Prenons un exemple, genre ça :

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Il s’agit de l’article premier de la déclaration universelle des droits de l’Homme. Savez-vous dire si c’est du chinois ? du japonais ? du coréen ?

Il y a plusieurs siècles, le japonais dérive du chinois. Le coréen anciennement également (j’y reviens). Les trois langues utilisent des sinogrames, qui représentent un mot, un fait ou une idée. Généralement, la même idée est représentée par des sinogrammes visuellement très proche en chinois et en japonais.

Par exemple, pour un chat :

  • chinois traditionnel : (chinois simplifié : ) ;
  • japonais :  ;
  • coréen : 고양이.

Pour le chat, les sinogrammes chinois et japonais se ressemblent, non ? Celui du japonais est même quasi-identique à celui du chinois simplifié !

La version coréenne n’a rien à voir, et pour cause : ce ne sont pas des sinogrammes mais du hangeul. Après avoir été inventée au XVIe siècle, ils ont été interdits durant 500 ans (par le roi). Ce n’est qu’au XXe siècle qu’ils ont fait leur retour. Ce système a été créé (il y a longtemps, donc) pour sa simplicité et sa logique : la structure des mots est très rigoureuse et les traits sont très simples. Cela a permis (et permet aujourd’hui encore) une très forte alphabétisation de la population coréenne.

Des trois langues présentées ici, c’est celle qui est la plus simplement reconnaissable : un texte en coréen contient des formes simples (traits, angles, cercles…) propre au coréen. Voici la page « wikipédia » sur wikipédia pour le constater.

Il subsiste, à l’usage, encore quelques caractères issus du chinois (les hanja), mais la majorité des écrits en coréen se font en hangeul.

Bon, et pour le chinois et le japonais ?

Le japonais, contrairement au chinois, utilise plusieurs écritures en même temps. J’en ai déjà parlé dans un article :

  • les kanji
  • les kanas (subdivisés en hiraganas et katakana)

Les kanji sont issus des sinogrammes : ils dérivent pleinement du chinois (de l’époque où les chinois contrôlaient le japon). Les kanjis sont souvent complexes et désignent là également des idées, des objets, au lieu de sons.
Les kana, sont des versions très simplifiés des sinogrammes : ils ont nettement moins de traits et sont nés de la simplification progressive de l’écriture de certains kanjis. Contrairement à ces derniers, les kanas désignent des sons (des syllabes, en fait) : il y a un kana pour dire « ra », un autre pour le « ma », ou pour le « mo », « mi »…

Les katakanas et les hiraganas sont des miroirs l’un de l’autre : il y a un tableau pour chaque écriture. Les deux écritures font doublon comme ça, mais ils sont utilisés différemment : les katakanas (ceux aux traits anguleux) sont utilisés pour des mots d’origine étrangers ou des noms propres, alors que les hiraganas (ceux aux traits arrondis) sont utilisés ailleurs.

Enfin, les kanjis sont utilisés pour les mots pour lesquels il en en existe un (« chat » par exemple), même si on pourrait très bien utiliser des kanas à la place.
Généralement, plus celui qui écrit un texte en japonais connaît de kanjis, plus il les utilise (et donc moins il y a de hiraganas).

Avec ça, on peut différencier le japonais du chinois : c’est le seul qui contiendra des kanas ; et les kanas sont facilement visibles : ce sont les caractères au traits moins nombreux. Un texte en japonais est donc bien moins dense que du chinois.

Voici le même texte qu’au début, en chinois et en japonais :

Chinois (simplifié) :

人人生而自由, 在尊严和权利上一律平等。他们赋有理性和良心,并应以兄弟关系的精神相对待。

Japonais (les hiraganas sont en rouge — aucun katakana ne figure dans ce texte) :

すべての人間、生まれながらにして自由でありかつ、尊厳権利と について平等である。人間、理性良心とをけられており、互いに同 胞精神をもって行動しなければならない

Pour comparer un peu plus, voici la première phrase de l’article wikipédia dédié à Wikipédia, en japonais (en rouge : hiraganas ; en bleu : katakana ; en noir : les kanji) :

ウィキペディア(英: Wikipedia)ウィキメディア財団運営しているインターネット百科事典であるコピーレフトライセンスのもとサイトアクセス可能もが無料自由編集参加できる。世界各言語展開されている

Dans un texte, ce sont ces caractères là qu’il faut rechercher : si vous les voyez, c’est du japonais. En particulier, recherchez le (lire « no »), qui est une particule grammaticale (marquant l’appartenance) spécifique au japonais mais relativement courante.

Si aucun kana ne figure dans un texte, en particulier que le , c’est qu’il s’agit certainement d’un texte en chinois.