#22295 - Le Traqueur sur X : "(...) indestructible, la chaise ne nécessitait ni remplacement fréquent ni entretien coûteux, ce qui a limité les ventes récurrentes. Mullca a donc cessé ses activités en 2004, après avoir produit des millions d'exemplaires de la 510. Cependant, elle reste un objet culte (...) https://t.co/rEWNdOGFGi" / X
https://x.com/_letraqueur_/status/1858222504596103170La Mullca 510, c’est le nom de cette chaise emblématique des classes d’écoles, des salles polyvalentes, des cantines… Bref LA CHAISE française.
Le produit était tellement bon, tellement solide, tellement durable, que ça ne demandait pas de remplacement et Mullca (la société) a fait faillite en 2004.
Ce à quoi je veux répondre, mais Twitter c’est trop petit pour écrire, c’est ce RT :
Le fait qu'une entreprise puisse faire faillite parce que ses produits sont de trop bonne qualité c'est déprimant.
Je plussoie, mais en détaillant :
Cette entreprise a fait son devoir au sein du monde en produisant le meilleur produit de sa catégorie, maintenant elle peut fermer tranquille. Elle a fait ce qu’elle avait à faire. Elle n’est plus nécessaire.
Les choses n’ont pas à être éternelles pour « réussir ».
Quand Frodon a jeté l’anneau dans le volcan pour détruire, la communauté de l’anneau a été dissoute car elle n’avait plus lieu d’être : son rôle a été pleinement rempli, et il n’était pas nécessaire de la faire persister.
Ici je trouve que c’est pareil. Ce qui est déprimant, c’est le fait qu’on considère cette chaise, ce modèle, comme un échec. Se mettre à fabriquer moins bien, simplement pour que ça se casse en vue de continuer à vendre, c’est ça qui est déprimant.
Bien-sûr, il est plus simple de concevoir de la médiocrité pour toujours, que produire un produit absolument parfait pendant un temps et ensuite avoir à trouver autre chose. La récompense pour un travail parfait c’est encore plus de travail. Qui veut ça ?
Ce qui est déprimant, c’est le fait que le capitalisme impose de toujours produire, toujours être actif, jamais terminer. Un jour on arrivera à bout de tout ça et faudra bien trouver autre chose, un autre système. C’est inévitable.
Oui, l’innovation permet de se renouveler, mais force est de constater que ça ne marche pas sur tout. La Mullca 510 ou encore le stylo BIC sont deux exemples (tous les deux français, au passage) de produits qui n’ont pas changé en 70 ans et qui sont toujours prisés. lls ne coûtent pas cher en R&D, ne sont pas innovant, mais sont parfait en l’état.
Oui, ça laisse des employés sur le carreau. Mais c’est exactement ce que je dis : un système qui te puni pour avoir fait de l’excellent travail, et qui récompense ceux qui font de la merde, ça n’est pas juste.
Ça ne peut pas marcher éternellement. Ça ne DOIT pas marcher éternellement.
En tout cas, c’est un système auquel seul quelqu’un de malsain a envie (et a intérêt) de contribuer.
Le capitalisme comme ça, malgré ce qu’elle a fait de bien (faut pas tout jeter non plus), n’est pas viable à long terme. Je dis pas que le communisme et le reste c’est mieux (plutôt le contraire même), mais le capitalisme n’est pas parfait non plus, en particulier sur le point où il encourage à faire de la merde compétitive pour ne pas mourir. Et rester en vie pour rester en vie, ça n’a pas de sens (hormis en URSS peut-être, où les usines tournaient pour tourner même si personne n’avait besoin de ce qui était produit).
ÉDIT : https://nitter.poast.org/pierre_jacquel2/status/1858497519795249190#m (merci à Simon pour le lien)
En résumé : il faut aussi ajouter des faits comme la difficulté d’exporter la chaise déjà montée, ce qui la prive du marché mondial (contrairement à Ikea) ; du confort, où elle est dépassée par les chaises en plastique, et de l’esthétique pas au goût de tous.
La saturation du marché n’est donc pas tout.