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Ceci est la suite de ce post.
Pour résumer, j’ai par hasard pu voir une série de 60 satellites à la queue dans le ciel nocturne le jour de Noël. Ces satellites sont en orbite depuis moins d’un an (et probablement s’agit-il de la série lancée il y a à peine un mois) et c’est la première fois que je vois un truc comme ça.

C’est à la fois flippant et magnifique : flippant car c’est la première fois qu’on voyait un truc comme ça (et heureusement qu’on savait ce que c’était), et magnifique car c’est juste le futur qui s’ouvre et qui traverse le ciel (qu’on n’aime ou non).

Mais c’est pas sur ça que je voulais insister dans cet article.

En fait, même si vous avez déjà levé les yeux et vu quelques étoiles, et si vous avez trouvé ça plutôt joli, alors refaites-le. Mais plus longtemps.

Si vous êtes à la campagne et que le ciel est dégagé, profitez-en : éteignez toutes les lumières extérieures et regardez le ciel pendant 15 minutes.
Laissez vos yeux s’acclimater à l’obscurité et voir de nouvelles étoiles, plus lointaines ou plus petites, en tout cas moins lumineuses, devenir visibles. Il y en a des milliers.

Si vous avez un smartphone, laissez-le éteint d’abord : sa luminosité risque de vous éblouir et vous ne verrez plus rien.
Prenez une boussole aussi, et tournez-vous vers le Nord. Cherchez la Grande Ourse (ou « grande casserole »). Si vous savez déjà la trouver, essayez de trouver la Petite Ourse : elle est plus haute dans le ciel, environ moitié moins grande, retournée par rapport à la Grande, et la queue de la casserole est courbée dans l’autre sens. Elle est nettement plus difficile à trouver, car ses étoiles sont moins lumineuses et cette partie du ciel est plus éclairée. Si vous la voyez, repérez alors l’étoile au bout de sa queue : c’est l’étoile polaire. Cette étoile permet de trouver le nord. Aussi, quand la terre tourne, les étoiles semblent se déplacer dans le ciel au cours de la nuit (comme le Soleil se déplace dans le ciel visible). L’étoile polaire, elle, restera globalement au même endroit.

Si vous voyez une bande lumineuse traverser le ciel (comme ici, presque dans le même axe que les satellites) ce ne sont pas des nuages. Enfin si, mais pas des nuages terrestres : il s’agit de la Voie Lactée, notre galaxie. Ce qu’on voit c’est le centre de la galaxie, nettement plus dense en étoiles et en poussière d’étoile que le reste du ciel. On voit le centre de la galaxie depuis la Terre, qui est elle-même environ aux 2/3 de son bord.

Une fois que l’observation à l’œil nu est finie, essayez avec une simple jumelle, n’importe lesquelles : Vous verrez encore plus d’étoiles !
Si la Lune est visible, observez-la aussi ! À l’œil, notre Lune est juste ronde et lumineuse avec des tâches, mais rien qu’avec les jumelles vous la verrez déjà bien mieux : vous verrez les montagnes, les reliefs, les monts et les plaines (qu’on appelle les « mers », bien qu’il n’y a pas d’eau).

Si la Lune est croissante ou décroissante c’est encore mieux : si vous observez à la jumelle la partie croissante, vous pouvez apercevoir l’ombre des montagnes éclairées par le Soleil (située sous l’horizon terrestre, donc) portée sur les plaines lunaires. Le contraste est très visible et c’est magnifique. Essayez !

Enfin, si votre téléphone portable a un appareil photo et dispose en plus d’un mode « manuel » (en plus des modes habituels « auto », « portrait », « panoramique », etc.), apprenez à bidouiller les paramètres que sont la luminosité, l’ISO, le temps d’exposition, le contraste… Regardez ce que ça fait sur vos photos (pas forcément de nuit) et apprenez à utiliser ça.

Sur mes photos du ciel nocturne, j’utilise un ISO élevé, avec une durée d’exposition très longue : le ciel nocturne en devient très lumineuse et on voit les satellites laisser leur signature lorsqu’ils se déplacent. Bien-sûr, l’image reste brouillée et pas spécialement nette : ça reste un téléphone avec un capteur photographique grand public, mais c’est déjà pas mal.
Évidemment, on peut prendre plein d’autres choses en photo comme et le résultat est parfois captivant (comme ce feu en très courte durée d’exposition, ou de nouveau des flammes avec une exposition prolongée).
Ce n’est pas forcément du grand art, mais c’est plutôt joli quand-même pour ce genre d’appareil et pour un utilisateur lambda sans formation photographique.

Et encore, tout ça c’est sans utiliser les filtres correctifs appliqués après le cliché : là aussi, apprenez à utiliser votre téléphone, votre appareil photo : ajustez la luminosité et le contraste (et souvent les deux en même temps) et voyez comment cela peut améliorer vos clichés. En jouant un peu, on peut obtenir ce genre de photos (ici le filament d’une lampe à incandescence). C’est plutôt pas mal.

Rien ne remplacera un bon photographe qui utilise activement son savoir-faire et son matériel pour immortaliser une scène quelconque en œuvre d’art, mais si vous avez déjà un smartphone avec un appareil photo, alors vous avez déjà de quoi faire des trucs sympas et hors du commun (genre ça, oui, encore du feu).

Pour résumer : observez le ciel nocturne, peut-être vous verrez des choses sympas et très probablement vous apprendrez quelque chose. Et apprenez à utiliser votre appareil photo de smartphone : tirez-en tout le potentiel possible : ça ne pourra toujours qu’être bénéfique, un jour ou l’autre, pour vos photos ! Même si ce n’est pas un appareil à 10 000 €, il est capable de bien plus que de prendre juste des photos standards, il faut le savoir.

Pour finir, quelques liens :

  • Carte du ciel étoilé en temps réel | Stelvision
  • Satmap (carte des satellites artificiels — on note très bien Starlink dessus : c’est la longue traînée très dense. Les satellites au niveau de l’équateur sont les géostationnaires, à 36 000 km d’altitude, invisibles et immobiles dans le ciel)

(Merci Philippe pour les liens !)