Le Hollandais Volant

ZFE et malus écologique : « Oui mé la Chine ! »

Cet article est en réponse à ceux qui ne comprennent pas que nous on s’emmerde avec les zones à faibles émissions (ZFE, c’est-à-dire des villes où l’on interdit les voitures les plus polluantes), alors que la Chine et l’Inde émettent plus de CO2 que tous les autres pays réunis.

Déjà, si l’on vous sort cet argument, sortez celui-là :

Michel Fourniret viole et tue des dizaines d’enfants donc on peut bien en tabasser un de temps en temps !

(Merci @sarddou pour cette quote !)

En gros : c’est pas parce que quelqu’un fait le con, que ça doit nous interdire de faire de notre mieux (ou que ça nous autorise à nous aussi de faire le con, y compris si c’est juste un peu moins le con).

Qui plus est, la Chine produit une bonne partie de nos biens de consommation vendus en Europe. Donc leur CO2, c’est surtout le nôtre, premièrement. Et ensuite, lorsque la Chine sera neutre en carbone (ils investissent massivement et ont déjà les plus grands parcs solaires, hydro, éoliennes du monde à l’heure actuelle — rien que ça), ça sera quoi votre argument ?

« C’est bon, la chine est propre, ce sont pas nos émissions qui vont changer quoi que ce soit ! » ?

Bah.

Maintenant, mélanger le CO2 et les ZFE, c’est une erreur, et ce n’est pas un argument valable. Les ZFE n’ont rien avoir avec le CO2.
Rien n’excuse d’être con, mais je reconnais que le terme de « ZFE » est quand-même mal choisi.

Les ZFE sont liées au certificat « Crit’air ».

Or ce dernier ne mesure pas le CO2 émis par la voiture, mais la qualité de l’air ; en partant du fait que les moteurs récents émettent moins de choses « sales » que les moteurs plus anciens : fumées, particules, hydrocarbures, monoxyde de carbone, NOx…

Le CO2 émis, même s’il est désastreux pour le climat dans son ensemble, n’est pas tellement toxique. En tout cas, pas aux niveaux mesurés dehors, ni en campagne, ni en ville, ni même à côté d’une grande route.

Le taux normal moyen dans l’atmosphère environ 0,043 %.
Le taux en ville à côté d’une route se situe vers 0,046 % (voir là).

Or pour commencer à noter des effets, le taux doit être de 0,100 % (donc le double). Et pour avoir des effets clairement dangereux, autour de 5 % (donc 100 fois plus que le taux naturel) et une exposition prolongée.

Donc d’une part, la différence entre le taux moyen et le taux en ville est très fiable ; d’autre part, on reste bien en dessous des seuils de dangerosité réelle.

Par contre, les particules fines, les hydrocarbures et surtout le monoxyde de carbone et les NOx, eux sont beaucoup plus dangereux : c’est donc une toute autre histoire.
Le monoxyde de carbone, par exemple (noté CO, ou CO1 en quelque sorte, mais l’on n’écrit jamais le 1) est dangereux à de très faibles taux : 0,100 % peut déjà provoquer un évanouissement, et 0,500 % est létal en seulement 30 minutes (voir là).

Le Crit’Air sert à classifier les véhicules sur ces émissions-là.

C’est pour ça, pour ma part — et vous devriez aussi — entre un poids lourd dernier cri qui consomme du 40 L/100 mais dont les fumées sont « propres », et une vieille voiture qui a 30 ans sans FAP qui mélange le carburant et l’air n’importe comment, je préfère largement, et de très loin, me retrouver à côté du camion.

Et les ZFE, elles servent spécifiquement à ça : faire en sorte qu’on ait moins de vieilles bagnoles de 30 ans, et plus de véhicules récents en ville.

Même si sur la question du CO2, cela peut donner lieu à des situations contradictoires : une voiture récente qui émet plus de CO2 pourra rouler en ville, alors qu’une voiture plus ancienne qui consomme moins ne le pourra pas. Comme j’ai dit : le ZFE n’est pas une question de CO2.

Le CO2 est lui régi par le malus écologique : si votre voiture émet trop de CO2, vous payez une taxe à l’achat. Indépendamment des ZFE et du Crit’air.