#22154 - Insolite : des élèves ratent leurs bacs, les parents accusent les profs d’antisémitisme – Contre Attaque – Matronix.fr
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De plus en plus, demander à un « * » de faire quelque chose qu’on demanderait autrement normalement à un blanc, c’est être « *-phobe ».
(Inutile de tiquer sur le mot « blanc », vous savez très bien ce que je veux dire dans cette phrase)
Et comme tu dis très bien : à force de faire passer la moindre futilité puérile et indigne d’être relevée pour du racisme, de l’antisémitisme, du sexisme, etc. et bah on assiste à la situation où le racisme, l’antisémitisme, le sexisme, etc. passe pour des futilités puériles qui ne sont plus relevées.
Le pire dans tout ça, c’est que peu à peu, ces « futilités » sont de moins en moins futiles, justement, et de plus en plus racistes, antisémites, sexistes, etc. sans pour autant qu’elles soient plus relevées.
Un sorte de décalage progressif de ce que la société accepte, à la manière de la fenêtre d’Overton, mais dans l’autre sens : celui qui pousse petit à petit vers l’acceptation des pires horreurs, mais pour le traitement et la considération des gens en fonction de ce qu’ils sont.
Plus on dira raciste/sexiste/antisémite des choses futiles qui ne sont le pas du tout, plus les actes réellement raciste/sexiste/antisémite seront invisibilisées dans cette masse de futilités.
Et c’est même plus vicieux que ça.
Si la moindre broutille est un acte antisémite, par exemple, alors on fini par associer, par syllogisme, la Shoa (quelque chose d’antisémite) à une de ces moindres broutilles. Et par suite, au négationnisme.
Je ne dis pas que le négationnisme est uniquement tiré là, mais ça va finir par y contribuer significativement si on continue sur la voie décrite ici. Et ça, ce n’est pas acceptable.
Dans le même sens, demander à un noir de se pousser un peu par ce qu’il bloque tout un rayon du supermarché, ce n’est pas raciste.
Demandent à un juif de ramasser un truc qu’il vient de balancer dans la rue, ce n’est pas antisémite.
Dire à une femme qui dit de la merde, qu’elle dit de la merde, ce n’est pas sexiste. Et juste parce c’est un homme qui lui dirait, n’en fait pas du mansplaining.
Faut arrêter de brandir ces cartes là à tout-va. Non seulement c’est ridicule, mais en plus c’est dangereux, pour les raisons que j’explique ci-dessus.
Et si vous pensez que « les gens » ne sont pas assez con pour ça et savent faire la différence entre des trucs véritablement sexistes ou racistes de ceux qui ne le sont pas mais pour laquelle on brandit cette carte, dîtes vous qu’il y a de plus en plus de platistes, de plus en plus d’antivax, et que certains pensent que le communisme va les sauver.
Désolé mais fait s’y faire : oui, des gens assez cons pour ça, il y en a. Plein. Et de plus en plus.
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D’une façon générale, on ne peut pas changer des siècles de racisme, d’antisémistisme et de sexisme systémique le temps d’une génération – parce que notre société, occidentale en tout cas a été raciste, antisémite et sexiste.
Cette fenêtre mentionnée plus haut ne peut pas soudainement descendre tout en bas. Essayez de la descendre, l’on ne parviendra qu’à l’élargir.
Au contraire, je pense plutôt qu’il faut agir dans l’autre sens : attaquer les problèmes les plus graves. Quand ils sont disparus, on attaque les seconds les plus graves, et ainsi de suite.
Mais si on commence par les trucs les moins graves, ça ne marchera pas. Et ça ne marchera pas, car ça ne sera pas efficace.
On n’a pas aboli l’esclavage en interdisant d’abord les caricatures style « Banania » ou « tête de nègre », puis en interdisant l’esclavage. Ça n’aurait jamais fonctionné : interdire une pâtisserie au nom douteux, il en serait apparu dix nouvelles.
Non, on est descendu : esclavage d’abord, puis les choses qui y référaient. Ainsi, plus personne dans les nouvelles générations n’aurait ne serait-ce que l’idée même de créer une pâtisserie dont le nom réfère à l’esclavage. Ça n’aurait aucun sens : l’esclave n’existe plus. Pourquoi y référer ?
Pour le reste, il faut aller dans le même sens : qu’on commence à foutre en prison ceux qui brûlent des synagogues ou taguent des croix gammées.
Une fois que ça sera fait — on en est loin — alors on pourra regarder les éléments suivant de la liste : blagues antisémites, regard des autres, puis faire évaporer les préjugés, et enfin terminer par une acceptation de voir des rayons de produits "kasher" dans les supermarchés, ou une synagogue au même titre qu’une église dans les villes.
Mais ça, je répète : ça n’arrivera pas du jour au lendemain. C’est juste pas possible. La société, le système ancre des choses trop profondément dans chaque individu. Pas forcément volontairement, mais quand-même très fortement.
Ça peut prendre plusieurs générations pour éradiquer certaines idées. Car pour qu’un enfant se mette quelque chose dans sa tête, il faut que les parents, ou en tout cas les adultes autour de lui, véhiculent cette idée également. Et rien qu’avec ça, on en est déjà à deux générations.
Ce n’est pas là une excuse pour ne rien faire à notre niveau, et ne pas commencer.
D’une façon générale, je pense qu’on ne peut avoir un impact que sur ceux qui sont considérablement plus jeunes que nous. Ceux qui nous voient comme des adultes, des « grands », et que l’on écoute. On ne changera pas nos grands-parents par exemple. Mais on peut changer la génération qui arrive.
Et pendant que les « mauvaises » idées ancrées historiquement dans les 2 ou 3 générations précédentes disparaissent, les générations suivantes auront le temps de grandir avec des idées plus progressistes. Et pour ça, un investissement sur l’avenir, la jeunesse, l’éducation, est également nécessaire, chose qui se semble dramatiquement mal barré en France, par exemple.
Donc oui, on doit commencer maintenant. Il ne faut juste pas se leurrer : le résultat ne sera pas forcément visible de notre vivant. Ça ne veut pas dire que ce qu’on aura fait n’aurait pas été utile.
Au contraire : ce que l’on fait, c’est indispensable, mais on ne verra pas toute la fin, il faut bien se le dire.
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Pour prendre une analogie : si vous voulez de l’ombre dans votre jardin, il faut planter un arbre. Sauf que si cet arbre met 300 ans pour atteindre sa taille adulte, vous n’en profiterez pas beaucoup.
Ça ne veut pas dire que planter une graine est inutile. Au contraire : c’est juste que cela ne sera profitable qu’après plusieurs générations. Mais notre action reste indispensable, car sans elle, ni nous ni nos descendants n’auront quoi que ce soit.
Et ça serait d’autant plus bête de s’en priver que ça ne demande pas un grand effort.