« France nation verte ». L’intitulé de l’outil de planification écologique dévoilé, vendredi 21 octobre, par la première ministre, Elisabeth Borne, annonce la couleur. Reste à inventer le modèle de société qui va avec.

Voir : La transition écologique en manque de récit

Ils veulent des idées ?

En voilà des idées :

  1. remettre en place la consignation des bouteilles en verre et en plastique
  2. taxer les « super profits » pour financer à grande échelle la rénovation des logements.
  3. rendre 100 % piétons tous les centre-villes des villes françaises
  4. rendre le vélo possible partout, tout le temps
  5. forcer la sobriété des voitures en taxant la conversion vers un véhicule qui émet plus que celui qu’on remplace
  6. interdire la vente pure et simple des voitures qui émettent plus qu’un certain seuil.
  7. rendre le train compétitif, pour le fret et pour les voyageurs
  8. arrêter avec l’écologie à deux balles qui n’en est pas

Pour la consignation
Tout le monde le réclame, personne ne le remet en place. Pour les bouteilles en verre, il est une hérésie totale de briser une bouteille pour la refondre et refaire une bouteille identique, qui est un processus qui demande énormément d’énergie.
Alors que laver une bouteille, ça demande juste de l’eau, et probablement pas beaucoup plus que le lavage des débris de verre qu’on fait déjà.

Pour la rénovation des logements
Rénover la coûte cher, oui. Mais c’est avant tout un investissement sur le long terme : on dépense 20 k€ pour ensuite économiser une centaine d’euros par mois. Le calcul est vite fait, mais tout le monde n’est pas capable de mettre 20 k€ sur la table à un instant T et dépense donc plus chaque moi.
Financer ne serait-ce que le passage d’un expert chez tout le monde pour estimer la nécessité ou le coût de travaux d’isolation serait déjà un bond en avant, car ça permettrait de cibler ceux qui en ont le plus besoin.
Le fait d’avoir interdit les augmentations de loyer aux logements que les propriétaires refusent de rénover pour atteindre les nouveaux standards énergétiques est un bon début, mais ça ne règle pas le problème à la source.

Pour la piétonisation des centre-villes
Faut vraiment vous faire un dessin pour voir que personne ne veut voir les voitures dans les lieux de vie des villes ? Que y en a trop ? Que c’est étouffant ? Que ça prend trop de place ? Que c’est bruyant ? Accidentogène ? Que ça pue ?
Évidemment, ça demandera la création de parking en périphérie ou sur des axes excentrés, mais marcher 500 mètres n’a jamais tué personne.

Faire que le vélo devienne une alternative viable
On ne va demander à personne de faire 50 km par jour en vélo. Mais quand le trajet à faire fait 2 km et n’implique pas de transporter 2 tonnes de matériel, il devrait être interdit de prendre sa voiture. On transporte sans problème une baguette de pain, un sac de courses ou une lettre à poster en vélo.
Problème : beaucoup prennent aussi la voiture car c’est moins dangereux (créant un cercle vicieux). Les pistes cyclables actuelles ne sont pas séparées physiquement de la route et se limitent à de la peinture par terre. Je le dis à tous les maires et préfets de France : autant ne rien mettre, franchement.
Ce sont des vraies voies cyclables qu’il faut, séparées des voitures, inaccessibles à ces dernières. Et pas seulement sur 50 mètres mais partout où il y a des routes.

Qui plus est, il faut encourager les employés et à utiliser le vélo pour se rendre au travail. Je veux dire réellement : 0,25 € par km et plafonné à 200 € par an, c’est du foutage de gueule. Personne ne fera l’effort si c’est tout ce qu’il y a à la clé. Or, tout comme on décourage des pratiques en touchant au portefeuille, on peut faire l’inverse aussi.
Mettez 1 € du kilomètre et sans limite, le tout en crédit d’impôt pour l’entreprise, et vous verrez à quelle vitesse les entreprises encourageront les employés à utiliser un vélo, et à quelle vitesse ces derniers le prendront. Pour que les deux acteurs s’y mettent, il faut que les deux y voient un avantage (c’est pas compliqué : jouez sur le pognon).

Forcer la sobriété des voitures
Les voitures sont de plus en plus grosses et consomment de plus en plus. Il faut arrêter cette mode ridicule et dangereuse.

Interdire les véhicules les plus polluants.
Actuellement, il existe un barème pour le « malus » écologique. Il monte à 40 000 € pour les véhicules qui émettent plus de 223 gCO2/km. C’est beaucoup pour la majorité, mais ce n’est pas suffisant pour celui qui se fout du pognon car il en a trop. À ce niveau, la pollution inutile est simplement un droit exclusif pour les riches.
C’est pas une taxe de 40 000 € qu’il faut pour l’acquisition d’une telle voiture, mais une taxe égale à 40 % des revenus du propriétaire. Là, ça serait dissuasif pour tout le monde.
On peut aussi interdire la vente de véhicules qui émettent plus d’un certain seuil.

Rendre le train plus compétitif
Actuellement, n’importe où l’on va, l’avion est moins cher que le train. C’est assez ridicule et totalement absurde d’un point de vue écologique. Il faut renverser ça.
Et je ne parle même pas du fait que le train de fret est de plus en plus remplacé par des camions, et que l’offre pour les voyageurs est de pire en pire lorsqu’elle est seulement existante.

Pour l’écologie à deux balles
Utiliser des matériaux végétaux pour faire des sièges auto, des sacs de courses ou des vêtements c’est du bullshit. Ces matériaux sont à base de bambou ou de maïs, ok, mais ils sont tellement transformés que niveau CO2 c’est totalement contre-productif. Même remarque pour les biocarburants, au passage.
Quant aux gobelets ou couverts en bambou, là aussi c’est d’une absurdité sans nom. Les gobelets en carton, par exemple sont recouverts de plastique et ne sont donc ni recyclables, ni réutilisables, ni biodégradables (là où les gobelets en plastiques étaient au moins recyclables) ; et les couverts en bambou sont quant à eux conditionnés dans des sachets individuels en plastique.
De façon générale, il faut arrêter avec le tout jetable et les emballages partout.

En conclusion je dirais que tout n’est probablement pas aussi simple que c’est mis ici, mais si on est capable d’aller à la déchetterie pour jeter des bouteilles en verre, on peut aussi les emmener au supermarché pour faire jouer les consignes. Ça se fait déjà ailleurs comme en Hollande : une bouteille c’est 0,25 € de consigne. Deux packs de six bouteilles c’est déjà 3 € en bon d’achat. C’est quand-même pas rien. D’autant que ces consignes existaient déjà il y a longtemps, pour le vin ou autre.

J’ai pas non plus dit que c’étaient de « petits gestes ». Les petits gestes n’y arriveront pas. Ce qu’il faut c’est une révolution.
En vit une crise climatique : en France on a désormais 4 mois sans pluie, les rivières sont vides, les cultures mortes, et bientôt on n’aura plus aucun glacier dans les Alpes ou les Pyrénées et on a des mois d’octobre où il fait 30 °C sur la moitié du pays. Et ce n’est que le début. Si on veut corriger le tir, il faut des actions à la hauteur de cette crise.