À quoi sert la téléréalité et pourquoi ça marche si bien

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Ces shows télévisés sont apparus au début des années 2000 en France : Star'Ac, Koh-Lanta, Nouvelle Star, Secret Story, etc.

Qu’ont-ils en commun ? Pourquoi ça marche ? Pour qui sont-ils importants ?

Ces émissions débiles mettent en acteurs des gens comme tout le monde : des gens issus de tous les milieux et représentant à peu près « le peuple ». Au fil des épisodes, on découvre leur famille, leur vie de tous les jours, et on suit leur progression dans le « jeu ». Le spectateur finit par se reconnaître dans les personnages et/ou s’attacher à eux.

Ce qu’ont ces émissions de plus que les séries TV, c'est que la progression d'un candidat est censée être décidée par les spectateurs, au moyen de votes par SMS surtaxés.
C’est le premier point important : le semblant d’interaction avec l’émission de télé.

L’autre point important, c’est l’argent que le gagnant est supposé remporter (auquel il faut bien sûr déduire taxes et impôts en tout genre qui pillent parfois jusqu’à 50% des sommes remportées).
Dans ces émissions, ce sont donc des gens ordinaires qui gagnent d’un coup d’importantes sommes d’argent. D’où évidemment les devises de ces émissions « cela peut vous arriver ». En disant ça, le téléspectateur est hameçonné pour le faire rêver, oubliant le malheur et les tracas de la vie de tous les jours. Cet effet est fortement accentué quand le téléspectateur est invité à sauter sur son téléphone pour participer à un tirage au sort avec lequel il espère partager les gains du candidat.

Cela donne confiance au téléspectateur : il peut être pauvre et avoir une situation de vie mauvaise, peu importe : l'important c'est d’espérer et de rêver.

Enfin, un troisième point vient s’ajouter à cela : la compétition. Dans tous les jeux, il y a un gagnant. C’est comme l’esprit de compétition instauré à l’école : « fais mieux que ton voisin, sinon tu mourras ».
Le téléspectateur se retrouve dans cet esprit là, à toujours vouloir faire mieux, toujours plus. « Travailler plus pour gagner plus », ça vous dit quelque chose ?

À qui peuvent bien servir ces émissions ?

Au premier abord, on pourrait penser que le téléspectateur est le premier gagnant : il est diverti par ces émissions. Viendraient ensuite les chaînes de TV elles-mêmes, qui évidemment se remplissent les poches avec la publicité engendrée par la forte audience de ces émissions.

En songeant un peu, on s’aperçoit que les gagnants sont ceux qui contrôlent les chaînes de TV : les gouvernements. Reprenons les points ci-dessus et plaçons-nous d’un autre point de vue : celui où la télévision n’est plus un divertissement mais un moyen de contrôler les masses.

Point 1 : le téléspectateur a l’impression de contrôler le déroulement du jeu qu'il regarde à l'aide des votes qu’on lui propose de faire par SMS. L’impression pour le spectateur d’agir quelque part dans sa société. De pouvoir enfin décider un paramètre dans une routine où tout est formaté « métro, boulot, dodo ».

En politique, décider comment va se dérouler la vie dans un pays ça se nomme la démocratie, la république : c'est le peuple qui décide qui va les servir et les représenter.

Le peuple a la force : aucune armée ne pourra venir a bout du peuple. Jamais.
Actuellement, elle a une voix et si les gouvernements ne les écoutent pas, ils tombent : combien de dictatures (d’apparentes démocraties) sont tombées récemment ? Lybie, Tunisie, Côte d'Ivoire, le Sénégal en ce moment, etc. C’est bien.
Mais est-ce encore possible dans les pays dits « riches » ? Comme la France ? N'est-il pas trop tard ?

Je l'ai dit : la république permet au peuple de choisir ses serviteurs (le gouvernement). Mais depuis quelque temps, ces serviteurs ne servent plus les citoyens. Ils ne les écoutent même pas : les grèves à répétition, les manifestations dans les rues (Lyon en 2010, Londres en été 2011, New York en décembre, et un peu partout actuellement…), sont un signe que le peuple n'est pas content et qu’on ne l’écoute pas. Les gouvernements ne sont plus des serviteurs, mais des maîtres, et nous sommes devenus ses esclaves.

Pourquoi personne ne réagit plus que ça alors ? C'est là qu'interviennent les médias et la télé-réalité. Souvenez-vous : les votes par SMS. Le peuple vote. Le peuple choisit. Pour lui, c'est une façon de faire la démocratie et la liberté.

Alors que d'un côté, les gouvernements nous privent des libertés fondamentalement importantes, ils nous en proposent d'autres, totalement dérisoires et inutiles de tous les points de vue, mais qui suffisent pour maintenir le calme au sein du peuple. De toute façon, coincé dans son canapé, il n'ira pas non plus protester dans la rue.

Le système et l’ordre mondial peuvent être en train de s’effondrer, tout le monde s’en fout, du moment qu’il y a la Nouvelle Star. « Laissons à nos élus le soin de résoudre la crise qui nous paraît si loin, ils nous l’ont promis avant les élections ». Et nul ne penserait que ces élus sont des égoïstes et des assoiffés de pouvoir : ça serait admettre que les électeurs se sont trompés, ce qui est impensable : « vous ne pouvez pas dire que c’est un mauvais président, car c’est vous qui l’avez choisi », c’est ce que l’on nous enseigne à l’école après tout (oui, on nous a dit ça une fois en classe, au collège)…

Point 2 : l’argent.
Pendant que la presse « people » et les émissions avec les stars millionnaires nous sont balancées partout à la télé ou dans les maisons de la presse, au point de ne voir plus que ça, le peuple est pauvre, et certains ont toujours faim et froid.
Solution traditionnelle : le gouvernement doit se sortir les doigts du cul pour égaliser les salaires, supprimer la pauvreté, construire des logements pour les sans-abris.

Solution donnée par les gouvernements : envoyer un SMS pour tenter de gagner de l’argent et ne plus être pauvre. De l’espoir. Au lieu d’agir, ils nous vendent de l’espoir.
Et ceux qui nous le vendent sont les mêmes qui triplent leurs salaires et vivent entourés de laquais et ont un pays pour terrain de jeu.

D’ailleurs, tout est question d’argent aujourd’hui. Les publicités ne parlent plus que de banques, d’intérêts, d’assurances moins chères. Les magasins jouent avec les chiffres pour qu’on ait l’illusion de payer moins cher. L’argent est devenu la priorité numéro un de tout le monde. Peu importe ce qu’on mange, ce qu’on fait.
Tant qu’il y a de l’argent à la clé, alors ils peuvent nous supprimer des droits, à tel point que la liberté va finir par être payante (après tout, l’accès au droit est payant). Un peu avec l’esclave qui se faisait affranchir, la noblesse qui votait et avait les droits et le tiers état qui bossait et payait des impôts. Voilà où on en est actuellement.
C’est devenu du gros n’importe quoi.

Point 3 : le chacun pour soi.
Exactement le contraire d’un peuple uni, l’esprit dans lequel on vit est celui où l’on se bat et on doit enfoncer son prochain. Diviser pour mieux régner. Ils peuvent bien faire leurs discours à la télé : « une France unie, etc. », mais en présentant des programmes TV basés soit sur le compétition, soit sur la violence, soit avec des JT montrant la France d’en bas qui brûle, ça ne va pas le faire.

Conclusion

La télé n’a jamais atteint une aussi si grande place dans les outils de manipulation de masse. Avec l’Internet, on pourrait croire que ça a changé, mais non : d’un côté il y a les geeks qui savent que l’internet d’aujourd’hui est ce qu’était la télé autrefois : un moyen d’informations ; de l’autre côté, il y a les sceptiques qui ont compté sur la télé pour savoir ce qu’est le net : un repère à pirates et à pédophiles, donc (c’est bien connu).

La télé-réalité n’est pas un divertissement. C’est un outil pour faire espérer le peuple d’une vie meilleure, et l’occuper à autre chose pendant que dehors les gouvernements font n’importe quoi, mais qui passe inaperçu dans une hypnose donnant l’idée que le monde il est méchant mais qu’heureusement les gouvernements sont là pour nous sauver dans notre ensemble.

Pas étonnant que les gens ont peur de sortir de chez eux, et que le front national en est à 30%, si dehors c’est dangeureux, et que le seul refuge est le repli sur soi…

image de Viktor Hertz