De l’antihyperhellium.
Alors il ne faut pas confondre deux choses ici : les hyperions, et les antiparticules.
On a l’hélium normal.
On peut avoir l’anti-hélium.
On peut avoir l’hyperhellium.
Et on peut avoir l’anti-hyperhélium.
Commençons juste par l’hydrogène (dont on peut avoir les 4 « types » similaires). L’hydrogène normal c’est un proton avec un électron.
L’antiparticule du proton, c’est l’antiproton. Un antiproton avec un antiélectron, c’est de l’antihydrogène.
Ces particules sont stables, aucun problème sur ça : les charges sont simplement miroitées. C’est juste que si une antiparticule rencontre une particule, ça s’annihile, disparaît.
Maintenant le proton est lui-même constitué de quarks. Il existe 6 types de quarks : U et D, qui sont de basse énergie ; C et S de moyenne énergie, et T et B, de haute énergie.
Le terme d’énergie peut être remplacée par masse, ici.
Les protons normaux sont composés de deux U et d’un D (soit : UUD).
Les anti-protons sont composés de deux anti-U et un anti-D.
Maintenant, les U/D forment les protons (et les neutrons). Mais les C/S et T/B peuvent faire la même chose. Mais dans ce cas on obtient des « protons » bien plus lourds : des hyper-protons.
Comme les protons ont trois quarks, selon lequel on remplace par un quark plus lourd, on a des hyperprotons exotiques avec des noms précis :
- si on remplace un des U par un S, on obtient un hyperproton USD dit « Lambda ».
- si on remplace le D par un C, on obtient un UUC dit « Charmed Sigma ».
- et ainsi de suite, y a plein de combinaisons possibles : https://en.wikipedia.org/wiki/List_of_baryons
Maintenant, les U/D, C/S et T/B ont aussi leur anti-particules : anti-U, anti-D, etc.
Dans les accélérateurs, ils produisent un zoo de quarks en tout genre, qui peuvent s’agglutiner et former des protons et neutrons en tout genre, qui peuvent à leur tour former des noyaux d’atomes plus ou moins exotiques également.
Et ici, ils ont un anti-S lié à deux anti-quark anti-U pour former un anti-nucléon anti-Lambda.
Cet anti-lambda a été lié à deux anti-protons et un anti-neutron.
Or, deux anti-protons, c’est la signature de l’anti-hélium. C’est ça qu’ils ont réussi à faire : un noyau de deux anti-protons, un anti-lambda et un anti-neutron, d’où le nom de anti-hyperhelium 4 — le quatre c’est pour dire qu’il y a 4 nucléons dans ce noyau).
Maintenant, la très haute masse du quark S (ou anti-S), le rend très instable. il s’est sûrement désintégré très vite (j’ai pas lu toute la publication du CERN).
Ce qui restait donc était du anti-hélium 3 (deux anti-protons et un neutron).
Et là c’est le fait que ce soit de l’anti-matière qui a (sûrement) été responsable d’une annihilation assez rapide également, mais pas pour les mêmes raisons.
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Tout notre tableau périodique, *TOUTE* notre chimie utilise des protons et des neutrons, constitués de quarks U et D uniquement.
Il existe donc tout un pan de possibilités à explorer avec des C et S, et ensuite avec des T et B !
Le hyperhellium qu’ils ont obtenus, c’est en remplaçant seulement un quark U d’un seul des neutron par un S.
Imaginez remplacer tous les quarks d’un seul nucléon, ou un quark de chaque nucléon… ou plusieurs quarks d’un seul, ou plusieurs quarks de plusieurs nucléons ! Ou tous les quarks de tous les nucléons !
Ça fait un très grand nombre de possibilités de combinaisons.
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Essayez avec des légos : vous avez des briques bleu et rouges en plastique, bleu et rouge en fer, et bleus et rouges en or, soit 6 briques différentes.
Ça fait un paquet de combinaisons possibles. Et même en ne retenant que ceux qui donnent un spin de ±1/2 (donc deux rouges + une bleue, OU deux bleues + une rouge) pour former des nucléons, ça en donne toujours 42 différentes.
Notre tableau périodique « normal », n’est donc que 1/42e de ce qu’il est possible de fabriquer… pour chaque case !
… et après faut doubler tout ça avec des antiparticules ! Et sans même parler des isotopes !
Bref, ceux qui disent que la science n’a plus rien à inventer sont des idiots.
On n’a pas encore tout inventé avec le seul tableau périodique que l’on a, et après il en a encore 42 autres à explorer, et ensuite encore le double.
Et tout ça ne parle que des noyaux. Les électrons aussi ont leur version plus lourde (appelés mu et tau). Et on connaît l’hydrogène muonique, par exemple, où son électron est remplacé par un muon. Ça lui donne des propriétés sympathiques : atome plus petit, plus facile à fusionner, etc.
Quant au muon tout court, on s’en sert pour déterminer sur les pyramides ou des volcans sont creux.