Le Hollandais Volant

Le charbon est beaucoup plus dangereux que le nucléaire

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Juste parce que j’en ai marre de rechercher tout le temps les mêmes liens et les mêmes chiffres, voici un récap de trois chiffres clés à à propos du charbon, soi-disant préférable au nucléaire en matière d’énergie.
Vous verrez : même en ce qui concerne les radiations, le charbon dépasse de loin le nucléaire… Un comble, donc.

Il faut 3 000 000 de tonnes de charbon pour produire autant d’énergie qu’une tonne d’uranium

En d’autres termes : une remorque de voiture d’uranium équivaut à un convoi de 100 poids lourds de charbon…

C’est une question de densité d’énergie et de forme d’énergie exploitable. Le charbon est une énergie chimique. L’uranium libère son énergie par fission de son noyau. Cette forme de libération d’énergie est de l’ordre de 1 000 000 de fois plus concentrée que l’énergie chimique.

En l’occurrence, l’uranium et le charbon diffèrent d’un facteur 3 millions environ. Cette différence influe sur l’extraction, le transport, le traitement et les déchets, qui sont alors d’une échelle incomparable entre les deux.

Source : Tableau de densité massique d'énergie — Wikipédia.

L’industrie du charbon émet dix fois plus de radioactivité que l’industrie du nucléaire

Oui, même en incluant Fukushima, Tchernobyl, Three Miles Island, et tout le reste.

Le charbon est une roche. Ce n’est pas du carbone pur : il contient des impuretés. L’une de ces impuretés est le radon, un gaz produit naturellement dans le sol. Le radon est radioactif, et les mines, le raffinement et les centrales le relâchent dans l’air. Ce radon est issu de la décomposition de l’uranium et du thorium, eux-même encore présents à l’état de traces dans le charbon (et rejetés essentiellement dans l’air).

L’extraction de l’uranium émet aussi du radon, mais comme il faut beaucoup plus de charbon pour produire autant qu’un petit peu d’uranium, il en sort que la contribution du secteur du charbon à l’exposition de rayonnement est environ dix à cent fois plus importante que la contribution du secteur nucléaire dans leur ensemble.

Et oui : ceci tient compte même des émissions passives ou accidentelles de tritium, d’iode ou d’autres polluants radioactifs à cause d’un accident nucléaire passé.

Source : SOURCES, EFFECTS AND RISKS OF IONIZING RADIATION — UNSCEAR 2016 Report (ONU)

Le secteur du charbon tue 2 500 fois plus que le secteur du nucléaire

À énergie produite égale.

Tous les secteurs, toutes les activités engendrent des accidents, dont certains sont mortels. C’est inévitable.
Les secteurs de l’énergie ne sont pas exclus. Ni le nucléaire, ni le charbon. Ni les autres (hydro, solaire, gaz)…

Si on compte le nombre de morts par secteur d’énergie, on obtient quelque chose comme ça :

Nombre de morts par source d’énergie (en morts / TWh)
Type d’énergie Nombre de morts
Charbon 100
Pétrole 36
Biomasse 12
Gaz 4
Hydro 1,4
Solaire 0,44
Vent 0,15
Nucléaire 0,04

Sur toute la filière, on voit que celle du charbon est 2 500 fois plus mortelle que celle du nucléaire.

Une grande partie de ces chiffres dépendent du pays de production. À tel point que dans la source, il fait un autre tableau où il distingue la Chine du reste, notamment pour le charbon. Les conditions de travail n’y sont pas les mêmes que dans les pays occidentaux : le charbon fait 170 morts par TWh en Chine, mais 30 aux USA.

Cela ne change rien à la conclusion ni au constat : cela reste donc beaucoup plus que le nucléaire.

Source : Deaths per TWH by energy source (citant entre autre ces études : Economic Analysis of Various Options of Electricity Generation - Taking into Account Health and Environmental Effects, COMPARATIVE RISK ASSESSMENTS OF ENERGY OPTIONS).

Conclusions et commentaire

En global, en termes de nombre de morts, aucune source d’énergie n’est aussi sûr que le nucléaire. Et aucune source n’est aussi mortelle que le charbon.
En termes de radiation, le charbon est pire que le nucléaire (viennent ensuite le nucléaire, puis le gaz, et la géothermie — voyez les sources).

Concernant la radiotoxicité justement, il faut noter que les émissions radioactives dont on parle restent faibles devant la radioactivité naturelle et artificielle globale.
Oui, le charbon émet plus de radioactivité que le nucléaire. Mais non, ce n’est pas spécialement un danger. Il reste que si c’est la radioactivité qui vous font peur et que vous en voulez le moins possible, le nucléaire est un meilleur choix que le charbon.

Mais dans ce cas, vous auriez encore plus peur d’un voyage en avion (voler en altitude vous expose à des radiations cosmiques), d’un portique à rayons-X ou d’une simple radiographie et même d’une cigarette. Toutes ces choses-là comptent largement plus en termes de radiations nocives que l’industrie nucléaire, celle du charbon, et même la radioactivité naturelle (voir là).

Pour le dernier nombre, il s’agit un peu du même biais qu’entre l’avion et la voiture. La voiture fait dix fois plus de morts chaque jour que l’avion n’en fait par an. Pourtant personne n’en parle. Pourquoi ? Car mille accidents de 2 personnes se voient toujours moins qu’un seul accident tuant 500 personnes. Sauf qu’un accident d’un gros avion est beaucoup plus rare qu’un accident de voiture, et au final, le moyen de transport le plus sûr reste l’avion.
Pour le nucléaire c’est la même chose : cette source d’électricité est celle qui fait le plus peur, mais au final, c’est celle qui tue le moins, et de loin.

La comparaison avec l’avion peut aller plus loin. Tout comme dans l’aviation, l’industrie du nucléaire est parfaitement conscience de cette « peur » de la part du public. Résultat : ils mettent les bouchées doubles sur la sécurité. L’aviation civile a des plans d’actions très précis en cas d’accident, à la fois pour gérer la crise et organiser les secours que pour réduire les risques de crash en premier lieu. Le nucléaire c’est pareil : c’est ultra surveillé et contrôlé.
Si la moitié des centrales nucléaires françaises sont arrêtées actuellement, ce n’est pas parce qu’elles vont exploser : c’est juste parce qu’on a constaté des anomalies très mineures et que l’on prend des précautions. L’aéronautique opère de même : quand un problème est constaté, c’est toute une flotte d’avion qui peut être clouée au sol (souvenez vous le Boeing 737 Max). Et cela vaut mieux. On n’empêchera jamais un accident, mais on peut au moins éviter deux accidents identiques, et même éviter un accident potentiel.

image d’en-tête de Oatsy40