(le titre a été réécrit depuis)
En gros : « est-ce que vulgariser est néfaste ? »
L’idée étant que vulgariser quelque chose donne l’impression (au public) de comprendre quelque chose alors que ce n’est pas forcément vrai (exemple avec une classe d’élèves dont les notes ne montent que très peu après un visionnage d’une vidéo éducative).
Je vais donner mon avis, étant vulgarisateur moi-même et ayant un but précis avec ça, mais n’ayant pas de thèse ni rien.
Déjà, pourquoi je vulgarise ? Parce que je cherche moi même à me faire une idée du fonctionnement du monde. Je suis curieux, et quand j’arrive à conceptualiser un phénomène quelconque, je met ça par écrit et ça donne mon blog. À l’école je ne me contentais pas des réponses : j’étais plutôt du style à aller jusqu’au bout et à (me) demander toujours « et pourquoi ? et pourquoi ? et pourquoi ? ». Jusqu’au lycée, je pouvais assez vite comprendre ce qui était dit en classe. En sup, déjà les maths ont une part plus importante mais la masse de choses à comprendre est plus grande et je n’avais plus le temps pour tout comprendre.
Il est très clair que si j’avais sû/compris certaines choses que je sais aujourd’hui, je n’aurais peut-être pas arrêté les études.
La science en sup c’est du calcul pur et (pas) simple. La plupart des profs s’arrêtent au côté mathématique des phénomènes physiques sans expliquer ce que ça implique ni d’où ça vient (parfois faute de temps, parfois d’envie, parfois autre chose, mais le résultat est le même).
Et je trouve ça regretable : autant les calculs sont nécessaires pour quantifier et prédire précisément ce qui va se produire (« une pomme lâchée touchera le sol après 1,3563 secondes ») quand j’initie un phénomène physique, autant ils ne le sont pas si on souhaite juste savoir qualitativement ce qui va se passer (« la pomme va accélérer vers le sol »).
Je pense que commencer par comprendre le phénomène de façon qualitative permet de mieux appréhender les calculs et surtout le résultat à la fin.
Si on pense que la pomme va s’envoler et que les équations montrent le contraire, alors soit l’idée de la pomme qui s’envole est fausse, soit le calcul, mais dans les deux cas, c’est là que les choses deviennent intéressantes. Si on ne fait que les calculs, on peut pas savoir si on s’est trompé et on accepte un résultat sans aucun jugement, ni débat sur ce que ça va impliquer pour la pomme.
L’un de mes articles préférés sur ça c’est celui sur les équations de Maxwell. Les équations j’en ai bouffé en classe, mais ce n’est que bien après que j’ai pu les comprendre comme dans mon article, avec le temps.
Maintenant, si tout ça ne se ressent peut-être pas directement sur les notes lors d’un contrôle, c’est peut-être aussi parce que le contrôle porte sur des calculs, comme le cours du prof, et non sur la compréhension qualitatif du phénomène.
Pourtant, il y a 100 ans, les livres scolaires étaient des romans explicatifs où tout était clair comme du cristal, voir :
– https://lehollandaisvolant.net/?d=2012/12/10/12/47/48-de-moins-en-moins-de-tp-a-lecole
– https://lehollandaisvolant.net/?d=2011/10/25/19/01/16-un-mot-sur-lether
La nature, la physique, la science pourrait être un terrain d’inspiration pour le littérature, comme le sont les écrits de Jules Verne ou d’Isaac Asimov. Ces deux auteurs sont d’immenses vulgarisateurs et leur compréhension du monde se traduit non seulement par des bouquins où la science est claire, mais aussi par des talents de visionnaires incroyables (surtout Jules Verne) !
Je diverge, mais pour résumer, je pense que la vulgarisation se complète à un enseignement purement théorique. Idéalement, les deux ne devraient pas être dissociés (pour éviter les risques présentées dans la vidéo de Veritasium dont il parle ici), mais les équations numériques devraient au contraire être expliquées en direct par le prof, en montrant ce que signifie réellement les opérations qu’il fait.
Un peu comme faisait Newton ici, par exemple : https://lehollandaisvolant.net/?mode=links&id=20160506204849
Au collège, j’avais un prof de maths génial pour ça.
Pour nous faire découvrir les cosinus, les sinus et la tangente, il nous avait fait tracer deux droites avec un angle de donné. Puis, une droite perpendiculaire à l’une des deux premières.
On se retrouvait alors avec un triangle rectangle. Le truc c’est qu’il n’avait donné aucune indication sur la position de la dernière droite. Du coup, personne n’avait un triangle de la même taille.
Enfin, il nous a dit de mesurer deux longueurs du triangle au choix et d’en faire le rapport.
C’est là que ça devenait intéressant : même si on était 24 dans la classe, et donc avec 24 triangles de taille différente, on se retrouvait avait seulement 3 valeurs différentes, selon les côtés choisi on trouvait soit le cosinus, soit le sinus, soit la tangente de l’angle donné. Nos 24 triangles différents pouvaient être distillés en seulement 3 nombres caractéristiques et commun à tout le monde ! C’est comme ça que j’ai découvert les cosinus et la trigonométrie pour la première fois en classe.
J’ai trouvé cette méthode superbe, mais je n’ai que très rarement revu ce genre de choses par la suite, et c’est bien dommage.