#22030 - [quote] Carl Sagan - Wikiquote
https://en.wikiquote.org/wiki/Carl_SaganSociety corrupts the best of us. It is a little unfair, I think, to criticize a person for not sharing the enlightenment of a later epoch, but it is also profoundly saddening that such prejudices were so extremely pervasive. The question raises nagging uncertainties about which of the conventional truths of our own age will be considered unforgivable bigotry by the next.
Que je traduis librement :
La société corrompt les meilleurs d’entre nous. Il est un peu injuste, je trouve, de critiquer une personne pour ne pas partager les avancées d’une époque qui lui est postérieure, mais il est aussi profondément attristant que ces préjugés étaient aussi omniprésents. La question peut se poser quant à savoir lesquelles des vérités conventionnelles de notre propre époque seront considérées comme impardonnables dans la prochaine.
En somme : on ne peut pas reprocher à des gens — y compris des auteurs, ou des philosophes, et même des scientifiques — du XIX ou du XVIIIe siècles, ou de tout autre époque en fait, de ne pas partager nos avancées et progrès sociaux et culturels, notamment en terme d’égalité des sexes, des races, des couleurs, des religions.
Les mœurs d’une époque révolue, aussi effroyables qu’elles peuvent nous sembler aujourd’hui, étaient considérées comme normales à ce moment là.
Et de même, certaines de nos coutumes à nous aujourd’hui, seront perçues comme des horreurs dans le futur.
Et tant mieux !
C’est un signe que l’on a beaucoup progressé. Et que l’on progresse encore !
Ne pas reconnaître notre progrès, passé ou en cours, ou ne pas accepter que notre Histoire soit passé par des époques où se pratiquaient des habitudes assez horribles, c’est signe d’une grande faiblesse d’esprit, et c’est juste ce qu’il faut pour retourner vers ces habitudes-là.
Ne pas accepter que des choses horribles étaient normales dans le passé, c’est justement ne pas reconnaître notre progrès depuis. Mais c’est aussi ne pas se donner les moyens, ni reconnaître le besoin, que notre époque mérite encore de progresser.
Insulter Voltaire, Hugo, Lincoln ou d’autres anciens, parce qu’ils étaient racistes ou avaient des esclaves, ça n’a pas de sens. Seule quelqu’un qui pense que notre époque contemporaine est parfaite peut faire ce genre d’erreur là. Car notre époque n’est pas parfaite, et ça, il n’y a que l’avenir qui pourra le mettre en lumière. Mais il faut y penser des maintenant : certaines de nos pratiques seront vues comme des barbaries dans un futur que nous ne connaîtrons pas. C’est une certitude.
Et il faudra espérer que les gens qui nous regarderont à ce moment là, nous jugeront avec autant de sympathie et de clémence pour nos coutumes que nous devons regarder les gens du passé pour les leurs.
Dans cette optique, je pense aussi que tenter de cacher ce pan là de l’Histoire, c’est à dire nos erreurs passées, reste une mauvaise idée.
(Cette quote, ainsi que cette réflexion font suite, notamment, à ma lecture de Cinq Semaines en Ballon, de Jules Verne : l’histoire se passe en Afrique et les deux explorateurs dans leur ballon parlent évidemment de nègres, d’Arabes, de peuples primitifs, etc.)