Je rejoins l’avis général, mais je mitige le fait que l’IT soit seul dans cette situation.
Un commentaire juste en dessous résume parfaitement :
big difference is that nuclear engineering is regulated and has mandatory ceritications and licenses, which show you have the skills required. While certifications exist in the software world, they're not the same unfortunately...
Mon cas en est un exemple.
Dans mon poste précédent, c’était de l’ajustage en micro-mécanique appliquée à la microchirurgie. Donc on partait d’un bout de ferraille, et on se démerdait pour obtenir un instrument de chirurgie très précis.
Visualise toutes les curettes dont dispose le dentiste : y en a des gros, des fins, des pointus… Mais là c’était pour la chirurgie de l’œil, avec un catalogue de 10 000 instruments en tout genre : pinces, ciseaux, porte aiguille de suture et plein d’autres instruments de torture.
Rien n’était standardisé : le chirurgie nous partagait son problème, et on trouvait une solution. Après ça partait en proto, puis en production si la demande le justifiait.
Au fil du temps, la boîte avait constitué un catalogue de 10 000 instruments, donc il existait un modèle étalon qu’on devait reproduire à partir de notre bout de ferraille et à l’aide des limes, pinces, papier de verre, machines à braser, Dremel, marteaux, etc. le tout sous une loupe binoculaire.
Aucune école ne prépare à ça.
Bien-sûr, certains bijoutiers finissaient chez nous, et leur minutie et leur formation aidait clairement. Tout comme avoir fait de l’horlogerie, de la métallerie ou n’importe quel métier des métaux ou manuels. Mais en dehors de ça, on acceptait n’importe qui parvenant à faire le travail.
Lors de mon entretien, on était 5-6 candidats. Le chef d’atelier nous a mis à sa place, donné un bout de ferraille et une lime et nous a demandé de limer pour voir si on savait limer droit, taille un carré en un rond, etc.
Un autre responsable nous avait présenté quelques instruments et nous a demandé lequel était en acier, lequel en alu, lequel en titane.
Sans aucune qualif dans le domaine, j’y ait postulé car c’était en pas loin et il me fallait un job. J’y suis resté plusieurs années.
Bien-sûr, on ne nous a pas demandé de finir un instrument d’après un modèle lors de l’entretien. Mais bon, quand-même : un peu de connaissance, un peu de pratique.
Inversement, dans mon job actuel, je suis dans le contrôle qualité, plus spécifiquement le CND (contrôle non-destructif) et dans le domaine de l’aéronautique. Ça rigole un peu moins, et le système de certification est lourd et encadré, et seule une poignée de centres d’examens existent en France.
Quand on reçoit quelqu’un, vu que c’est à moi qu’on demande de voir si le postulant vaut le coup aussi, je regarde d’abord son niveau de qualification. S’il est qualifié, normalement il sait faire : la théorie comme la pratique (j’ai moi-même passé les examens, je sais ce que c’est).
Après il faut voir s’il a pratiqué 1 mois ou 5 ans, quel domaine (aéro, ferroviaire, nucléaire…), et sur quels matériaux (le métallique c’est pas comme les matériaux composites par exemple), voire quelles techniques (immersion, contact, jet d’eau…) car tout n’est pas pareil. Et vu la niche que c’est, on ne peut pas se permettre de trier par méthode, technique ou domaine (sinon on trouve personne). D’ailleurs perso je suis passé sur ce poste après une "mutation" en interne.
Donc c’est pas du tout la même approche qu’avec un domaine où il n’y a aucune certif / diplôme / standardisation.
Ce qui se fait dans l’IT ça me semble être un héritage issue d’une époque où les écoles d’informatique n’étaient pas si communes et où seuls quelques geeks savaient programmer parce qu’ils avaient appris ça dans leur garage, et qu’il fallait jauger le niveau (édit : comme tu dis, un bizutage digne des années 80, donc d’il y a ~40 ans). Ce n’est qu’une hypothèse.
De là à faire faire tout un code source, ça me semble clairement de l’abus aussi, et dans tous les cas, un diplôme devrait suffire pour les connaissances courantes. Une évolution de l’industrie serait nécessaire.
Mais là je pense qu’on touche à un point bien plus large : le CV donne une idée généralement du parcours, mais la lettre de motivation, par exemple, je trouve ça inutile, complètement con et complètement du foutage de gueule. Encore plus de nos jours où tout le monde utilise soit GPT, soit des modèles tout fait.
Après je ne suis pas recruteur : juste un technicien qui regarde ce qu’un postulant sait et sait faire, et vite fait comment il se comporte (politesse, tenue, humilité, etc.).
Je ne suis pas non plus dans les grandes boîtes qui font passer des tests psychotechniques ou je ne sais pas quoi (j’en ai d’ailleurs jamais passé moi-même, et n’en ait jamais vu l’intérêt ; sauf peut-être pour jauger la façon de penser de quelqu’un dans un environnement de R&D de pointe où la créativité et la mentalité peuvent être la raison du succès quand on crée des choses inédites dans le monde ; mais ailleurs… bof).