou chiant, ben tant mieux. Si mon témoignage peut peser en faveur du respect des choix de chacun, bien, très bien même ! Cet article n’aura pas servi à rien si c’est le cas.

Me concernant, donc, je dois plutôt être chanceux : on m’a très peu emmerdé avec ça. On m’a déjà proposé, mais presque jamais on a insisté.

Les quelques fois c’étaient essentiellement des gens avec une génération de plus que moi-même (beaux-parents, collègues bien plus âgés…). Pratiquement jamais des gens de mon âge (amis, famille, amis de la famille…).
Hasard ? Je ne sais pas. Mais y a peut-être une question générationnelle à creuser.

Quant aux autres :
— Est-ce parce que mes amis sont majoritairement raisonnables avec l’alcool eux-mêmes ?
— Est-ce parce que mes amis sont particulièrement respectueux du choix de chacun ?
— Est-ce parce que je me déplace chez les autres en voiture, et a donc une « excuse parfaite » pour ne pas boire ?

Probablement.
Ceci dit, je n’ai pas attendu de conduire pour ne pas spécialement boire d’alcool, et j’ai aussi quelques connaissances qui ne sont pas très raisonnables. Difficile, donc, de trouver une raison unique, si ce n’est une meilleure notion du respect des autres parmi mes proches que parmi, de toute évidence, les proches d’un énorme paquet de monde. J’en suis attristé pour ces gens (même si on a aussi les amis qu’on choisi).

Mieux, on m’a déjà remercié d’être sobre en fin de soirée pendant que les autres étaient tous plus ou moins étalés par terre. J’imagine que c’est plus facile de ranger ou nettoyer, ou aider les autres à marcher droit quand on est soi-même en état de ranger, nettoyer, ou marcher droit.

Pour finir, plus haut je disais que je ne buvais pratiquement rien. C’est vrai : il m’arrive de boire. C’est juste très rare. On parle de cinq fois par an, peut-être. J’adore le cidre par exemple, et j’apprécie un mojito, ou le salmiakki-koskenkorva (une boisson finlandaise à base de vodka, de réglisse et de chlorure d’ammonium), et même un paquet de trucs en vérité. Pour moi, ça reste des denrées comme les autres et y a beaucoup de choses à découvrir, y compris des goûts sympas.
Mais ce n’est clairement pas pour me saouler la gueule. Ni pour faire plaisir à quelqu’un d’autre, et encore moins pour faire comme tout le monde. Ça n’a aucun intérêt.

Je ne sais pas pourquoi d’autres boivent jusqu’à ne plus tenir debout, mais après tout tant mieux s’ils aiment ça, j’ai envie de dire ! Si ce n’est que ça, cela ne fait de mal à personne.

Mais moi, je n’aime pas. C’est pas mon truc. Get over it.
Je n’en ai pas besoin pour me sentir bien, ni pour m’amuser. Ni pour quoi que ce soit.

Enfin, juste pour dire : je ne bois pas non plus de café (beurk), je limite fortement le coca (a.k.a. déboucheur à évier à bulles). Et tout ce qui est Red Bull, je trouve ça simplement infect. Juste pour dire, donc, que je ne suis absolument pas en guerre contre les boissons alcoolisées. J’assume simplement mes goûts, alcool ou non. Et si le goût de l’alcool en général n’est pas ce qui me dérange, ses effets sont quelque chose que je cherche à éviter.

Non vraiment, servez-moi un thé noir, un jus de fruit quelconque ou encore un chocolat chaud : vous me ferez carrément plus plaisir qu’avec n’importe quelle bière, champagne ou vin, y compris un grand cru.

Image d’en-tête produite par Bing AI

Comment retrouver une formule en maths ou en physique ?

Je peste assez souvent sur le fait que, en cours de maths ou de science, ou même lors des formations professionnelles, l’on nous crache des formules sur un tableau que l’on doit ensuite copier sur un cahier et ressortir en contrôle, puis faire trois ou quatre applications numériques pour « montrer qu’on a bien compris ».

Sauf qu’appliquer une formule littérale en y injectant des valeurs numériques, ce n’est n’est pas « comprendre la formule » et la physique sous-jacente. C’est comprendre le principe d’une formule quelconque, c’est tout.

Un exemple simple : l’énergie électrique consommée, c’est égale à la puissance produite multipliée par la durée de production. La puissance s’exprime en kilowatts, et la durée en heures. L’énergie étant le produit des deux, c’est pour cette raison que l’énergie s’exprime habituellement en kilowatt⋅heures, c’est à dire des kilowattheures.
Inversement, si l’on divise une énergie consommée par une durée, on divise des kilowattheures par des heures, et on se retrouve avec des kilowatts, une puissance. La puissance est donc un débit d’énergie.

Toutes les formules en sciences ont une logique comme ça.

Autre exemple : si une grandeur dans une formule se trouve au numérateur, et qu’elle augmente, elle augmente aussi ce qu’on cherche à calculer. Si la même grandeur est au dénominateur, son augmentation diminue notre résultat ! Trivial quand on le sait, mais compliqué pour beaucoup.
Pourquoi ? Parce que c’est tellement trivial qu’on ne l’enseigne pas, ou bien qu’on n’insiste pas dessus avec une l’importance qui s’impose.

Dans l’autre sens, maintenant, quand on a un ensemble de grandeurs que l’on sait reliées par une formule que l’on a oublié, on peut prendre chaque grandeur et voir ce qu’elle fait sur le résultat : si elle l’augmente ou la diminue, on peut savoir s’il faut la mettre au numérateur ou au dénominateur respectivement.

Dès l’instant où l’on a un minimum d’intuition sur l’action des grandeurs entres elles, on retrouve assez facilement les formules pour peu qu’elles soient assez simples.
Pour les formules plus complexes, avec des racines ou des exponentielles, on peut utiliser l’outil très puissant de l’analyse dimensionnelle.
En résumé, des outils existent pour retrouver n’importe quelle formule physique simplement avec la liste des grandeurs qui doivent s’y trouver.

Ça c’était l’intro.

Si j’en parle c’est pour ce qui suit.


Récemment je discutais avec quelqu’un qui posait la question de savoir combien il y a de combinaisons possibles sur un cadenas à 3 chiffres. Vous pouvez essayer en posant la question autour de vous : normalement, tout le monde tombe dans le piège et dira « 999 », là où la réponse est 1 000, car il ne faut pas oublier la combinaison 000, en plus des neuf cent quatre-vingt-dix-neuf autres de 001 à 999.

Si cadenas dispose de 3 disques et que chaque disque permet de choisir un chiffre parmi 10, alors le nombre de combinaisons est 10 à la puissance 3, soit 10³.
Plus généralement, avec N disques de M valeurs, alors le nombre de combinaisons possibles est MN.

La personne avec qui on s’amusait sur ces calculs se souvenait d’une formule avec des factorielles. Je m’en souvenais aussi, mais quelle était cette formule ? Comment la retrouver ?

Sur un cadenas à 3 disques de 10 chiffres, le nombre de combinaisons est bien 10³. Pas de factorielles ici. La raison est que chaque disque a autant de chiffres et que on peut réutiliser plusieurs fois le même chiffre.

À l’inverse, si on avait un cadenas qui interdisait d’avoir plusieurs fois le même chiffre, le formule n’est plus 10×10×10, mais plutôt 10×9×8. La raison est que l’on a 10 choix sur le premier chiffres, mais une fois qu’on a choisi le premier, le second chiffre n’a plus que 9 choix, vu que l’on s’interdit de prendre le chiffre du premier disque. Pour le troisième disque, on s’interdit les chiffres des deux autres disques, d’où seulement 8 possibilités restantes. Le nombre de combinaisons est donc 10×9×8, soit 720.

On remarque ici que 10×9×8, c’est le début de l’expression d’une factorielle : en effet, 10! = 10×9×8×7×6×5×4×3×2×1.

Comme il nous faut seulement le 10×9×8, on peut prendre 10! et le diviser par 7!, c’est à dire 7×6×5×4×3×2×1. Ainsi, il ne restera effectivement que 10×9×8 lorsque l’on simplifie. La formule pour un cadenas où chaque chiffre doit être unique est donc 10!÷7!

Or, 7 = 10−3, d’où la formule qui est plus précisément : 10!÷(10-3)! Le 10 étant le nombre de chiffres sur chaque disque et 3 étant le nombre de disques. On retrouve notre formule générale, avec des factorielles :

formule mathématique : M!/(M-N)!
Où :

  • N est le nombre de disques
  • M le nombre de chiffres par disque
  • Dans un cas où l’on s’interdit de prendre plusieurs fois le même chiffre.

Cette formule, je ne la connaissais pas par cœur. Je ne la connais toujours pas par cœur. Mais je la retrouve très facilement.

Cette formule est applicable quand on fait ce qu’on appelle un tirage sans remise.

C’est à dire que l’on tire un élément d’un ensemble (par exemple le premier chiffre parmi un ensemble de 10 chiffres), sans la remettre dans l’ensemble pour les tirages suivants. De plus ici, l’ordre a une importance : le tirage {1,2,0} est différent de {2,0,1} par exemple. Le tiercé dans l’ordre aux courses de chevaux est un exemple où l’on pourra employer ceci.

C’est donc différent du Loto. Au Loto, l’ordre n’est pas important. Le tirage {1,2,3,4,5} a autant de valeur que le tirage {3,5,2,4,1} ou encore {5,4,1,2,3}. Autrement dit, on a davantage de chances de gagner que s’il fallait trouver le bon ordre, en plus des bons chiffres.
Pour le loto, avec 5 boules, on a 5×4×3×2×1 façons de les arranger, soit 5! = 120 arrangements, ayant tous la même estime pour la Française des Jeux.

La formule précédente qui donne le nombre de possibilités différentes de tirages sans remise mais ordonnés est donc à diviser par 5!, et l’on aura la formule qui donne le nombre de possibilités différentes de tirages sans remise et sans ordre.

Autrement dit :

Formule : M!/(M-N)! ×1/N!
Ou

Formule : M!/((M-N)!N!)
La voici donc, la formule avec les factorielles, retrouvée assez facilement et sans aide.

Ainsi, pour le loto, le nombre de possibilités pour un tirage de 5 boules parmi 49 valeurs est 49!÷((49-5)!×5!), soit 1 906 884 possibilités de tirages. En d’autres termes, on a une chance sur 1 906 884 de gagner.
Si l’on devait tenir compte de l’ordre, on aurait 120 fois plus de possibilités, et donc d’autant moins de chances de gagner. La probabilité deviendrait alors une chance sur 228 826 080.


Et si l’on voulait enseigner quelque chose, c’est ce type de raisonnement qu’on chercherait à faire apprendre et à ressortir lors d’un contrôle.

Pas juste la formule toute prête suivie de quatre ou cinq applications numériques. Une application numérique, c’est juste un exemple d’utilisation d’une formule. Mais retrouver la formule elle-même, y compris si c’est petit à petit, ça c’est démontrer que l’on a compris quelque chose. Ça c’est quelque chose de beaucoup plus important, et de bien moins courant.

Des chiffres sur la regénération dans une EV

Image d’une voiture électrique devant une station électrique avec des statistiques.
Je possède une EV, et j’ai aussi acquis un scanner OBD-2 (On-Board Diagnostic). Il s’agit d’un petit boîtier (ou dongle), qui se branche sur la prise diagnostique de la voiture. Le boîtier peut alors lire les informations de l’ordinateur de bord.

Les informations affichées (via la liaison avec le smartphone) vont du compteur de vitesse au compteur kilométrique, à la température extérieure et intérieure, au taux d’oxygène dans le carburateur (sur une thermique) ou la tension et la température des cellules (dans une voiture électrique), etc.

C’est aussi par là que le garagiste peut lire les fameux « codes erreur » (codes DTC, pour Data Trouble Codeliste de codes DTC ici) de la voiture lorsque le témoin d’erreur s’affiche.

Toutes les voitures vendues depuis 2001 en Europe disposent d’un port OBD-2, y compris sur les voitures électriques, qui ont alors des codes et des informations spécifiques pour elles.

Dans la mienne et avec l’outil que j’ai, j’ai 27 pages d’informations (dont 7 pages sur les tensions sur chaque cellule). Ça fait un gros paquet d’informations pour tout nerd qui aiment les chiffres :

  • tensions et température des cellules ;
  • température et hygrométrie de l’habitacle ;
  • vitesse et accélération en temps réel ;
  • couple et puissance distribuées aux roues ;
  • angle de rotation du volant ;
  • actions de l’auto-pilote ;
  • connectivité diverses ;
  • consommation en énergie ;
  • vitesse de charge ;

Parmi elles figurent aussi les données accumulées d’énergie : combien d’énergie j’ai injecté dans la voiture depuis que je l’ai ?
Cette donnée en particulier permet quelques calculs et statistiques, et c’est sur ça que je reviens ici.

Liste de données utiles relevées

Les chiffres qui nous intéressent aujourd’hui :

  • ODO (Odomètre : nombre total de km roulés) : 17 251 km ;
  • AQC (accumulated quick charge) : 382 kWh ;
  • ANC (accumulated normal charge) : 1 875 kWh ;
  • CEC (cummulative energy charged) : 3 567,8 kWh ;
  • CED (cummulative energy discharged) : 3 440,9 kWh ;

L’ODO, c’est simple : c’est l’odomètre, le compteur de kilomètres.

L’AQC : c’est la quantité d’énergie (en kWh) chargée sur un chargeur rapide (quick charge), au total, cumulativement.
L’ANC : c’est la quantité d’énergie (en kWh) chargée sur un chargeur normal, ou lent, au total, cumulativement
La somme AQC + ANC est donc l’énergie totale que l’on a chargée avec une prise de recharge.

Le CEC : c’est une information donnée par le système de gestion de la batterie (BMS) et qui représente la quantité totale d’énergie qui a transité dans la batterie. Ceci inclut donc l’AQC et l’ANC, mais également l’énergie régénérée grâce au freinage régénératif.
Le CED : c’est la quantité totale d’énergie sortie de la batterie. Celle-ci peut avoir servie pour rouler, pour charger la batterie 12 V, pour faire tourner les accessoires, le chauffage, etc.

Avec tout ça, quelques calculs sont possibles.

Consommation moyenne à la prise

J’ai fait 17 251 km.
J’ai chargé — avec une prise — 382 + 1 875 = 2 257 kWh.

Conclusion : je roule à environ 130 Wh/km, soit 13 kWh/100 km. C’est tout à fait honorable, sachant que ce sont des trajets assez représentatifs de ce que je roule toute l’année, y compris avec des longs trajets.

ÉDIT : ces trajets sont pris entre fin mai et début décembre. En toute rigueur, je referais un calcul en mai de l’an prochain, pour prendre en compte les chiffres de cet hiver.

À cela, on peut ajouter 10 à 15 % de pertes de recharge. En gros, pour chaque kWh reçu par la voiture, environ 10 % est perdue en chaleur entre la prise et la batterie. Cette perte n’est pas prise en compte par l’affichage de la consommation de la voiture.

Ceci donne donc une valeur, celle que je paye, d’environ 15 kWh/100 km. Ça reste un bon score, une bonne moyenne parmi les différentes voitures électriques du marché (à qui on doit également rajouter ~10 % à la valeur affichée).

On voit aussi que l’essentiel de la conso se fait à la maison : l’ANC est bien supérieur à l’AQC. Je fais comme la majorité des gens sur ce point-là. Je ne me vois pas faire autrement : c’est le plus pratique et le plus économique.
Ceci dit, si je n’en avais pas la possibilité et si j’avais une borne en bas de chez moi, je m’en sortirais, c’est juste que je verrais ça comme une contrainte, tout comme faire un plein d’essence était plus une contrainte qu’autre chose aussi.

Consommation moyenne au véhicule

La consommation ci-dessus, les 15 kWh/100 km c’est ce que je paye à EDF. Ce n’est pas ce que consomme le véhicule, ou le moteur, lorsqu’il tourne. Lui, il consomme beaucoup plus.

Pour ça, regardons le CEC (charge) et le CED (décharge).
Le CEC indique l’énergie totale qui est rentrée dans la batterie, et le CED c’est pour ce qui est sorti.

On voit que le CEC est plus élevé que l’AQC+ANC. L’énergie qui a transité vers la batterie est donc plus élevée que ce que l’on a chargé : c’est normal : le CEC intègre l’énergie gagnée lors du freinage régénératif.

La régénération, c’est de l’énergie qui est récupérée et stockée dans la batterie lorsqu’on utilise le frein moteur électrique. Cela peut être lorsqu’on ralentit, ou dans une descente. Cette énergie est stockée au lieu d’être perdue dans l’usure et l’échauffement des plaquettes de frein ou de la compression de gaz dans un moteur à piston lors du freinage moteur.

En termes de consommation du moteur et du reste des accessoires du véhicule, c’est ça qui faut prendre.

Avec ces chiffres, et avec l’ODO, on tombe donc sur 20 kWh/100. C’est ce que l’on consommerait si la régénération n’existait pas. C’est ce qu’une logique de voiture thermique consommerait.

Ce chiffre est plus élevé que les 13 ou 15 kWh/100 km, mais on s’en fiche : on ne paye pas la différence, il s’agit de récupération d’énergie.

(ÉDIT : cette énergie inclut aussi l’énergie transitant par la batterie dans le cas où on utilise le V2L (vehicle-2-load), le V2H (vehicle-2-home) ou V2G (vehicle-2-grid), qui ne sert donc pas pour rouler mais pour alimenter un appareil externe ou sa maison — certaines voitures le permettent, dont la mienne, même si sur ces chiffres je ne m’en suis pas encore servi. Les chiffres ici sont donc uniquement lié au régen)

Rendement de la batterie

Le CEC est de 3 568 kWh et le CED est de 3 441 kWh. Autrement dit, la batterie a vu rentrer 3 568 kWh et vu sortir 3 441 kWh. La différence de 127 kWh est liée aux pertes thermiques de la batterie : une partie de ce qui est rentré n’en est jamais ressorti ! Aussi, n’oublions pas la quantité d’énergie actuellement dans la batterie, qui est donc mise dedans sans en être sortie encore !
À ce moment-là, la batterie contenait 52 kWh. Les pertes ne sont donc « que » de 75 kWh.

Tenant compte de ça, on trouve que le rendement électrochimique de la batterie est un remarquable 97,8 %. Ça signifie que pour 100 kWh qui entrent dans la batterie, on peut en restituer 97,8 ; et le reste, la différence de 2,2 %, sera perdue.

Pas mal, et d’autant plus que sur les longs trajets dans le froid, une partie de ces 2,2 % de pertes thermiques est utilisée pour chauffer l’habitacle. Efficience énergétique jusqu’au bout (une thermique recycle elle-aussi la chaleur perdue du moteur).

La régénération : combien ?

La différence entre le CEC et le ANC+AQC donne la quantité d’énergie totale qui a été mise dans la batterie hors cycle de recharge, donc uniquement avec de la régénération.

On est ici à 1 311 kWh, soit 1,3 MWh. C’est quand-même assez conséquent.
Au tarif EDF de base, ça revient à 260 €.

Une voiture électrique sans régen (ou une conduite qui n’en profite pas) aurait donc eu à payer tout ça en plus en courant pour la même distance parcourue. Raison supplémentaire pour apprendre la conduite électrique et l’usage du freinage régénératif. Normalement la voiture le fait toute seule, mais une conduite adaptée permet de l’optimiser (et une conduite inadaptée a pour effet de shunter cette possibilité).

Toute cette énergie est de la récupération lors des descentes et des freinages. Oui, on parle en mégawattheures. Tous les véhicules électrifiés (électriques (EV), hydrogène à pile à combustible (FCEV), hybrides (HEV), hybrides rechargeables (PHEV)…) récupèrent cette énergie et l’utilisent pour rouler au lieu de cramer des plaquettes et des disques de frein.

À raison de 20 kWh/100 km, ça correspond à avoir roulé 6 550 km uniquement grâce à cette récup, soit plus de 33 % de ce que j’ai roulé. Le fait de rouler beaucoup en montagne doit aider à mon avis, mais ça reste conséquent (et réel dans mon cas).

Ceci rejoint le chiffre de ~30 % de consommation de carburant en moins retrouvée sur les hybrides par rapport à leur modèle non-hybride. Ce n’est donc pas absurde, même si je persiste à trouver ça impressionnant et intéressant.

Notons que la régen est d’autant plus pertinente pour les voitures qui font des trajets en ville, routes de campagne, ou montagne. Là où on ralentit, s’arrête, ou profite souvent des descentes. Si vous faites exclusivement de l’autoroute, le gain est moins important sur une électrique. Il peut subsister un gain conséquent sur les hybrides pour des questions de cycle optimal du moteur thermique (sur une hybride, à chaque fois que vous roulez et que le moteur thermique s’éteint, c’est de l’énergie « gagnée » grâce à l’hybridation).

Et en termes de CO2 ?

17 000 km, ça fait combien de CO2 ?

J’ai consommé, voir plus haut, 2 257 kWh, incluant les pertes au chargement (de 10 à 15 %).

En France, en été — cet été — l’électricité chez EDF a émis environ 20 gCO2/kWh. Ça revient donc à 55 kg de CO2 émis. Ce n’est pas rien, mais c’est sur 17 000 km.

Si j’avais fait ça en voiture essence, j’aurais émis beaucoup plus. Chaque kilogramme d’essence émet environ 3 kg de CO2 (la molécule de CO2 a environ trois fois la masse de son seul atome de carbone).
55 kg de CO2 correspondent donc aux émissions de 18 kg d’essence, soit environ 25 litres.

Et 25 L d’essence, c’est environ 350 km de parcourus (à raison de 7,1 L/100 km, qui semble la moyenne — on peut compter 700 km si l’on veut, on reste un ordre de grandeur en dessous de la distance parcourue par une EV pour un tel bilan).

En d’autres termes : on émet autant de CO2 en 17 000 km en EV qu’en 350 km en thermique. Si j’avais fait 17 000 km en thermique, ça aurait produit 2 715 kg de CO2. Sacrée différence !

Incidemment, ces 2,7 tonnes représentent environ 90 % du surplus de CO2 émis à la production d’un VE par rapport à un VT (qui est de ~3 tonnes selon les sources, et probablement selon les voitures aussi).
Dit autrement, dès ~19 000 km, je serais gagnant en termes de CO2 : ce que j’ai émis en plus en achetant une EV, je l’aurais compensé par une (quasi)-absence d’émission à l’usage (considérant que ces trajets auraient été là même si j’avais pris une voiture essence d’un gabarit similaire).

On peut aussi dire que la VE ne serait toujours pas perdante en termes de CO2, même si je changeais de batterie tous les 19 000 km… ce qui est on n’est plus éloigné de la réalité, vu qu’elles sont prévues pour durer au moins de 200 000 à 750 000 km.

Au final, si on considère 200 000 km comme la durée de vie d’une voiture, une thermique émet 4x plus de CO2 qu’une EV (incluant production et usage de la voiture).
Dans le cas, donc, où les trajets sont réalisés quoi qu’il arrive, alors on peut acheter 4 EV et ça émettra toujours moins qu’une thermique qui continue de rouler.

Enfonçons donc le clou : non, garder sa vieille voiture thermique au lieu d’acheter une électrique n’est pas un geste pour le climat. Au contraire.

(PS : ces calculs sur le CO2 sont faits pour la France, avec le mix énergétique fortement décarboné que l’on a. Il est aussi valable pour les pays scandinaves, Québec et quelques autres régions du monde. Si vous êtes en Allemagne, en Pologne, au Texas, ou même aux Pays-Bas, qui ont un mix électrique fortement carboné grâce aux écologistes, le gain — bien que positif — est [i]nettement moins fort).[/i]

Conclusion

Un module OBD-2 peut-être sympa à explorer, quel que soit le véhicule.

Sur une électrique comme ici, ça m’a permis de sortir quelques chiffres, basés sur une conduite quotidienne réelle et fortement mixte, tant en vitesse qu’en termes de relief (je fais du plat, de la montagne, un peu de tout).

Attention : ce n’est pas parce que c’est mixte que ça sera représentatif pour vous. Pour ce qui est de la conso brute, évidemment elle augmente avec la vitesse (plus d’autoroute = consommation qui monte). Pour ce qui est de la proportion de régen, elle augmente en ville et en montagne.

Ces calculs permettent de voir que le rendement électrochimique de la batterie est excellent (97,8 %), bien que cela exclut les 10 à 15 % de pertes entre la prise chez vous et la batterie. Ce chiffre n’est pas de moi, mais semble retrouvée sur pratiquement tous les véhicules (voir là).
On peut aussi donner 15 kWh/100 km réels — à la prise — pour la Ioniq 6 la moins efficiente (AWD 20"), et par un temps d’été. Comme j’ai dis, je reviendrais après avoir bouclé une année.

Concernant la régénération, avec une conduite montagneuse, mixte, et aux limitations de vitesse (110 sur autoroute), on obtient environ 33 % de trajets roulés uniquement grâce à de la récupération. C’est assez extraordinaire.

Ma voiture et mon module OBD, enfin :

  • Ma voiture : une Ioniq 6 AWD Grande Autonomie ;
  • Le module OBD-2 que j’ai : OBD-Link CX (lien Amazon – comptez environ 100 €). C’est un module très connu. Peut-être plus cher que les basiques, mais y a peu de chances que votre voiture ne soit pas supporté

Pour ce qui est de l’application que j’utilise, oubliez celui d’OBD-Link. Prenez plutôt Car Scanner (sur l’Apple Store — sur Android Play Store). Perso j’ai payé les 7,99 € de la version payante sur iOS.

Image d’en-tête produite par Bing AI

EDF & l’effet « Bison Futé », ou comment espérer à tout prix se tromper

des pylônes électriques au Canada

L’effet Bison Futé ?

Ce que j’appelle l’effet Bison Futé personnellement, car il ne me semble pas que ce soit le nom « officiel », date de l’époque avant Waze et compagnie.
C’est un peu le contraire d’une prophétie auto-réalisatrice. Peut-être une prophétie auto-inhibitrice ?

Bison Futé, à la télé (et pas que) c’était une « météo des autoroutes », où on annonçait le soir les prévisions de bouchons sur les routes pour le lendemain.
Chaque journée pouvait alors être classée verte, orange, rouge ou noire en fonction de la prévision. Vert signifiant un trafic fluide, noir un trafic fortement bouchonné, très dense, avec beaucoup de monde sur les routes.

L’idée était que les gens sachent à quoi s’attendre et se préparent, voire décalent leur départ ou modifient leur trajet.

L’effet, tel que je l’appelle, c’est que si un jour était annoncé « noir », la circulation pouvait finalement être fluide si suffisamment de gens modifiaient leur trajet.

Paradoxal ?

Oui à première vue, mais en réalité c’est logique : si la journée était noire sur une route donnée, une partie des gens, prévenus, préféraient faire un détour, libérant ainsi l’autoroute. Le trafic routier était alors dilué sur les autres routes ou bien dans le temps (si l’on décalait le départ un peu plus tôt dans la journée).

Bien-sûr, une bonne partie des gens en concluaient que Bison Futé ne fonctionnait pas et s’étaient trompé dans leur prévision. Mais pour Bison Futé lui-même, se tromper comme ça était le signe que le système fonctionnait parfaitement : non seulement la prévision était fondée, mais l’attente que les gens évitent la route noire se réalisait.

À l’époque, tout ça était basé sur les dates de début des vacances, de fin des vacances, des sondages dans la rue ou ailleurs, et probablement — déjà à l’époque — des informations obtenues au niveau des hôtels ou agences de voyage pour savoir quels étaient les jours où beaucoup de personnes avaient prévu de partir.

Aujourd’hui, les bouchons sont affichés en temps réel par Waze (Google), Apple, Tomtom… Ces entreprises, via votre GPS ou votre téléphone savent où vous êtes (via la géolocalisation) et savent donc si beaucoup de personnes sont au même endroit ou n’avancent pas sur une route (ie : un bouchon). L’algorithme qui propose l’itinéraire peut alors recalculer le trajet pour éviter les zones bouchées, le tout en direct.

Ça marche bien (même s’il est possible de troller l’algorithme en se promenant avec 99 téléphones sur soi et faire croire à Google Maps qu’il y a autant de voitures coincées dans un bouchon)

Quel rapport avec EDF ?

On peut mettre ça en parallèle avec Ecowatt, qui est un peu la météo de l’approvisionnement de notre électricité. Ici aussi, on a des prévisions de journées verte, orange, rouges, et ici aussi il est attendu que les gens prennent leur dispositions pour éviter la panne.

En effet, EDF (ou ses filliales RTE, Enedis, etc. qui gèrent le transport du courant dans les fils électriques et la distribution aux clients) publie chaque jour les prévisions pour les 2-3 jours à venir. S’ils prévoient subitement un jour « rouge », ils s’attendent à ce que les gens coupent leurs appareils électriques ou décalent leur consommation.
Le risque est réel : EDF préférera (et à raison) couper des portions du réseau afin de soulager ce dernier. Car si ce n’est pas fait, et que le réseau finit en surcharge, on risque une énorme panne : le « black out », qui mettrait des jours à être rétabli (on ne rallume pas une machine électrique de la taille d’un pays avec un simple bouton).

Maintenant, si tout le monde joue effectivement le jeu, alors le réseau est soulagé, les coupures ne sont pas nécessaires et la journée « rouge » n’a finalement pas viré à la « catastrophe ».

C’est l’effet Bison Futé : le fait que la catastrophe prévue ait été évitée par l’action collective des gens pour éviter ladite catastrophe.

Ce système est bien pensé, je trouve; mais il est aussi risqué.

Il y a un fort risque qu’un grand nombre de personnes, par incrédulité ou simplement par manque de compréhension, finissent par penser que si y a pas de coupure les jours rouges, c’est que EDF ment ou se trompent, et que finalement éteindre les appareils est totalement inutile, et du coup ne le font plus.

Or c’est bien tout le contraire : s’il y a une prévision de coupure, que les gens agissent et évitent la coupure, ça ne veut pas dire que la prévision était fausse ! Ça veut dire que les actions de tout le monde ont porté leur fruit. Et surtout : qu’il faut continuer !

Inversement, chez EDF, ils ne doivent pas tomber dans le piège inverse : vu que la coupure a été évitée un jour rouge, ça ne signifie pas que le lendemain, initialement prévue rouge aussi, peut être passée verte.
Car là, le risque serait que tout le monde se dise « ok, c’est bon, on peut tout rallumer », et hop, black-out. Mais je ne crains pas trop que ça se produise.


Ce qui suit n’est qu’un avis complémentaire.

Oui, on a des soucis d’électricité actuellement.

L’hiver vient seulement de commencer, le parc nucléaire n’est pas encore totalement remis d’une grosse opération de maintenance (pour cause retard Covid), et le parc renouvelable peine à fonctionner à cause d’une météo qui ne s’y prête pas. Heureusement, les barrages hydro à sec à cause de cet été sont globalement à un niveau normal (c’est toujours ça).
Bref, l’approvisionnement est tendu.

Pourtant il n’y a pas encore eu de coupures : tout est géré à la perfection, et c’est un travail très compliqué d’ajuster la production à la demande à la minute près, car si c’est mal fait, tous les systèmes, des centrales jusqu’à votre télé, en passant par tous les postes de transformation, compteurs ou armoires électriques, peuvent se mettre en défaut, et là c’est le black-out et tout être relancé, dans l’ordre et tout doucement.

Aussi, si personne ne change ses habitudes, des coupures il y en aura.

Par contre, si tout le monde joue le jeu, on passera probablement l’hiver sans coupures. Mais pour ça, il faut continuer à jouer le jeu.

Maintenant, je dis aussi que si nous passons l’hiver sans coupure, ça sera grâce à l’action de chacun et chacune d’entre nous qui auront agi, et ça sera une victoire. Et pour ça, il faudra qu’on se remercie réellement. Rendez-vous à la fin de l’hiver pour le voir.

Mais ne vous y trompez pas : si EDF dit rouge et que finalement tout se passe bien, c’est signe que le système fonctionne exactement comme prévu.
Pas que les prévisions sont mauvaises. Ne vous laissez pas avoir par l’effet « Bison Futé ».

image d’en-tête de Indigo Skies

Foutez-moi la paix avec le « patriotisme »

I served the soviet nation meme.
Une petite réflexion sur le « patriotisme ».

Certains se disent amoureux de leur pays, prêt à combattre pour lui, le défendre ou même de mourir pour lui. C’est quelque chose que je peux comprendre : chacun a le droit d’aimer ce qu’il veut, et de mener le combat qu’il souhaite, ainsi que de juger si ce combat doit aller jusqu’à la mort — sa mort — ou non.

Je comprends, donc, mais je ne partage pas. Du tout.

Personnellement, il m’est totalement égal d’être un ressortissant d’un pays ou d’un autre. Je n’éprouve ni amour, ni haine, et ne ressent ni honte ni fierté de ma nationalité, ni d’aucune autre.

C’est quelque chose que je n’ai pas choisi et pour lequel je manifeste de l’indifférence.

Maintenant, je fais partie des gens qui vivent dans un pays, la France, alors qu’ils sont nés dans un autre, les Pays-Bas. Est-ce que ce changement était mon choix ? Non. Est-ce qu’il l’est désormais ? Oui. Est-ce que je suis content de ça : oui. Mais je ne le dois pas à ces deux états.

Vivre en France est un choix désormais, pour moi. Est-ce que je considère dès lors devoir quelque chose envers ce pays ? Non. Ce pays me donne-t-il quelque chose, lui ? Non.

Alors oui, comme les Français « français », j’utilise des services publics et des infrastructures au quotidien. Tout ceci sont des biens communs accessibles à tout le monde.
En tant qu’habitant ici, je fais ma part en travaillant et payant des charges, des impôts, des taxes, en participant à la vie de ce pays. Je participe à ça, comme tout le monde, comme n’importe qui — Français ou non-Français — en France. J’estime, qu’en faisant ce qu’ils me disent de faire pour avoir le droit de m’établir ici, je me suis acquitté de toute redevance envers ce pays.

Quant aux Pays-Bas ? J’y suis né, comme mes parents et mes ancêtres sur un certain nombre de générations. J’y ai également vécu plusieurs années, et je m’y rends de temps à autre. Une partie de ma famille y vit.

Bien-sûr que je partage quelque chose avec ce pays ! Mais ce n’est pas pour ça que je tire un quelconque honneur à ça. Si je vais aux Pays-Bas, ce n’est sûrement pas pour faire plaisir à l’État néerlandais ou à satisfaire un sentiment patriotique.

Le fait que je sois de nationalité néerlandaise, à la limite, ça constitue un sujet de discussion, ou un axe de comparaison entre les deux modes de vie, français et néerlandais.

C’est plutôt de ça, de cette expérience, que je suis fier : avoir vécu ailleurs et ici, et être en mesure de comparer les choses, de rapporter des bonnes idées d’ailleurs, ou de qualifier de mauvaises celles d’ici grâce à un œil extérieur qui peut prétendre savoir des choses que quelqu’un qui n’est jamais sorti ne peut juste pas connaître.

Mais cela, je ne le dois qu’à moi. C’est moi qui suis allé là-bas et suis revenu, comme n’importe qui peut le faire, et pour des raisons qui me regardent.

Donc, non. Non je n’ai aucun sentiment de patriotisme, ni envers le pays où je suis né, ni envers le pays où je vis. J’aime la localité, ainsi que le mode et le rythme de vie en France, mais ça n’a rien avoir avec le fait d’aimer la France en tant que patrie. On peut très bien être fier et vivre ailleurs. Perso je préfère vivre ici tout en étant indifférent.

Pour moi, encore, la nationalité ce n’est rien de plus qu’une donnée administrative qui dit à quel groupe arbitrairement défini on a décidé que je faisais partie. À aucun moment on m’a demandé mon avis. À aucun moment on s’est préoccupé des avantages que cela me procurerait. À aucun moment je n’ai à dire « merci » pour ça.


Ce billet fait suite à la guerre déclarée par la Russie à l’Ukraine, et plus précisément au fait que beaucoup de Russes désormais enrôlés de force dans l’armée, choisissent de se rendre à l’Ukraine, d’eux-mêmes, immédiatement, simplement parce qu’ils ne veulent pas combattre.

Et je comprends tout à fait ça : ces gens n’ont pas choisi de combattre. On les a forcés. Un état, qui n’a jamais fait quoi que ce soit pour eux, les a forcés.
À leur place, je ferais pareil.

Je soutiens ces gens dans ce choix, et ils n’ont pas à être moqués ou pointés du doigt : entre l’enrôlement forcé dans l’armée avec une mise à mort certaine au bout, et se rendre pour éventuellement refaire sa vie de l’autre côté, le choix est vite fait.

Pour aller plus loin : je n’ai rien contre les corps armés, tant que les gens qui se font la guerre entre eux le font volontairement et en connaissance de cause. Je pense aussi que c’est un mal nécessaire : la nature humaine est ainsi faite qu’il y aura toujours des sentiments belliqueux entre différents groupes de gens, différents peuples, et il me parait nécessaire de pouvoir se défendre contre ça (ou, de l’autre côté, d’attiser les rancœurs et la guerre, si tel est la volonté populaire : qui sommes-nous pour décider ?).
La seule chose que je ne peux accepter, c’est qu’on oblige les gens à aller se faire la guerre contre leur volonté.

Après tout, si personne parmi la population ne veut aller à une guerre décidée par un chef, peut-être ce dernier devrait-il ne pas faire la guerre et respecter la volonté de son peuple ? Et inversement : si t’es pour la guerre mais pas prêt à y aller toi-même, t’as pas à dire aux autres ce qu’ils doivent faire ou pas faire.

À propos de la destruction des monuments du passé qui gênent

Une statue soviétique.
J’ai par le passé gueulé contre les abrutis qui détruisaient les statues qui les dérangeaient, notamment certains Américains et les statues de Christophe Colomb.

Vous lirez le lien si vous voulez, vous verrez rapidement ce que j’en pense.

Ou pensais.

Récemment, avec l’attaque de l’Ukraine par l’envahisseur russe, certains pays issus de l’ex-URSS ont décidé de montrer leur soutien au peuple ukrainien en détruisant les symboles de ce passé communiste, notamment des statues.

Je n’ai pas pu m’empêcher de faire le rapprochement avec les statues de Colomb. Pour autant, ici, je serais d’avis de faire pareil : je condamne les actions de la Russie et ces choses-là ne sont pas à célébrer.

Par conséquent, je me permets d’amender mon avis (qui n’engage que moi).

Je pense dorénavant que les nations peuvent et doivent choisir les événements de leur passé qu’elles commémorent, indépendamment de leur importance historique. La honte de notre histoire n’est pas la nôtre, et elle ne doit pas entacher notre présent, et encore moins l’avenir.

Cependant, l’Histoire et ce qu’elle comporte de violence, a eu lieu et rien ne changera cela. Je pense donc également qu’il reste une nécessité de ne pas l’oublier, ne serait-ce que pour ne pas la reproduire. Cela peut passer par l’enseignement, la culture au sens large, ou des mémoriaux plus neutres : non pas glorifiant les envahisseurs, mais commémorant les victimes, par exemple.

Aucun peuple n’a une histoire exempte de violence, mais entre une statue à l’effigie d’un dictateur ou un conquérant sanguinaire d’une part et un mémorial neutre ou un musée de l’autre, il y a une différence et je préfère le second.

Ces deux points ne doivent pas aller l’un sans l’autre. Oui on peut retirer des symboles que nous ne voulons plus voir entacher dans l’avenir, mais non, on ne doit pas oublier le passé pour autant.

On pourrait résumer ça en « accepte ton passé, mais choisit ton avenir », à quoi j’ajouterais également « mais sois en paix avec les deux ».

image d’en-tête d’Ermakov

À propos des « micro-excès » de vitesse

Un automobiliste verbalisé par une policière.

Une réflexion est en cours au sein du ministère de l’Intérieur afin de ne plus retirer de points sur le permis de conduire des automobilistes coupables de "petits excès de vitesse", a-t-on appris aujourd’hui auprès de la place Beauvau #AFP
source AFP

Pour commencer : un « micro-excès » de vitesse, ça n’existe pas. On parle ici d’un excès de vitesse de moins de 20 km/h au-dessus de la limite autorisée.
Parler de « micro-excès », ça serait comme parler de « petit vol », « maigre homicide » ou « légère fraude ». Juste non : arrêtez de minimiser et assumez vos actes. Vous n’avez plus 12 ans.

Bien.

Maintenant, la première chose à noter sur l’annonce de l’AFP (et avec cette seule info), c’est que ceci ne concerne que le retrait de point. L’infraction, elle, subsisterait bien, tout comme l’amende (en tout cas, j’espère).

Dans tous les cas, je trouve une telle loi regrettable, pour ne pas dire complètement stupide.

Car aujourd’hui, si tu fais un excès de vitesse de moins de 20 km/h (85 retenus au lieu de 80, par exemple), on perd 1 point. Sauf que ce point est automatiquement restitué si l’on ne commet aucune autre infraction au Code de la route durant 6 mois.

Quelqu’un qui commettrait exceptionnellement une infraction d’excès de vitesse, et qui a suffisamment retenu la leçon pour ne pas recommencer pendant 6 mois, ben il récupère son point et ça s’arrête là. C’est comme si rien ne s’était passé, tout va bien.

Par contre, celui qui commet excès sur excès, et qui perd 1 point, puis encore 1 point et ainsi de suite, c’est que la pédagogie ne marche pas. Rappelons qu’on a quand-même 12 points : faire 12 infractions de ce type à la suite, c’est vraiment le faire exprès. Or, c’est bien à ces gens-là que le fait de ne plus retirer de points pour ces excès de vitesse profitera. Ces gens-là, pour peu qu’ils soient friqués, pourront se faire prendre 10 fois par jour pour avec 5 km/h au-dessus de la limite, ça ne les fera pas changer.
Dit autrement : une telle mesure profitera avant tout aux chauffards qui se torchent déjà avec le Code de la route..

Veut-on vraiment d’un système qui encourage ce genre d’individus à jouer avec la loi ? Moi, en tant qu’usager lambda, non, je ne veux pas de ça.

Et puis, bien-sûr, tout ça c’est sans compter que l’on commence à être verbalisable que quand on est au moins à 10 km/h au compteur au-dessus de la limite autorisée : si le compteur affiche 90 km/h pour une limite à 80 km/h, par exemple.

Car si le compteur affiche 90, alors la vitesse réelle est d’environ 85 km/h (ça dépend des voitures : la différence entre vitesse affichée et vitesse réelle peut aller de 1 km/h à 10 km/h, mais généralement c’est autour de 4-5 : faites le test avec une vitesse GPS, qui est la vitesse réelle). Et si la vitesse réelle est de 85, alors la vitesse retenue est inférieure de 5 km/h, de 80 km/h, donc non verbalisable.

Ce qu’il faut comprendre ici, c’est que personne ne peut prétendre sans une gigantesque dose de mauvaise foi qu’il ne savait pas qu’il était au-dessus. Vous n’aurez JAMAIS d’amende pour excès de vitesse si votre compteur affiche 1 ou 2 km/h au-dessus de la limite de vitesse. C’est impossible (ou alors votre compteur est trafiqué).
Et la surveillance du compteur, ça fait partie de l’activité de la conduite : maîtrise du véhicule, respect du Code de la route et adaptation de l’allure à la situation… ça vous parle ? Si vous n’y arrivez pas, vous ne méritez pas votre permis de conduire et n’avez rien à faire sur la route.

(et enfin : si cette mesure passe, dans 3 ans on aura les mêmes pleurnichards qui diront « ouin ouin, j’étais seulement 6 km/h au dessus : j’ai donc perdu mon permis pour 1 km/h au dessus, ouin ouin »)

image d’en-tête de Michael Coghlan

Je crois que j’ai un problème de candidats à la présidentielle

Photo d’un bulletin placé dans une urne.
Je crois que j’ai un problème de candidats à la présidentielle.

Aucun ne me convient parfaitement.

Ah. Je crois ne pas avoir été assez clair. Laissez-moi répéter en insistant sur le mot important : aucun ne me convient parfaitement.

Ça veut dire quoi ?

Il y a bien une dizaine de candidats, à droite, à gauche, au centre, en haut, en bas… bref de tous les bords.
Parallèlement, il y a également tout un tas d’enjeux et de sujets divers qu’ils traitent tous plus ou moins à longueur de journée : emploi, économie, impôts, écologie, énergie, santé, éducation, immigration, politique extérieure… vous les connaissez.

C’est quoi le problème ?

Le problème c’est que tous les candidats ont des bonnes idées. Tous les candidats ont aussi des mauvaises idées.
C’est ça mon problème : en votant pour quelqu’un, on ne peut pas garder juste le bon. On doit garder le mauvais aussi.

Dans ces conditions, choisir un candidat revient à choisir non pas le meilleur des candidats, mais sur le moins mauvais. Pas sur celui qui nous correspond, mais sur celui avec le moins de mauvaises idées.

Je pense qu’il y a un paquet de gens qui sont dans cette situation, qui vont soit voter « utile », soit pas voter, soit voter blanc, soit voter nul, soit voter en espérant une améliorant dans un des enjeux tout en sachant que ça plombera tous les autres, etc.

C’est le problème de cette méthode de représentation des citoyens appelé « élections présidentielles » : un vote pour un gus dont on sait pertinemment qu’il n’est pas parfait et qu’il fera de la merde sur certains trucs, en espérant qu’il fera des trucs un peu moins pourris sur d’autres, sans garanties.

Alors pourquoi on vote pour un gus ? Pourquoi on ne peut pas voter pour des idées ? Sur des enjeux en particulier ?

Perso ça me fait une belle jambe de savoir que tel ou telle personne dirige le pays parce qu’on l’aura élu. Je préférerais largement qu’ils fassent des référendums tous les 3 mois à la place, pour discuter d’un sujet, et pas d’une personne.

image de Element5 Digital

Ça y est je suis passé sous iPhone

Photo d’un ail et d’un vieux téléphone : ail-phone.
Je suis passé sous iPhone.

En effet, un publicitaire m’a offert un iPhone 13 Pro Maxi-choco XL+ S V8 42 light+X GTR Bio sans gluten 8G AK47 double-cheese C++ RATP pour que j’en vante les mérites sur mon blog devant des millions milliers douze lecteurs quotidiens mensuels !

Les trolls vous arrêtez de lire ici.
Les autres aussi, si vous voulez.

Pour l’unique lecteur qui reste désormais, s’il arrêtait de ronfler au fond de la pièce, il pourrait voir ici pourquoi moi, un utilisateur plutôt « power-user » a décidé de passer d’un Android ouvert à un iOS fermé (ainsi qu’un avis sur l’iPhone).

Et non, je n’ai évidemment pas reçu cet iPhone de façon promotionnel, pas que je n’aurais pas pu le faire, et plusieurs fois par an, vu tout ce que les annonceurs me proposent et que je refuse pour vous tous toi.

Pourquoi changer de téléphone ?

Mon ancien téléphone avait 3 ans — déjà, mais aussi seulement — et même si je l’ai adoré, il commençait à avoir des problèmes logiciels (reboot intempestifs) et matériels (l’écran jouait du tactile tout seul et l’appareil photo prenait parfois des demi-photos).

Et quand on a déjà changé la batterie une fois, l’écran une fois (parce qu’on est manchot et qu’on casse l’écran en changeant la batterie), que le système n’est plus mis à jour parce que le constructeur a mis la clé sous la porte, qu’on me l’a fait tomber et que le dos a été pété aussi et ben si on veut continuer d’utiliser un smartphone à jour et fonctionnel sans se ruiner en réparations qui finiront par avoir été vaines, il faut en changer. L’obstination de tout réparer ça a ses limites aussi.

Pourquoi prendre un iPhone plutôt qu’autre chose ?

Comme d’hab, je suis assez méticuleux dans mes choix avec un cahier des charges long comme le bras. Cette fois j’étais bien embêté, parce que aucun téléphone ne me semblait convenable.

L’iPhone était hors concours jusqu’à ce que je me dise « et pourquoi pas ? ».

Comme ça :
Moi : « Et pourquoi pas ? »

Il y a 3 ans, un iPhone j’aurais dit non merci à cause de l’absence de Jack et de port SD. En plus c’est cher.

Aujourd’hui, j’ai changé mes usages.

J’écoute la musique autrement : le Jack Sparrow ne m’est pas utile.
La carte SD était principalement là pour étendre l’espace de stockage interne et pour sauver toutes les photos si le téléphone mourrait subitement. Un iPhone 13 de base, c’est 128 Go : le double de tout ce que j’ai besoin et les backup se font chez moi, en Wifi et tout seuls.

L’ouverture d’Android ? Bof. Elle est toute relative : où est mon accès à /etc, /sys, /usr, /bin d’un vrai système ouvert ? En plus, je n’en ai que peu eu besoin : je n’ai jamais installé de ROM custom, et mon dernier téléphone n’a même jamais été rooté non plus (AOSP de base avait tout le nécessaire).

Comme j’expliquais dans un autre article, je n’ai plus besoin d’une machine à bidouille. Maintenant, je veux un truc qui marche. Au besoin je saurais comment le dépanner, mais j’ai pas besoin de plus. Et puis, arrêter de bidouiller pour bidouiller, c’est aussi arrêter de rendre le système constamment instable, ce qui aide à ne plus avoir besoin de le réparer, en fait.

Pour ce qui est du passage d’Android à iOS, ça ne faisait pas partie de mes inquiétudes. Si je trouve les surcouches constructeurs Android bâclées et lourdes, iOS est propre et fluide. En plus, mes logiciels habituels sont disponibles indifféremment sur les deux OS. Pour mes achats sur Google Play, un petit mail au développeur suffit parfois pour avoir la version iOS sans avoir à repayer (coucou, et merci beaucoup, l’équipe d’OsmAnd).

Ensuite, l’omniprésence de Google dans Android y est de plus en plus malsaine. Je n’aime pas du tout. Idem pour celui des constructeurs. Je ne suis pas sûr que pour Apple ce soit réellement mieux, mais en tout cas, ce n’est pas pire. Android a donc fini par perdre cet argument là.

Un des deux gros points qui m’importaient c’est la taille du téléphone. Je constate que plus aucun constructeur de premier plan ne fait de téléphones haut de gamme (puissants et équipés, j’entends) qui ne soient pas des phablettes de 6, 7, ou 8 pouces destinées aux soit-disant « influenceurs ». Or je veux du 5", un truc à utiliser d’une main et qui tienne dans une poche, pas un pavé.

Enfin, l’autre gros point important pour moi concerne un point noir d’Android, à savoir le manque de sérieux global dans les mises à jour du système, y compris Android One et ses 3 petites années de mises à jour et qui tombe si le constructeur tombe aussi (coucou le regretté BQ, chez qui j’ai pris mes deux derniers téléphones).

Je suis donc emmerdé pour trouvé téléphone qui m’aille.

Mes critères, cette fois :

  • un téléphone puissant (je veux qu’il tourne encore dans 5 ans avec l’OS du moment)
  • des mises à jours et un support étendu dans le temps
  • 5 pouces max
  • à peu près futur proof (5G, OLED, vidéo fHD… Oui j’ai visé haut, tant qu’à faire)
  • une marque qui risque pas de tomber et pour lequel je pourrais avoir des pièces et de la réparation.
  • pas de surcouche dégueux

Avec ça, il ne reste pas grand monde. Quelques modèles anciens tout au plus, mais surtout, l’iPhone Mini. C’est donc le critère du prix qui a été mis de côté ici.

J’ai donc sorti mes liasses de billets reçus d’EDF et d’Orano pour vanter l’électronucléaire sur mon site ma carte bancaire et ma prime énergie mes chèques cadeau du boulot et j’ai pleuré fait le choix de l’iPhone 13 mini.

C’était ça ou le 12 Mini, le modèle précédent, mais le 13 avait des caractéristiques nettement plus attirantes, principalement au niveau de la batterie, pour un prix qui en valait selon moi le coup.

Ce téléphone compense tout les points listés plus haut :

  • il fait 5,4 pouces, pratiquement sans bords. Il est aussi grand que mon Samsung Galaxy Wifi 4" en 2011, le borderless en plus (donc un ration écran/face avant bien plus proche de 1)
  • Apple supporte actuellement jusqu’au iPhone SE sorti en 2016, donc 7-8 ans de support.
  • Le 13 Mini a la puissance du 13 normal, et il est ultra-fluide et rapide.
  • 5G, charge induction, OLED, Wifi AX, Glonass, BeiDou, four à pizza… tout y est.
  • Avant que Apple tombe ou arrête son département iPhone, je pense qu’on a de la marge. Par contre, on sait déjà que les formats « mini » c’est terminé. Ils se vendent mal car tout le monde le dernier influenceur à la con mode veut des phablettes.

Bref, tout ça c’était pour expliquer un peu ma problématique et finalement mon choix.

Ci dessous, une petites liste des trucs bien ou pas bien avec ce téléphone.

Les plus et les moins

Points négatifs

Le prix.
C’est le double du prix de mon téléphone précédent. Maintenant, s’il me dure le double de temps, ça revient au même. On verra. J’espère en tout cas.
J’ai pu en réduire le prix avec mes chèques cadeaux du boulot (dont je ne sais autrement jamais quoi faire, et je ne cache pas que sans ça, je n’aurais pas changé tout de suite), mais ça reste un objet cher.

iTunes
Ce logiciel est une merde, probablement encore plus sous Windows que sur Mac. Heureusement qu’EDF m’a gentiment offert un Mac. Mais c’est le seul moyen de transférer sa musique (50 Go) sur un iPhone, hormis tout racheter sur Apple Music depuis le téléphone.
Comme ça reste un truc à faire quelque fois par an seulement, pas tous les jours, ça ira.

Safari
Sur iOS, Apple interdit les autres navigateurs que Safari. Plus précisément, c’est le moteur de rendu qui est bloqué. On a donc bien des navigateurs comme Firefox ou Opera, mais ce ne sont que des Safari déguisés.
Or, le moteur de rendu de Safari (pas juste sur iOS) est en retard par rapport au reste et a ses particularités. Pour un webdév, Safari c’est un peu l’équivalent d’IE-6 à une époque sombre, très sombre : un mouton noir de couleur qui pose problème.
Safari n’a pas non plus de bloqueur de pub/popup aussi puissant que Vivaldi sur Android. Globalement faudra s’y faire et c’est pas la mort, mais c’est un point noir quand-même, pour moi.

Port Lightning.
J’ai toujours préféré le design du port Lightning au port USB-C. Le lightning est une broche plein et dure, alors que l’USB-C peut s’écraser et les broches sont fragiles. Même si je préfère lightning, j’ai quand-même dû refaire mon stock de câbles (le seul fourni est USB-C-Lightning).

AppStore
Pourquoi le champ de recherche de l’AppStore n’est pas mis en avant comme celui de Google Play ? Ici il est sur la dernière page, WTF ? Entre ça et le Google Play, ce dernier est mieux fait, je trouve.

L’encoche de l’appareil photo
Le fameux « notch » sur le haut de l’écran et totalement affreux, mais pas propre à ce téléphone. Le même sans appareil photo frontale m’irait tout aussi bien sinon mieux. Je ne prends que des photos de chats et ils n’ont encore jamais fait de selfies.

Des petits détails
Apple vante le multitouch, mais ne l’utilise lui-même pas partout. Par exemple, là où Android permet de pivoter une photo avec deux doigts qu’on fait pivoter, Apple Photo ne le permet pas. Il faut passer par un bouton « rotation », puis « tourner 90° ». C’est ubuesque.
Un autre exemple est le clavier : pas assez personnalisable. Et le fait d’appuyer longtemps sur une touche (E) pour afficher les diacritiques (ÉÈÊË) ne marche pas toujours (je suppute que je m’y prenne mal mais où…). Et la ligne des chiffres sur le clavier me manque également.
Un autre truc : dans le « drawer » des paramètres rapides (équivalent au menu du haut dans Android), les boutons Bluetooth et Wifi ne désactivent plus ces derniers. Ils nous déconnectent seulement, et ça se réactive après X temps. C’est totalement stupide. Pour les désactiver on peut et il faut aller dans les paramètres d’iOS. Mais le drawer ne sert plus à ça.

Points positifs

Logiciels désinstallables
De façon intéressante, la très grande majorité bloatwares Apple (notes, bourse, cartes, radio…) se désinstallent sans problème, là où sur Android elles sont seulement désactivées (et encore : on finit par les retrouver en tâches de fond !). On peut les remettre via l’AppStore si besoin.

Les logiciels de base
En dehors des apps qui ne me servent pas, celles que je garde (e-mail, photos, réveil…) sont globalement utilisables et neutres.
Sur Android, l’appli e-mail est GMail, orienté GMail. Sur iOS, c’est e-mail, orienté rien du tout et ça fonctionne partout. Je ne regrette donc pas K9-Mail, qui était déjà vraiment très bon sur Android.

Options désactivables
Apple Music, iCloud… tout ça est désactivable et et ça nous fout la paix. Wow.
Là où, dans Android, il y a toujours omni-présence du compte Google Play à chaque recoin dans les menus.

L’intégration
Toutes les app natives forment des greffons à un ensemble dont le cœur est iOS. Le système fonctionne très bien sans, mais les app ajoutent des fonctions accessibles depuis partout. L’appareil photo (qui intègre l’OCR en offline (!)) est activable dans n’importe quel champ de saisie.
Le partage de données d’une app à une autre est à un niveau que je ne connaissais pas sous Android. On peut même faire des drag-n-drop d’images, par exemple d’une page web à un e-mail ou vers le logiciel de prise de notes, puis joindre ça à un rendez-vous sur l’agenda et l’envoyer à un contact directement. Bref, c’est fluide et naturel. Me gusta.

Des petits détails
Beaucoup de petits détails sympa.

  • Un swipe tout en en bas de l’écran glisse tout l’écran vers le bas : pratique pour accéder au haut de l’écran en utilisant le téléphone d’une main.
  • Le double-tap au dos du téléphone pour réaliser des actions rapides (capture d’écran, verrouillage…). Probablement existant sur Android, mais jamais vu.
  • Comme tous les iPhones, ils y a un bouton physique pour mettre en silencieux. Autant dire que pour moi qui déteste téléphoner et a horreur des notifs, le bouton est toujours activé.

Points neutres

Carte SD
Comme expliqué plus haut, ce n’est plus un requis actuellement. Je fais régulièrement le ménage et des backup de mes photos et avec tous mes fichiers actuels, je suis à 50 % de l’usage des 128 Go du téléphone (iOS inclus).

iOS
Malgré une adaptation pour retrouver ses marques, je ne crains pas ce changement. J’ai connu iOS 3 et 4 il y a deux lustres (donc 10 ans), tout est encore au même endroit. Quant aux applications tierces, je les retrouve toutes.

Port jack
C’est dommage qu’il n’y soit pas, mais je m’en sers pas ; et de toute façon le téléphone est vendu avec des écouteurs lightning au cas où.

5G
J’ai la 5G dans la ville où je bosse. C’est cool, c’est très rapide (mes cartes OSMand sont téléchargées en quelques minutes) mais la 4G/4G+ m’aurait suffit sur un téléphone. À un certain niveau de vitesse de téléchargement, je me dis que ça ne sert à rien d’avoir plus. En tout cas sans les usages qui vont avec, et qui ne sont pas les miens. La 5G rend néanmoins le téléphone future-proof. Donc pourquoi pas.

Siri
Je ne me suis jamais servis de OK Google, je ne sais pas si je me servirais de Siri un jour. Heureusement, on peut le masquer pour que ça ne traine pas constamment dans les pattes comme un installateur de Edge sur Windows. Dis Siri, tu veux bien m’empêcher de troller Microsoft ?

Liens

Image d’en-tête : montage des photos de Da Sal et de Liz West.

La licence GPL n’est pas libre, elle est publique

Petite digression sur cet article :

Je commente juste ce passage, lié à la licence MIT car je suis totalement d’accord avec :

The MIT license to a large extent is the anti-license. The utopia of socialized programs, one that embraces the lack of marginal cost for software goods.

It’s an explicit rejection of the strong-property rights approach taken by both Gates and Stallman at their respective ends of the libertarian spectrum.

It’s the language of giving without expecting anything in return. It’s the language of sincere charity. A charity without strings attached, neither commercial nor reciprocal. With the risk of sounding sanctimonious, I read it as a pure projection of altruism.

[…]
That to me is freedom.

Car non, même si je considère que GPL et consorts sont nécessaires, ce n’est pas pour moi une licence libre.

La liberté, c’est quand je fais ce que j’ai envie de faire, et comment j’ai envie de le faire (je caricature évidemment).

Est-ce que la licence GNU me permet de faire ce que je veux ? Non. Je ne peux pas, par exemple, faire un logiciel propriétaire avec un code d’origine libre (pour ça, il y a d’autres licences qui sont apparues).

La liberté va de paire avec des devoirs, je suis absolument d’accord avec ça. Mais précisément : il faut bien distinguer les deux.

Ainsi, je vois les licences comme suit :

  • MIT est la liberté : je fais ce que je veux.
  • Une licence propriétaire, n’a que des devoirs (ou des interdits, qui ne sont que des devoirs négatifs ; en tout cas le contraire d’une liberté). Je ne fais rien comme je veux.
  • GNU/GPL essaye de concilier les deux : en donnant une liberté associée à des devoirs. Je fais ce que je veux, mais sous certaines conditions.

Parfois, souvent même, c’est utile et nécessaire de poser quelques limites. Mais dans autant de cas, une permissivité totale est également nécessaire.

Prenons l’exemple de la loi, car c’est ça qui détermine nos vies en société.

La loi, la constitution, posent des libertés et des devoirs pour chaque personne. Ainsi, par exemple, pour utiliser l’espace public, on ne doit pas être ivre. Il en va de la tranquillité de la société, sachant que l’alcool est une drogue, qu’elle rend violent et incapacitant : une personne ivre est un danger pour elle-même et les autres et il est mieux d’éviter ça.

Pourtant, il est tout à fait autorisé d’être ivre.
Il est tout à fait autorisé de boire quand on est mineur.
Et il est aussi tout à fait autorisé d’être ivre quand on est mineur.

Juste, chez soi.

Chez soi y a pas de problème.
Chez soi, la permissivité est très très large.

Encore heureux.

Stallman avec GPL, n’a pas fait une permissivité totale pour chez soi. Ce qu’il a fait, c’est un espace public : à la fois ouverte sur des libertés et délimité par des devoirs. La licence MIT, elle, c’est chez soi. Une licence propriétaire, en revanche, c’est chez les autres : on fait ce qu’on nous autorise de faire, car on n’est pas chez soi.

Quand je suis chez moi, je n’ai pas envie qu’on vienne me dire ce que j’ai le droit de faire ou non. Ni Bill Gates, qui vient me harceler parce que j’ai modifié Windows ; ni Richard Stallman qui exige le code source d’une modif que j’aurais commise (dans le cas de la AGPL, cette exigence est imposée même sans que le code ne soit redistribué).

Gates et Stallman ont beau être chacun à l’opposé d’une échelle assimilable à la droite et à la gauche en politique, cette échelle binaire, je la vois plutôt comme un polygone à trois sommets : Gates (tout interdit) à un bout, Stallman (des libertés ET des devoirs) à un autre, et les licences totalement libres telles que MIT, Apache, WTFPL au troisième (que des libertés).

Ces trois « pôles » défendent donc des intérêts différents à chaque fois : celui de l’utilisateur, du créateur, ou de la société (et on peut très bien en imaginer d’autres).

En fait, en rédigeant ce post, je viens de me mettre une image mentale sur pourquoi je n’ai jamais considéré les licences GPL comme libre, tout en étant fondamentalement convaincu de leur utilité. L’un n’empêche pas l’autre en fait.

Et le seul problème, c’est qu’on assimile GPL ou GNU à la liberté, alors qu’en réalité on devrait l’associer à une chose publique. (je n’emploie volontaire pas l’expression « domaine public », car ce vocabulaire signifie déjà quelque chose, même si le terme approprié serait bien « domaine public »). La GPL s’appelle d’ailleurs « General Public Licence », pas « General Free Licence ». C’est peut-être pas sans raison.

Car ce qui est public est accessible à tous sans appartenir à qui que ce soit.
Le bus est un transport public : pourtant je ne peux pas virer le conducteur et voler le bus pour rentrer directement jusque chez moi. Ni sortir dans un parc et couper les fleurs. Ni ramasser un banc pour mettre dans mon jardin.

Alors que ce qui est libre, je peux le prendre et en faire ce que je veux. Si y a un panier de pommes dehors où c’est écrit « Gratuit, servez-vous », je peux prendre une pomme et elle devient la mienne. Je peux la manger, la rapporter à la maison, en faire de la compote ou la jeter aux poules : j’ai le droit. C’est libre.